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La sociotherapie et la résilience communautaire en situation des conflits en groupement Mbinga-sud, territoire de Kalehe


par Solange FURAHA BAHIZIRE
ISTD/Kalehe  - Graduat 2022
  

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I.2 LA RESILIENCE

I.2.1 Notions sur la résilience

Lederach(2003) s'est gardé d'employer le concept de résilience, cependant, il utilise les expressions apparentées et synonymes de résilience, à savoir le potentiel du changement constructif, développer des capacités, développer des réponses transformationnelles, avoir une capacité de considérer des multiples avenues de réponse39, etc. Pour lui, une approche transformationnelle du conflit est une réponse ou une capacité stratégique à court, à moyen ou à long terme, susceptible de générer ou de régénérer le processus de changement constructif, de prévoir des solutions durables, d'intégrer les dilemmes, c'est-à-dire des contradictions, de rendre compte de la complexité en vue d'adresser la conflictualité liée à
l'identité, à l'injustice, à la défaillance de la gouvernance. Compris dans ce sens large, la notion de résilience traduit une capacité que chaque peuple a inventé au cours de son existence historique pour agir sur des crises, y répondre de manière efficace et appropriée en vue de maintenir son unité et la cohésion sociale. Les capacités individuelles ou collectives qu'il déploie, sont puisées dans son patrimoine culturel et servent à atteindre l'objectif global ci-dessus.
Tout groupe humain confronté aux difficultés est selon Kouamekan J. M. Koffi, (2014) est capable d'inventer ses propres stratégies ou de recourir à l'extérieur, de reproduire des réponses existantes dans son environnement immédiat ou médiat en vue de les affronter et de les résoudre, et de se projeter dans le futur proche ou lointain. Cette capacité de rebondir, de récupérer, d'agir et de se projeter dans le futur à partir des réponses individuelles ou collectives, passées ou récentes, endogènes ou exogènes est appelée résilience.

Entendue dans ce sens, aucun peuple ne peut nier la capacité de l'autre d'agir sur son environnement pour se maintenir, survivre et se reproduire.

Agir introduit une dimension pratique de la résilience. Celle-ci est reconnaissable à chaque peuple comme capacité créatrice des solutions aux crises sociales, culturelles, religieuses, économiques, politiques, sanitaires et environnementales.

À l'égard de ce petit cadre théorique, nous présentons des données sur le passage du concept de résilience en
transformation des conflits, les applications et leurs faiblesses.

I.2.2 Le passage du concept de résilience en transformation des conflits

Comme cadre explicatif des faits, le concept de résilience a été appliqué en physique des matériaux. (Kouamekan J. M. Koffi, 2014).

Au fil du temps, le concept a gagné petit à petit les champs en écologie41, en médecine, en agronomie, en psychologie, en démographie, en sociologie, en économie et en sciences de développement. Aujourd'hui, son application est devenue très large.
Le concept de résilience est transversal et s'applique dans le domaine de transformation des conflits. Le raisonnement sous-jacent postule que le conflit est et représente une manifestation selon la plupart des analystes une crise ou un choc qui stimule la communauté à rebondir, à s'adapter et à réagir pour ne pas disparaître. L'adaptation suppose avoir la capacité d'ajustement pour résister et dépasser la crise.

Tandis que les modèles traditionnels de consolidation de la paix et de programmation sensible aux conflits sont fondés sur l'analyse de conflit et centrés sur une compréhension des sources de fragilité de la société et de l'Etat, la résilience se préoccupe tout d'abord d'attributs, de capacités et de réponses pour comprendre comment, où et pourquoi la paix progresse ou s'avère durable (B. Cyrulink et C. Seront, 2004).

Une telle analyse de la résilience - qui cherche à comprendre et exploiter les facteurs qui permettent aux individus, communautés et sociétés de se prémunir contre un conflit violent ou de transformer les contextes qui donnent potentiellement naissance aux conflits violents - peut être un complément utile des analyses de conflit lors de la conception de stratégies intégrées de consolidation de la paix ou de développement.

Les populations des pays en proie à des conflits font face à la gestion de chocs multiformes, politiques et institutionnels, socio-économiques, sécuritaires, dont les impacts peuvent être durables et touchent particulièrement les groupes les plus vulnérables de la société (H. Jeans, G. Castillo et T. Sebastian, 2017).

. Les séquelles de ces chocs peuvent être durables et comportent le risque de compromettre les chances de réconciliation. Pour faire face à la situation, se relever et repartir de l'avant, les individus, les communautés et les institutions, développent des compétences susceptibles de convertir les échecs et les menaces en opportunités qui renforcent leurs capacités de résilience.

Dans le contexte de cette étude, la résilience est abordée sous l'angle des sciences humaines, qui sont le domaine qui intéresse cette recherche. Sous cet angle, on peut définir la résilience comme la capacité d'un individu ou d'un groupe à se remettre d'un choc et continuer dans le sens de la marche, à se projeter dans l'avenir, en dépit d'évènements déstabilisants, de conditions de vie sévères, de traumatismes (Manciaux, M, Resiliencia, 2001, p17).

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