La sociotherapie et la résilience communautaire en situation des conflits en groupement Mbinga-sud, territoire de Kalehepar Solange FURAHA BAHIZIRE ISTD/Kalehe - Graduat 2022 |
I.2.3 Types de résilienceLorsqu'on aborde la notion de résilience, il s'avère indispensable de savoir se situer quant à la catégorisation. Ainsi, dans le cadre de ce travail, nous distinguons quatre niveaux de résilience : ü L'absorption : c'est la capacité de prendre intentionnellement des mesures protectrices pour faire face aux chocs et aux stress connus. ü L'adaptation : il s'agit ici de la capacité à faire des ajustements intentionnels et progressifs en prévision ou en réponse à un changement, de façon à créer une plus grande flexibilité dans l'avenir. Elle est nécessaire parce que le changement est continu et incertain et parce qu'une transformation délibérée prend du temps et nécessite un engagement soutenu. ü LaTransformation : elle fait référence à la capacité de réaliser de manière intentionnelle un changement visant à éliminer ou réduire les facteurs de risque, de vulnérabilité et d'inégalité qui ont nourri les facteurs moteurs de conflits. ü L'Anticipation : l'anticipation renvoi à la capacité à prendre des dispositions susceptibles à amener l'individu ou un groupe à éviter la répétition d'un évènement et réduire son impact, notamment grâce à la rapidité des informations et à l'expérience et surtout à des décisions précoces et des mesures de sauvegarde. I.3 LA SOCIOTHERAPIEI.3.1 Notions sur la sociothérapieLa sociothérapie est une thérapie du groupe qui permet, par la communication, le partage ainsi que des exercices physiques et mentaux ; de soigner et/ou d'atténuer les souffrances ou de réinsérer des individus qui présentent des troubles handicapants pour leur vie privée et sociale ( https://www. Linternaute.fr). C'est un moyen d'aider les gens à se réunir pour surmonter ou guérir leurs problèmes. L'approche aide les gens dans un format de groupe, par lequel les membres du groupe sont donnés une chance d'aider leurs compagnons à surmonter les problèmes, mais aussi de résoudre leurs propres (NVUNABANDI et RUHORAHOZA, 2008). Le but d'apprendre des autres et avec les autres est de permettre aux participants de faire l'expérience de leur propre responsabilité dans la définition et la réalisation d'objectifs. I.3.2 L'implémentation de la sociothérapieLa sociothérapie étant une approche à base communautaire s'attèle au traitement des maux sociaux pour la normalisation des relations sociales des individus dans leur communauté. Un traitement qui se fait par la société elle-même constituée en petit groupe de 12 personnes. Elle vise la bonne cohésion sociale pour une meilleure consolidation de la paix. S'agissant de son origine, elle remonte de l'année 1945 après la 2eme guerre mondiale au Pays Bas. Elle s'est rependue petit à petit dans le monde et aujourd'hui on peut la retrouve même dans les pays comme la Siéra Leone, le Liberia, le Rwanda et la R D C en 2007 en Territoire de Walungu par le Docteur CORA Dekker et introduit en Territoire de Kalehe en 2017 par ZOA en collaboration avec Warchild, VNG International et PDD dans le projet ARC Inawezekana sous le financement du ministère néerlandais des Affaires étrangères. 1) La philosophie de l'approche L'implémentation de la sociothérapie à base communautaire exige le respect strict de chaque étape et usage d'un personnel bien forme. La constitution du groupe revêt un caractère inclusif compte tenu de la réalité tribalo- ethnique du milieu. Le facilitateur ne donnera aucune leçon au groupe quelles que soient ses connaissances, toutes les questions, les réponses et les préoccupations trouvent solution dans le groupe par les membres. Les groupe est accompagné par deux facilitateurs un homme et une femme et est constitué d'un nombre réduit de douze personnes six femmes et six hommes de 18ans jusqu'à 70ans. 2) Les étapes de l'implémentation Les étapes ci-dessous sont respectées dans le processus d'implémentation de la sociothérapie : a. La prospection et sensibilisation des leaders communautaires sur l'approche Avant toute implémentation de la sociothérapie, une mission pour la connaissance de la zone afin de s'acquérir des réalités contextuelles du milieu ou de la zone d'intervention est nécessaire pour, non seulement permettre à l'organisation d'avoir une connaissance de la zone mais aussi déterminer quotas des facilitateurs à sélectionner et le nombre de groupes de sociothérapie à constituer. Mais aussi, c'est l'occasion de sensibiliser les différentes couches sociales sur l'approche sociothérapie et l'identification des maux communautaires auxquels la sociothérapie doit faire face en apportant sa contribution. Le choix des leaders à inviter peuvent dépendre du contexte d'un milieu à un autre. b. La sélection des facilitateurs Les membres de la communauté (villages ciblés) sont invités à la séance d'animation qui doit revêtir un caractère inclusif, elle a lieu sans retard après la prospection. Le nombre des facilitateurs par village est fonction de sa démographie mais aussi de la taille budgétaire du projet. Les critères de sélection seront ensemble avec les membres de la communauté pour leur appropriation mais certains être prédéfinis par l'organisation compte tenu de la philosophie de l'approche en l'occurrence ceux liés à l'âge, au