Annexes 3
DEUXIEME ENTRETIEN
Nous allons appeler
l'infirmière du deuxième entretien IDE 2pour respecter
l'anonymat. L'entretien a duré 25 minutes et s'est déroulé
à mon domicile.
Moi : Pouvez-vous vous
présenter ?
IDE 2 : Je m'appelle IDE 2, j'ai 27 ans,
je suis diplômée depuis 2016 en service de cardiologie au CHU de
Montpellier depuis 2017.
Moi : Quelles sont les
pathologies prévalentes traitées dans l'unité
?
IDE2 : Les infarctus principalement, les
découvertes de cardiopathies ischémiques, on fait la
coronaropathie et la valvulopathie
Moi : Selon vous, qu'est-ce que
l'éducation thérapeutique du patient ?
IDE 2 : Il s'agit
d'éduquer le patient sur ses traitements, son hygiène de vie,
l'informer aussi sur sa pathologie, le devenir, lui expliquer pourquoi il a
fait ça, quels ont été les facteurs par exemple, lui faire
comprendre ce qu'il a eu et son devenir.
Moi : A quel moment proposez-vous
l'ETP ? A qui ? Qu'en est-il du patient atteint en post IDM ?
IDE 2 : On propose aux personnes
ayant fait un infarctus, pour les personnes dont on découvre un
diabète, dès qu'il y a de la découverte, quand il y a des
facteurs de risque comme le tabac, l'obésité.
Pour le patient en post IDM, on va plutôt aller dans le
public jeune. Pour les jeunes, on va plutôt prendre le temps, par exemple
pour une personne de 40 ans qui fait un infarctus, c'est très
très jeune, ca veut dire que c'est quelqu'un qui est d'autant plus
à risque d'en refaire un. On doit travailler sur les facteurs de risque.
Une personne jeune n'a pas l'habitude de prendre des traitements. On s'est
rendu compte qu'il ne comprenne pas toujours. L'infarctus se traite dans
l'urgence, ils ont mal, ils passent en coro, en général, ils
n'ont plus mal. De par mon expérience, il y
en a beaucoup qui disent, c'est bon on m'a posé des stents. Ils oublient
que le système s'entretient parce qu'il y a des risques de re thrombose,
de resténose.
Il y a plein de risques qui en découlent et ca ils ont
non pas conscience. C'est à nous de leur apprendre ca. D'abord ils vont
en soins intensifs avant d'arriver chez nous, c'est trop tôt pour leur en
parler, parce qu'ils sont scopés, on leur change tout leur traitement,
on adapte les traitements. Quand ils arrivent dans notre secteur, c'est
à ce moment qu'ils lâchent prise, c'est à ce
moment-là qu'il faut les accompagner, nous on les accompagne jusqu'au
retour dans leur maison.
Moi : Quels sont les objectifs de l'ETP
pour un patient en post IDM ?
IDE 2 : Déjà il
faut l'informer sur sa pathologie, sur ce qui s'est passée, de lui faire
comprendre et adhérer au projet de soins qui sont ses traitements,
l'hygiène de vie, la rééducation cardiaque, le
contrôle des facteurs de risque.
Moi : Y a-t-il des
bénéfices pour ce type de patient d'intégrer un programme
d'ETP ? Si oui, lesquels ?
IDE 2 : le premier truc c'est
d'éviter la récidive, l'objectif c'est de leur faire comprendre.
Il rentre à l'hôpital ils n'ont pas de traitement, ils sortent
avec une liste de médocs et s'ils ne comprennent pas l'importance de
chaque médicament, oh celui-là ce n'est pas grave. Le fait de les
informer, de leur faire comprendre ca rentre dans l'éducation
thérapeutique. L'ETP se poursuit en rééducation
cardiovasculaire.
Moi : Y a-t-il un parcours de soins
particulier pour le patient en post IDM ? si oui, comment est-il
planifié et qui assure la coordination ?
IDE 2 : ils arrivent avec le
SAMU, ils vont en salle de coronarographie, une fois qu'ils sont
traités, ils vont en soins intensifs, une fois qu'ils sont
stabilisés, ils remontent dans le secteur, et ensuite ils rentrent chez
eux. Après un mois ou deux mois, ils vont dans un centre de
rééducation cardiaque. S'il s'agit d'un patient qui a fait un
arrêt cardiaque, il est dirigé en réanimation, ensuite il
va en soins intensifs et après il remonte chez nous. Quand il s'agit de
gros arrêt, ils vont en centre de rééducation
thérapeutique directement.
