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Le rôle de l'infirmière dans l'éducation thérapeutique auprès du patient atteint d'un infarctus du myocarde dans la prévention de la récidive de la pathologie


par Etienna Aline Carien
Institut de Formation en Soins Infirmiers de Beauvais - Diplome d'état d'infirmière 2021
  

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Annexes 3

DEUXIEME ENTRETIEN

Nous allons appeler l'infirmière du deuxième entretien IDE 2pour respecter l'anonymat. L'entretien a duré 25 minutes et s'est déroulé à mon domicile.

Moi : Pouvez-vous vous présenter ?

IDE 2 : Je m'appelle IDE 2, j'ai 27 ans, je suis diplômée depuis 2016 en service de cardiologie au CHU de Montpellier depuis 2017.

Moi : Quelles sont les pathologies prévalentes traitées dans l'unité ?

IDE2 : Les infarctus principalement, les découvertes de cardiopathies ischémiques, on fait la coronaropathie et la valvulopathie

Moi : Selon vous, qu'est-ce que l'éducation thérapeutique du patient ?

IDE 2 : Il s'agit d'éduquer le patient sur ses traitements, son hygiène de vie, l'informer aussi sur sa pathologie, le devenir, lui expliquer pourquoi il a fait ça, quels ont été les facteurs par exemple, lui faire comprendre ce qu'il a eu et son devenir.

Moi : A quel moment proposez-vous l'ETP ? A qui ? Qu'en est-il du patient atteint en post IDM ?

IDE 2 : On propose aux personnes ayant fait un infarctus, pour les personnes dont on découvre un diabète, dès qu'il y a de la découverte, quand il y a des facteurs de risque comme le tabac, l'obésité.

Pour le patient en post IDM, on va plutôt aller dans le public jeune. Pour les jeunes, on va plutôt prendre le temps, par exemple pour une personne de 40 ans qui fait un infarctus, c'est très très jeune, ca veut dire que c'est quelqu'un qui est d'autant plus à risque d'en refaire un. On doit travailler sur les facteurs de risque. Une personne jeune n'a pas l'habitude de prendre des traitements. On s'est rendu compte qu'il ne comprenne pas toujours. L'infarctus se traite dans l'urgence, ils ont mal, ils passent en coro, en général, ils n'ont plus mal. De par mon expérience, il y en a beaucoup qui disent, c'est bon on m'a posé des stents. Ils oublient que le système s'entretient parce qu'il y a des risques de re thrombose, de resténose.

Il y a plein de risques qui en découlent et ca ils ont non pas conscience. C'est à nous de leur apprendre ca. D'abord ils vont en soins intensifs avant d'arriver chez nous, c'est trop tôt pour leur en parler, parce qu'ils sont scopés, on leur change tout leur traitement, on adapte les traitements. Quand ils arrivent dans notre secteur, c'est à ce moment qu'ils lâchent prise, c'est à ce moment-là qu'il faut les accompagner, nous on les accompagne jusqu'au retour dans leur maison.

Moi : Quels sont les objectifs de l'ETP pour un patient en post IDM ?

IDE 2 : Déjà il faut l'informer sur sa pathologie, sur ce qui s'est passée, de lui faire comprendre et adhérer au projet de soins qui sont ses traitements, l'hygiène de vie, la rééducation cardiaque, le contrôle des facteurs de risque.

Moi : Y a-t-il des bénéfices pour ce type de patient d'intégrer un programme d'ETP ? Si oui, lesquels ?

IDE 2 : le premier truc c'est d'éviter la récidive, l'objectif c'est de leur faire comprendre. Il rentre à l'hôpital ils n'ont pas de traitement, ils sortent avec une liste de médocs et s'ils ne comprennent pas l'importance de chaque médicament, oh celui-là ce n'est pas grave. Le fait de les informer, de leur faire comprendre ca rentre dans l'éducation thérapeutique. L'ETP se poursuit en rééducation cardiovasculaire.

Moi : Y a-t-il un parcours de soins particulier pour le patient en post IDM ? si oui, comment est-il planifié et qui assure la coordination ?

IDE 2 : ils arrivent avec le SAMU, ils vont en salle de coronarographie, une fois qu'ils sont traités, ils vont en soins intensifs, une fois qu'ils sont stabilisés, ils remontent dans le secteur, et ensuite ils rentrent chez eux. Après un mois ou deux mois, ils vont dans un centre de rééducation cardiaque. S'il s'agit d'un patient qui a fait un arrêt cardiaque, il est dirigé en réanimation, ensuite il va en soins intensifs et après il remonte chez nous. Quand il s'agit de gros arrêt, ils vont en centre de rééducation thérapeutique directement.

