II.2) les théories de référence
Notre souci dans ce sous-point est d'identifier des
théories sociologiques sur lesquelles la gestion de l'éducation
en situation de crise s'adosse pour orienter ses actions. Ainsi,
l'incrémentalisme, la théorie du capital humain et la
pédagogie différenciée ont été retenues pour
cette étude.
II.2.1) La théorie incrémentaliste de la
planification
L'origine de l'incrémentalisme est le plus souvent
associée aux travaux de Charles E. Lindblom, « The Science of
Muddling Through » parus en 1959. En effet, se fondant sur le concept de
rationalité limitée de l'être humain dans son anticipation
du futur (SIMON, 1955) cité par (Ba, 2019), la théorie
incrémentaliste considère l'activité de planification
moins comme la conception d'un plan-document formel qu'un « processus
itératif marqué par des ajustements continus suivant les
aléas de l'action » (QUINN, 1982). En d'autres termes, les
évènements imprévisibles qui surviennent dans
l'exécution d'un plan ne permettent pas d'anticiper les
réalisations futures. Ils imposent donc à l'organisation une
révision permanente des ambitions de départ. Dans cette
perspective la théorie incrémentaliste se caractérise par
sa souplesse et ses actions se déroulent de manière
itérative jusqu'à l'atteinte des objectifs visés. A ce
titre, les plans sont soumis à des changements imperceptibles par
l'adaptation progressive et continue de ses processus opérationnels.
Bien que notre champ d'étude soit la gestion de
l'éducation en situation de crise, nous évoquons cette
théorie de la planification qui, de par son fondement, nous rapproche
plus de la gestion du point de vue de TERRY(1985) pour qui la gestion est
« un processus spécifique consistant en activités de
planification, d'organisation, d'impulsion et de contrôle visant à
déterminer et à atteindre des objectifs définis
grâce à l'emploi d'êtres humains et à la mise en
oeuvre d'autres ressources ». Dans la pratique quotidienne en
matière d'éducation en situation de crise, les acteurs de
l'éducation tentent toujours de s'adapter à la
réalité du terrain et aux besoins des bénéficiaires
de l'action éducative. Le gestionnaire ne saurait donc se contenter d'un
plan préétabli même si ce plan constitue une boussole pour
ce dernier.
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Si la théorie incrémentaliste s'intéresse
à la gestion opérationnelle de l'éducation dans le
contexte de notre étude, la théorie du capital humain aborde un
aspect de la légitimité de l'éducation qui requiert la
mobilisation et l'engagement de toute la communauté.
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