Moi : Y a-t-il des limites à l'ETP
pour ce type de patient ? Si oui, lesquels ?
IDE 2 : mais bien sûr, il
faut que la personne soit ouverte à la discussion. Il y a des patients
qui ont de d'autres pathologies psychologiques ou psychiatriques, là
c'est compliqué. Des personnes qui sont en contexte social
compliqué. L'âge et les capacités intellectuelles sont
aussi des limites.
Moi : Selon vous, l'ETP modifie-t-elle la
manière d'approcher la prise en charge du patient en post
IDM ?
IDE 2 : oui sinon on ne le
refait, si on le fait c'est qu'il y a forcément un intérêt,
et ca modifie tout. Après il faut que le patient soit motivé et
ca dépend de la manière que tu lui amène aussi.
Moi : Aviez-vous besoin d'acquérir
ou d'avoir des compétences particulières pour faire de l'ETP
?
IDE 2 : Bien sûr,
totalement, il faut que nous les infirmières on ait la capacité
d'expliquer la maladie coronarienne, quels sont les facteurs de risque, de
connaitre les traitements associés, de pouvoir bien expliquer les
traitements. Il faut connaitre le parcours de soins.
Moi : Dans votre exercice au quotidien,
pouvez-vous quantifiez le temps passé pour l'ETP ? Selon vous, ce
temps est-il suffisant ? Si non, pourquoi ce temps est-il
insuffisant ?
IDE 2 : Nous on fait deux sortes
d'ETP, il y a l'ETP formelle et l'ETP informelle. L'ETP formelle se fait en
plusieurs phases, on fait un pré test de connaissances, après on
pose les connaissances et après on reteste la personne, on fait ca en
collaboration avec les pharmaciens.
Après il y a l'ETP informelle où tu arrives pour
donner le traitement à ton patient, il te dit : « il
y a beaucoup de médicaments », et là tu
enchaines : « vous savez au moins à quoi ca sert tous
ces médicaments ? ». tu leur expliques petit
à petit. Quand il y a les conjoints, tu en profites aussi pour leurs
expliquer. Ça dépend aussi de la charge de travail, ça
dépend de plusieurs facteurs. Je peux consacrer par exemple 1h-1h30 je
prendrai le temps qu'il faudra. Le temps est aussi celui du patient si tu vois
qu'il décroche il faut arrêter. Il n'y a pas de temps
défini pour chaque patient. Il y en a l'éducation
thérapeutique va se faire en 1h30, il y en a d'autres ça va se
faire en 1h30 mais en 3-4 fois. Il ne faut pas perdre le patient. Il faut
déjà avoir un bon contact avec le patient, il t'écoutera
plus que si t'arrives en lui disant qu'il ne faut pas fumer, il ne faut pas
manger gras, ça dépend aussi de ta façon de parler.
Moi : Comment le patient en post IDM
représente-t-il sa pathologie chronique ? Comment perçoit-il
l'ETP ?
IDE 2 : Ben il ne la
représente pas. Il ne la représente pas parce que comme je
t'expliquer tout à l'heure, il a mal, il arrive En salle de Coro, il a
un stent. Pour lui, il est guéri. Surtout pour les jeunes, les personnes
un peu plus âgés comprennent qu'ils ont un problème au
coeur. Les jeunes pensent qui sont toujours en bonne santé. La cheville.
Ils ne prennent pas assez conscience de la gravité de cette
pathologie-là. C'est une pathologie qui va les suivre à vie. Ils
ont des traitements qu'ils vont suivre à vie. Pour ce type de patient,
il ne faut pas voir l'éducation thérapeutique que pour les
médicaments, mais tout ce qu'il a autour : la gestion des facteurs de
risque, Il faut aussi leur détecter certains facteurs, comme : la
dyslipidémie ou le diabète, par exemple, Le syndrome de
l'apnée du sommeil. Il faut vraiment chercher tout ce qu'il y a à
chercher pour pouvoir contrôler au mieux les facteurs de risque.
Le patient perçoit l'ETP de la façon dont tu lui
amènes. Si tu lui emmènes en mode conseil, dans une
discussion. Il ne faut pas qu'ils aient l'impression de parler à
leur maman ou alors papa, il ne faut pas les infantiliser. Il faut qu'ils
deviennent acteurs de leur prise en charge.
Moi : Le patient a-t-il des
difficultés à adhérer à l'ETP ? Si oui,
lesquels ? Pourquoi ?