Moi : Y a-t-il des limites à l'ETP pour ce type de patient ? Si oui, lesquels ?

IDE 2 : mais bien sûr, il faut que la personne soit ouverte à la discussion. Il y a des patients qui ont de d'autres pathologies psychologiques ou psychiatriques, là c'est compliqué. Des personnes qui sont en contexte social compliqué. L'âge et les capacités intellectuelles sont aussi des limites.

Moi : Selon vous, l'ETP modifie-t-elle la manière d'approcher la prise en charge du patient en post IDM ?

IDE 2 : oui sinon on ne le refait, si on le fait c'est qu'il y a forcément un intérêt, et ca modifie tout. Après il faut que le patient soit motivé et ca dépend de la manière que tu lui amène aussi.

Moi : Aviez-vous besoin d'acquérir ou d'avoir des compétences particulières pour faire de l'ETP ?

IDE 2 : Bien sûr, totalement, il faut que nous les infirmières on ait la capacité d'expliquer la maladie coronarienne, quels sont les facteurs de risque, de connaitre les traitements associés, de pouvoir bien expliquer les traitements. Il faut connaitre le parcours de soins.

Moi : Dans votre exercice au quotidien, pouvez-vous quantifiez le temps passé pour l'ETP ? Selon vous, ce temps est-il suffisant ? Si non, pourquoi ce temps est-il insuffisant ?

IDE 2 : Nous on fait deux sortes d'ETP, il y a l'ETP formelle et l'ETP informelle. L'ETP formelle se fait en plusieurs phases, on fait un pré test de connaissances, après on pose les connaissances et après on reteste la personne, on fait ca en collaboration avec les pharmaciens.

Après il y a l'ETP informelle où tu arrives pour donner le traitement à ton patient, il te dit : « il y a beaucoup de médicaments », et là tu enchaines : « vous savez au moins à quoi ca sert tous ces médicaments ? ». tu leur expliques petit à petit. Quand il y a les conjoints, tu en profites aussi pour leurs expliquer. Ça dépend aussi de la charge de travail, ça dépend de plusieurs facteurs. Je peux consacrer par exemple 1h-1h30 je prendrai le temps qu'il faudra. Le temps est aussi celui du patient si tu vois qu'il décroche il faut arrêter. Il n'y a pas de temps défini pour chaque patient. Il y en a l'éducation thérapeutique va se faire en 1h30, il y en a d'autres ça va se faire en 1h30 mais en 3-4 fois. Il ne faut pas perdre le patient. Il faut déjà avoir un bon contact avec le patient, il t'écoutera plus que si t'arrives en lui disant qu'il ne faut pas fumer, il ne faut pas manger gras, ça dépend aussi de ta façon de parler.

Moi : Comment le patient en post IDM représente-t-il sa pathologie chronique ? Comment perçoit-il l'ETP ?

IDE 2 : Ben il ne la représente pas. Il ne la représente pas parce que comme je t'expliquer tout à l'heure, il a mal, il arrive En salle de Coro, il a un stent. Pour lui, il est guéri. Surtout pour les jeunes, les personnes un peu plus âgés comprennent qu'ils ont un problème au coeur. Les jeunes pensent qui sont toujours en bonne santé. La cheville. Ils ne prennent pas assez conscience de la gravité de cette pathologie-là. C'est une pathologie qui va les suivre à vie. Ils ont des traitements qu'ils vont suivre à vie. Pour ce type de patient, il ne faut pas voir l'éducation thérapeutique que pour les médicaments, mais tout ce qu'il a autour : la gestion des facteurs de risque, Il faut aussi leur détecter certains facteurs, comme : la dyslipidémie ou le diabète, par exemple, Le syndrome de l'apnée du sommeil. Il faut vraiment chercher tout ce qu'il y a à chercher pour pouvoir contrôler au mieux les facteurs de risque.

Le patient perçoit l'ETP de la façon dont tu lui amènes. Si tu lui emmènes en mode conseil, dans une discussion. Il ne faut pas qu'ils aient l'impression de parler à leur maman ou alors papa, il ne faut pas les infantiliser. Il faut qu'ils deviennent acteurs de leur prise en charge.

Moi : Le patient a-t-il des difficultés à adhérer à l'ETP ? Si oui, lesquels ? Pourquoi ?

