INTRODUCTION A LA PREMIERE PARTIE
La première partie de notre recherche dresse le cadre
théorique. Elle est structurée en trois parties dont la
problématique, le cadre de référence et le cadre
méthodologique. Il s'agit dans le premier chapitre de faire un
aperçu sur le développement du secteur de l'éducation au
Burkina Faso, d'identifier les défis auxquels font face les acteurs de
l'éducation dans un contexte d'EPT avant de décliner les
questions, objectifs et hypothèses de recherche. Le deuxième
chapitre nous permet ensuite de clarifier les concepts clés de la
recherche, de définir les théories sur lesquelles la recherche se
fonde et d'explorer la littérature sur la question de l'éducation
en situation de crise. Enfin, dans le troisième chapitre, nous
présentons le dispositif méthodologique. Il s'agira
concrètement de présenter la zone d'étude, la
méthode de recherche, la population cible, les instruments de collecte
et les techniques d'analyse des données.
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CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE
BEAUD (1985, p. 31) définit la problématique
comme un « ensemble construit autour d'une question principale, des
hypothèses de recherche et des lignes d'analyses qui permettent de
traiter le sujet ». Ainsi, notre tâche, dans ce chapitre, est
de faire un bref aperçu sur le développement de
l'éducation au Burkina Faso, de voir les défis qui se
présentent au système éducatif burkinabè avant de
décliner les questions, les objectifs et les hypothèses de
recherche.
I.1) Contexte
Le contexte de notre étude présente les efforts
consentis par les autorités éducatives du Burkina Faso pour
assurer le développement du secteur de l'éducation. Il aborde
également les défis auxquels font face les acteurs et partenaires
de l'éducation dans leur quête de l'éducation pour tous.
I.1.1) Du développement du secteur de
l'éducation
Nelson Mandela disait ceci : « L'éducation est
l'arme la plus puissante que l'on puisse utiliser pour changer le monde
». En effet, la nécessité d'éduquer n'est
aujourd'hui un sujet à débat pour aucune société.
Elle trouve, de ce fait, une place importante dans des Déclarations et
Conventions internationales qui invitent ou enjoignent les Etats signataires
à faire de l'éducation un droit fondamental pour
l'humanité. A ce titre, la déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948 en son article 26 déclare que « toute personne a
droit à l'éducation ». Aussi, la convention relative aux
droits de l'enfant (1989), quant à elle, enjoint, en son article 28, les
Etats signataires à rendre obligatoire et gratuit l'enseignement
primaire et à favoriser l'accessibilité aux autres ordres
d'enseignement. Ces nombreux traités internationaux ont favorisé
la mise en oeuvre des politiques de l'éducation pour tous (EPT)
engagées depuis la conférence de Jomtien en Thaïlande en
1990, réaffirmées à Dakar en 2000 puis plus ciblé
à Incheon en 2015. Ces conférences se sont données pour
objectifs d'accorder à tous les enfants, jeunes et adultes,
l'accès à une éducation de base de qualité. La
conférence d'Incheon fixe l'échéance de l'atteinte de ces
objectifs à l'horizon 2030.
Le Burkina Faso, signataire des différentes
déclarations internationales issues de grandes rencontres sur
l'éducation, a inscrit dans sa Constitution, à son article 18, le
droit à l'éducation, à l'instruction et à la
formation pour toute personne vivant sur le territoire burkinabè. Ainsi,
la politique nationale considère l'éducation comme
« la priorité des priorités
». Ces engagements
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internationaux et la disposition constitutionnelle nationale
ont conduit à des reformes du système éducatif et à
l'adoption de plans stratégiques afin de répondre aux besoins
éducatifs du moment.
C'est dans cette logique de quête d'une éducation
pour tous qu'il a été adopté en 2007, la loi no
013-2007/AN du 30 juillet 2007 portant loi d'orientation de l'éducation.
Cette loi stipule en son article 3 que toute personne vivant au Burkina Faso a
droit à l'éducation, sans discrimination aucune, notamment celle
fondée sur le sexe, l'origine sociale, la race, la religion, les
opinions politiques, la nationalité, ou l'état de santé.
Ce droit s'exerce sur la base de l'équité et de
l'égalité des chances entre tous les citoyens. L'article 15 de
cette même loi énonce les objectifs du système
éducatif burkinabè. Parmi ces objectifs, sont inscrits
l'accélération du développement quantitatif et qualitatif
de l'offre éducative de base et la réduction des
inégalités de toutes sortes en vue d'assurer l'encadrement de la
petite enfance ; la scolarisation de tous les enfants d'âge scolaire ;
l'alphabétisation, à court ou moyen terme, de tous les
adolescents et adultes analphabètes qui ont été
précocement déscolarisés ou qui n'ont pas
été scolarisés ; l'encadrement des enfants d'âge
scolaire et des adultes à besoins éducatifs spécifiques.
