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Les modes alternatifs de reglement des litiges fiscaux au Cameroun


par Martial Rony KUE TOUKAM
Université de Maroua - Master recherche 2017
  

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CHAPITRE II :

LA PRATIQUE LIMITÉE DES MODES

ALTERNATIFS DE RÈGLEMENT DES

LITIGES FISCAUX

INTRODUCTION DU CHAPITRE II

31

Conçus d'un point de vue juridique de manière restrictive comme nous l'avons démontré dans le chapitre précédent, les modes alternatifs de règlement des litiges fiscaux se trouvent également limités dans la pratique.

Le présent chapitre qui se veut empirique propose sur la base des statistiques et des éléments factuels, non seulement de vérifier les différents développements formels qui ont été ci-dessus effectués, mais également d'explorer des pistes d'explications nouvelles qui soutiennent l'idée d'une consécration limitée des modes alternatifs de règlement des litiges fiscaux au Cameroun.

Cela étant, la pratique limitée concerne aussi bien la transaction fiscale (Section I), que la remise gracieuse (Section II).

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SECTION I : LA PRATIQUE LIMITÉE DE LA TRANSACTION FISCALE

Consacrée à l'article L125 du LPF du CGI, la transaction fiscale protège les différents acteurs de l'économie, les contribuables, tout en préservant les intérêts de l'État en évitant des contentieux longs, couteux, aléatoires. Elle permet en outre un encaissement rapide d'une partie de la dette fiscale exigible.

Cette finalité certes louable tranche et contraste nettement avec ce que nous observons dans la réalité. Dans la pratique, celle-ci est fortement limitée d'où le faible volume des dossiers transactionnels (Paragraphe I). Lequel s'explique par un certain nombre de raisons (Paragraphe II).

Paragraphe I : Le faible volume des dossiers de transaction

L'administration a développé des techniques destinées à maitriser la pression contentieuse mais aussi de dialoguer avec le contribuable60. La transaction est un véritable moyen procédural par lequel l'administration peut être saisie d'une demande de transaction.

Pour comprendre la faible activité transactionnelle au niveau de la DGI, il convient de mettre en relief les statistiques disponibles61, aussi bien en ce qui concerne le faible volume des dossiers de transactions reçues (A) que celles relatives au faible taux de modération ou de transaction (B).

A. Le faible volume des dossiers de transactions reçues

Au cours des années 2016, 2017 et 2018, la Division du contentieux de la DGI a respectivement enregistré 111, 72 et 101 demandes de transaction62. Plus particulièrement, en 2018, la Division du contentieux a recensé 101 demandes de transaction traitées, d'un montant total de 49 322 175 983 FCFA, soit 30 086 168 705 FCFA en principal et 19 236 007 278 FCFA au titre des pénalités63. Une légère augmentation sur le nombre des demandes de transaction et les enjeux financiers, a été constatée comparativement à l'exercice 2017. En effet, ces demandes étaient de 72 pour des enjeux d'environ 37 milliards64. Mais il s'agit d'une augmentation relative, car elle tourne toujours autour de la centaine.

60 ZO RASAMOELINA (A.), « Le juge fiscal à l'aune de la démocratisation de la justice : comment faire face au recul du droit au procès des contribuables ? », Revue Internationale des Gouvernements Ouverts, Vol 7, 2018, p. 1.

61 Source : Direction Générale des Impôts

62 Source : Ibidem

63 Source : Ibid.

64 Source : Ibid.

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Comparativement à la France, nous notons au contraire une forte activité transactionnelle. En 2016, uniquement le Comité du contentieux fiscal et douanier s'est prononcé sur 105 demandes, en 2015 sur 113, en 2014 sur 148 et 171 en 201365. Ceci compte non tenu des statistiques des services des autres autorités compétentes pour statuer en matière de transaction, à l'instar du Ministre, du Directeur National des Finances Publiques, départemental et spécialisé. Nous notons ainsi une différence fondamentale d'avec notre pays. Ce faible volume des dossiers reçus induit également le faible taux de transaction.

B. Le faible taux de modération ou de transaction

En prenant toujours l'exercice 2018 comme exercice de référence pour poursuivre l'analyse comparative des statistiques de la DGI, sur les 101 demandes de transaction traitées d'un montant total de 49 322 175 983 FCFA, avec 30 086 168 705 FCFA en principal et 19 236 007 278 FCFA au titre des pénalités, 65 ont été révisées à hauteur de 19 829 722 635 FCFA66. Ce qui correspond certes à un taux de révision des dossiers de 81%, avec un taux de transaction de 40%67. Un taux du reste faible car en dessous de la moyenne. Ceci rend compte de ce que l'Administration fiscale instruit les dossiers prioritairement dans le sens de ses intérêts régaliens. Du coup le contribuable est mis en minorité dans ses prétentions en termes d'impositions qui doivent être annulées.

En combinant les faibles volumes de dossiers de transaction reçus au faible taux de modération qui rendent compte de la faiblesse du contribuable à transiger, une question légitime taraude notre esprit : qu'est ce qui peut bien expliquer cela?

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