IDE 2 : effectivement il y en a
qui ont du mal à adhérer. Ce sont ceux qui en prennent pas du
tout conscience. Après il y a ceux qui sont encore sous le choc, ils ne
sont pas prêts à écouter la suite. Il y a ceux qui restent
obstiné dans leurs idées. Après tu ne pourras rien faire.
Moi : Selon vous, l'IDM peut-il être
une occasion d'apprentissage pour le patient ?
IDE 2 : Oui c'est l'occasion de
leur expliquer que là ils ont fait un infarctus. Est-ce que la fois
prochaine ca ne sera pas carrément l'arrêt ? Parce que leur coeur
est déjà fragilisé. La prochaine fois, ce ne sera
peut-être pas en salle de coronarographie qu'ils iront malheureusement,
ça arrive beaucoup plus souvent qu'on ne le croit. La campagne là
ça a été le covid et avant le covid, ça a
été l'AVC. Je pense qu'il n'y a pas assez de campagne de
sensibilisation pour les préalertes d'infarctus.
Ce serait mieux d'alerter que d'en guérir. la
prévention est toujours mieux mais je trouve qu'on ne la fait pas assez
sauf pour ceux qui n'ont aucun facteur de risque, à part le stress.
Moi :Quels sont
les bénéfices de l'ETP pour le patient en post IDM en termes de
qualité de vie ?
IDE
2 : ça va améliorer l'hygiène de vie. il
y a des personnes qui ont une très bonne hygiène de vie mais le
facteur de risque le stress. Après, il faut voir le contexte de chaque
patient si c'est le cholestérol il faut améliorer. Si c'est le
stress, il faut gérer son stress. C'est plus facile à dire
qu'à faire. Il faut essayer de diminuer le stress. Il est important de
prendre conscience de ces facteurs de risque pour qu'il y ait du
bénéfice. Il ne. Il ne faut pas parler de régime, mais
parler d'une hygiène alimentaire, d'une alimentation
équilibrée. Par exemple, le sport, les gens pensent qu'il faut
aller faire beaucoup de sport. Et surtout leur expliquer juste qu'ils ne
doivent pas rester sédentaires, ils doivent aller se balader par
exemple.
Moi : Dans votre travail au quotidien,
vous semble-t-il que l'ETP contribue à réduire les complications
de l'IDM ? Si oui, de quelle manière ?
IDE 2 : L'ETP réduit
déjà la récidive des IDM, des hospitalisations suite
à des douleurs thoraciques. Dès qu'ils ont des douleurs
thoraciques, on les hospitalise, Ce sont des alertes, certes, Mais des alertes
à ne pas prendre à la légère. C'est aussi de
l'éducation thérapeutique de leur faire prendre conscience des
signes d'alerte et de ne pas en arriver à l'IDM. Dans l'éducation
thérapeutique, on peut aussi instaurer un suivi avec le cardiologue,
avec le médecin traitant, il est important de leur rappeler d'y aller
pour éviter justement la récidive, ou d'être
hospitalisé.
Moi : Dans votre travail au quotidien,
vous semble-t-il que l'ETP améliore l'observance des prises
médicamenteuses ?
IDE 2 : complètement,
s'ils comprennent ce qu'ils prennent, l'intérêt, comment ça
marche. Le patient s'il a envie de se soigner, il les prendra. Il faut aussi
leur expliquer le risque s'ils ne prennent pas leur traitement, leur expliquer
les effets secondaires comme avec le dilemme avec les statines, ils en parlent
tellement à la télé des inconvénients des statines
que si tu ne leur expliques pas l'intérêt des statines c'est le
premier médicament qu'ils vont arrêter. Il y a aussi le protecteur
gastrique qui est important, les bétabloquants, tous les
médicaments de l'infarctus qu'on donne à la sortie sont
importants.
Il faut surtout leur expliquer qu'ils ne doivent jamais
arrêter le traitement sans avis médical soit du médecin
traitant soit du cardiologue. L'infirmier doit amener le patient à
adhérer au projet thérapeutique et aux traitements.
Moi : Selon vous, le patient
rencontre-t-il des difficultés à suivre les recommandations
hygiéno-diététiques que lui impose sa pathologie ? Si
oui, lesquels ?
IDE 2 : je dirais qu'il y a ceux
qui sont en manque de moyen au niveau de la nourriture ou alors des personnes
qui sont seules, isolées qui n'ont pas d'intérêt à
suivre une hygiène diététique, et non pas forcément
de raison de vivre, il y a ceux qui sont bien dans le train- train quotidien.
Tout cela met parfois un frein au niveau de la qualité de
l'hygiène de vie. Après il y a la question de la motivation aussi
à suivre un traitement au long terme.
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