Par ailleurs, ces deux dernières décennies ont été
marquées par la mise en oeuvre de plans et programmes dont le plan
décennal de développement de l'éducation de base (PDDEB),
le programme de développement stratégique de l'éducation
de base (PDSEB) qui est à son terme et le plan sectoriel de
l'éducation et de la formation (PSEF).
Le PDDEB a couvert la période 2000-2009 avec un
objectif cible de 70% de taux brut de scolarisation. Il a servi de cadre de
référence à l'intervention des acteurs du système
éducatif au Burkina Faso. Ce plan visait l'accroissement de l'offre
éducative de base, l'amélioration de la qualité de
l'enseignement et le développement des capacités de pilotage du
secteur éducatif. Par ailleurs, le gouvernement du Burkina Faso a,
à la fin du PDDEB, engagé un autre programme afin d'assurer une
continuité dans la gestion programmatique du secteur de
l'éducation. Ce programme se veut encore plus global en incluant les
différents degrés d'enseignement et est beaucoup plus
orienté vers la recherche de la qualité de l'éducation
(OUEDRAOGO, 2016). Il s'agit du programme de développement
stratégique de l'éducation de base (PDSEB) qui couvre la
période 2010 à 2020 et qui envisage poursuivre le
développement de l'enseignement primaire mais aussi des autres niveaux
d'éducation à l'exception du supérieur et de la recherche.
Il envisage également diversifier les actions d'alphabétisation
et de post alphabétisation. Malgré les progrès
significatifs
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enregistrés ces dernières années dans le
secteur, le système éducatif burkinabè demeure
généraliste, peu professionnalisant, peu adapté aux
besoins du marché de l'emploi et moins holistique d'où
l'élaboration du plan sectoriel de l'éducation et de la formation
(PSEF). Le PSEF (2017-2030) qui couvre l'ensemble des ordres d'enseignement
allant du préscolaire au supérieur, a pour ambition de contribuer
au développement du secteur de l'éducation et de la formation
à travers une coordination efficace et une mise en cohérence des
interventions de tous les acteurs. En effet, les programmes stratégiques
du PSEF sont le développement de l'accès à
l'éducation et à la formation ; l'amélioration de la
qualité de l'éducation et de la formation ; le pilotage et le
soutien au secteur de l'éducation et de la formation. Toutefois il est
à remarquer que dans la mise en oeuvre de ces politiques
éducatives, le PDSEB semble être considéré comme le
document de référence par le MENAPLN et ses partenaires
techniques et financiers. Le PSEF est rarement évoqué dans les
documents de planification opérationnelle.
L'engagement de l'Etat burkinabè dans la quête
d'une éducation pour tous a eu un écho favorable sur l'ensemble
du territoire. Les indicateurs d'accès et de couverture ces
dernières années portent à croire que l'objectif de
l'éducation pour tous à l'horizon 2030 (Objectifs de
Développement Durable) pourrait être atteint. En effet, les taux
d'accès et de scolarisation ont connu des évolutions
remarquables. Le graphique ci-dessous indique l'évolution du TBS entre
2013 et 2018
Figure 1: Evolution des taux de scolarisation au Burkina Faso
TBS au primaire, post primaire et secondaire
100
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80
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88,5
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90,7
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83
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83,7
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86,1
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60
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40
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44,9
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46,6
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49
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52
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20
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40,2
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0
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16,2
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17
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12,8
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13,2
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15
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2013-2014
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2014-2015 Primaire
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2015-2016 Post primaire
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2016-2017 Secondaire
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2017-2018
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Source : annuaires statistiques 2017-2018
primaire, post primaire et secondaire
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Entre 2013 et 2018, le TBS, au primaire, a
évolué de 81,3% à 90,7%, avec un TAMA1 de
1,79%. Quant au post primaire, il a évolué de 36,7% à 52%
sur la même période, avec un TAMA de 5,28%. Le secondaire, avec
des taux nettement inférieurs aux taux des deux autres ordres
d'enseignement, a aussi vu son TBS passé de 13,9% à 17% sur cette
même période 2013 à 2018, avec un TAMA de 5,83%.
De façon générale, on peut constater
qu'entre 2013 et 2018, les TBS au Burkina Faso ont évolué de
façon croissante dans les trois ordres d'enseignement que sont le
primaire, le post primaire et le secondaire. Le secondaire enregistre
l'évolution la plus importante bien que les TBS dans cet ordre
d'enseignement restent les plus bas. Ces améliorations en matière
de scolarisation dans les trois ordres d'enseignement suscités seraient
la résultante des politiques d'éducation pour tous
engagées dans le PDDEB et le PDSEB et qui prend désormais en
compte le post primaire et le secondaire.
Malgré les efforts considérables
déployés par le Burkina Faso pour garantir le droit à
l'éducation pour tous, le système éducatif est
perpétuellement confronté à de nouveaux défis.
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