sexe (50% hommes et 50% femmes) à disponibilité et niveau minimum d'étude. c. La formation de base des facilitateurs Elle s'organise après la sélection des facilitateurs et prend une durée de dix jours. Le nombre maximal requis par auditoire est de 12 participants, afin de permettre une meilleure participation de tout un chacun pour l'analyse des thématiques socio thérapeutiques du contexte de la zone cible. d. La sélection des participants des groupes de sociothérapie Au début du premier cycle, la sélection des participants est faite par les facilitateurs, contraire aux cycles suivants où les participants sont sélectionnés par les autres. e. L'accompagnement des groupes par les facilitateurs C'est le noeud de toutes les activités. Elle s'organise une fois la semaine durant trois heures sur une échéance de quinze semaines, ce qui constitue le cycle en sociothérapie. A chaque session, le facilitateur produit un rapport sur base d'un canevas préétabli et le met à la disposition de l'organisation d'implémentation ; chargée de suivi. f. Le suivi ou supervision des groupes Au premier cycle, les supervisions sont intenses afin de corriger les petites éventuelles erreurs. Chaque groupe de sociothérapie bénéficiera de deux supervisions le mois au début pour le suivi de l'accompagnement et à la fin pour le sevrage ou clôture des sessions. g. Le sevrage des groupes Chaque fin de la quinzième session, les participants en petite cérémonie avec quelques autorités locales se parlent vivement de ce qu'ils ont acquis pendant toutes ces sessions et présentent leurs témoignages de changement connu et leu plan d'action pour le maintien de leur unité. h. La tenue des réunions des réunions d'intervention avec les facilitateurs Ces réunions se tiennent une fois le trimestre avec les facilitateurs afin d'amortir les chocs éventuels dont ils peuvent avoir subi pendant l'accompagnement des groupe sociothérapie et recadrer certaines failles observées tout au long de cette période. i. La formation additionnelle Elle se donne après deux cycles d'accompagnement dans le souci de relever certains défis par le partage des expériences entre facilitateurs et le renforcement des capacités dans d'autres thématiques socio-thérapeutique. I.3.3 LesPrincipes de la sociothérapie Le travail professionnel des socio thérapeutes est structuré autour de six principes formulés à l'origine par Maxwell Jones et ensuite annotés par BIERENBROODSPOT (1969). A ceux-ci, il convient d'ajouter un septième principe, le principe d'intérêt, établi par Arendt (1988). C'est sur ces principes considérés comme l'épine dorsale de l'approche que s'appuie l'efficacité de la sociothérapie. Cesprincipessont: Ø L'égalité : les participants à un groupe de sociothérapie sont traités sur un pied d'égalité. Ø La démocratie : dans le contexte de la sociothérapie, la démocratie signifie : participation à une communication ouverte ; les décisions du groupe sont prises de manière transparente et deviennent en règle générale les décisions du groupe. Une instabilité peut survenir dans les groupes de sociothérapie, ce qui aura un impact sur la prise de décision partagée. Si cela se produit, le sociothérapeute interrompt temporairement la communication ouverte du principe démocratique et agit de manière directive dans l'intérêt de la sécurité du groupe. Dès que la situation le permet, le groupe retrouve sa coresponsabilité dans la prise de décision. Ø Le principe d'ici et maintenant : ce principe désigne une gestion méthodique de l'influence corrective que peuvent exercer les membres d'un groupe. Ø La responsabilité : Dans le contexte de la sociothérapie, la responsabilité favorise la participation à une communication ouverte. Assumer la responsabilité de participer à une communication ouverte, dans le but de créer une atmosphère de groupe agréable et de résoudre les problèmes ensemble, est une condition du principe démocratique tel qu'il est formulé ici. Ø La participation : participation signifie implication, adhésion, participation. La participation à la communication verbale et/ou non verbale et aux processus de prise de décision peut avoir un caractère actif ou passif. La mesure de la participation est liée aux conditions sociopolitiques et au potentiel individuel. La participation est une condition du principe démocratique tel qu'il est formulé ici. Ø L'apprentissage par la pratique : les personnes apprennent en pratique, dans et avec un groupe de sociothérapie, comment les problèmes récurrents dans leurs propres systèmes sociaux - famille, amis, voisins, âmes soeurs, collègues - peuvent être appréhendés, traités différemment, si nécessaire, et, par conséquent, réduit. Ø L'intérêt chez les personnes : l'intérêt est défini par Arendt comme "quelque chose qui se trouve entre les gens et qui peut donc les relier et les lier". L'intérêt tel qu'il est conçu consiste à déterminer comment l'espace entre les personnes est utilisé et, par conséquent, quelle attitude est adoptée à l'égard de l'autre ou des autres. « L'espace » peut être la salle de classe où vous devez adopter une certaine attitude envers les autres participants à la formation ; Mais ce peut aussi être votre espace de vie, l'espace de la basse-cour, du quartier, du village, de la ville, de la campagne ou du monde. |
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