IDE 2 : effectivement il y en a qui ont du mal à adhérer. Ce sont ceux qui en prennent pas du tout conscience. Après il y a ceux qui sont encore sous le choc, ils ne sont pas prêts à écouter la suite. Il y a ceux qui restent obstiné dans leurs idées. Après tu ne pourras rien faire.

Moi : Selon vous, l'IDM peut-il être une occasion d'apprentissage pour le patient ?

IDE 2 : Oui c'est l'occasion de leur expliquer que là ils ont fait un infarctus. Est-ce que la fois prochaine ca ne sera pas carrément l'arrêt ? Parce que leur coeur est déjà fragilisé. La prochaine fois, ce ne sera peut-être pas en salle de coronarographie qu'ils iront malheureusement, ça arrive beaucoup plus souvent qu'on ne le croit. La campagne là ça a été le covid et avant le covid, ça a été l'AVC. Je pense qu'il n'y a pas assez de campagne de sensibilisation pour les préalertes d'infarctus.

Ce serait mieux d'alerter que d'en guérir. la prévention est toujours mieux mais je trouve qu'on ne la fait pas assez sauf pour ceux qui n'ont aucun facteur de risque, à part le stress.

Moi :Quels sont les bénéfices de l'ETP pour le patient en post IDM en termes de qualité de vie ?

IDE 2 : ça va améliorer l'hygiène de vie. il y a des personnes qui ont une très bonne hygiène de vie mais le facteur de risque le stress. Après, il faut voir le contexte de chaque patient si c'est le cholestérol il faut améliorer. Si c'est le stress, il faut gérer son stress. C'est plus facile à dire qu'à faire. Il faut essayer de diminuer le stress. Il est important de prendre conscience de ces facteurs de risque pour qu'il y ait du bénéfice. Il ne. Il ne faut pas parler de régime, mais parler d'une hygiène alimentaire, d'une alimentation équilibrée. Par exemple, le sport, les gens pensent qu'il faut aller faire beaucoup de sport. Et surtout leur expliquer juste qu'ils ne doivent pas rester sédentaires, ils doivent aller se balader par exemple.

Moi : Dans votre travail au quotidien, vous semble-t-il que l'ETP contribue à réduire les complications de l'IDM ? Si oui, de quelle manière ?

IDE 2 : L'ETP réduit déjà la récidive des IDM, des hospitalisations suite à des douleurs thoraciques. Dès qu'ils ont des douleurs thoraciques, on les hospitalise, Ce sont des alertes, certes, Mais des alertes à ne pas prendre à la légère. C'est aussi de l'éducation thérapeutique de leur faire prendre conscience des signes d'alerte et de ne pas en arriver à l'IDM. Dans l'éducation thérapeutique, on peut aussi instaurer un suivi avec le cardiologue, avec le médecin traitant, il est important de leur rappeler d'y aller pour éviter justement la récidive, ou d'être hospitalisé.

Moi : Dans votre travail au quotidien, vous semble-t-il que l'ETP améliore l'observance des prises médicamenteuses ?

IDE 2 : complètement, s'ils comprennent ce qu'ils prennent, l'intérêt, comment ça marche. Le patient s'il a envie de se soigner, il les prendra. Il faut aussi leur expliquer le risque s'ils ne prennent pas leur traitement, leur expliquer les effets secondaires comme avec le dilemme avec les statines, ils en parlent tellement à la télé des inconvénients des statines que si tu ne leur expliques pas l'intérêt des statines c'est le premier médicament qu'ils vont arrêter. Il y a aussi le protecteur gastrique qui est important, les bétabloquants, tous les médicaments de l'infarctus qu'on donne à la sortie sont importants.

Il faut surtout leur expliquer qu'ils ne doivent jamais arrêter le traitement sans avis médical soit du médecin traitant soit du cardiologue. L'infirmier doit amener le patient à adhérer au projet thérapeutique et aux traitements.

Moi : Selon vous, le patient rencontre-t-il des difficultés à suivre les recommandations hygiéno-diététiques que lui impose sa pathologie ? Si oui, lesquels ?

IDE 2 : je dirais qu'il y a ceux qui sont en manque de moyen au niveau de la nourriture ou alors des personnes qui sont seules, isolées qui n'ont pas d'intérêt à suivre une hygiène diététique, et non pas forcément de raison de vivre, il y a ceux qui sont bien dans le train- train quotidien. Tout cela met parfois un frein au niveau de la qualité de l'hygiène de vie. Après il y a la question de la motivation aussi à suivre un traitement au long terme.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe