WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Gestion de l'éducation en situation de crise sécuritaire au Burkina Faso: état des lieux et perspectives dans la commune de Titao


par Moctar Abdoulaye SANA
Institut de Formation et de Recherche interdisciplinaire en Sciences de la Santé et de l'Education (IFRISSE)/Ouagadougou - Master II en sciences de l'éducation 2021
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II.3.2) Impact des conflits sur l'éducation

L'article 28 de la convention relative aux droits de l'enfant consacre le droit à l'éducation. MACHEL (1996), dans son rapport intitulé « Impacts des conflits armés sur les enfants », donne quelques arguments qui légitiment la considération du droit à l'éducation comme un droit fondamental. L'auteure estime que l'éducation structure la vie des enfants et peut inculquer des valeurs communautaires ; promouvoir la justice et le respect des droits de l'homme et favoriser la paix ; la stabilité et l'indépendance. Cependant, en période de conflit, beaucoup de risques pèsent sur l'éducation. L'auteure dépeint donc dans son rapport, l'impact des conflits sur les systèmes éducatifs.

Machel soutient qu'en période de conflit, les écoles constituent une cible privilégiée pour certains combattants. «Dans les régions rurales, l'école est souvent le seul bâtiment permanent de quelque importance, et c'est souvent elle qui est bombardée, fermée ou pillée la première ». Aussi, le personnel enseignant, souvent considéré à tort comme représentant de l'administration centrale, est souvent pris pour cible. Ces perturbations ont un coup sur la qualité de l'éducation. En effet, les enfants ne sont plus à mesure de suivre un cursus scolaire normal du fait de l'intermittence de l'offre éducative, de l'incapacité des élèves de disposer de fournitures scolaires mais aussi et surtout de l'installation d'un climat d'inquiétude qui ne favorise pas les apprentissages. Par ailleurs, l'enfant, en plus d'être victime d'une privation de bonne éducation, est exposé à un certain nombre de dangers sociaux. Ils sont notamment recrutés comme soldats avec toutes les déviances sociales que cela implique. Les filles, en particulier, sont généralement sujettes à des violences sexuelles. Par ailleurs, l'auteure affirme qu'en période de conflit, le financement du secteur de l'éducation rencontre d'énormes difficultés. En effet, le poids de l'investissement militaire associé à une santé économique fragilisée des Etats en conflit ne favorise pas l'investissement dans les domaines

27

sociaux comme l'éducation. Cet argument est soutenu par PILAR ET GONZALO (1999) qui estiment que

Bien que les organisations d'aide humanitaire ne cessent d'accroître leurs efforts et les budgets en faveur des nécessités de base, l'éducation fait rarement partie des priorités et subit en général la première des restrictions budgétaires en temps de crise.

Dans sa brochure intitulée « Faire de l'éducation en situation d'urgence une priorité au Burkina Faso », Save the Children (2019) vient corroborer les propos de Machel sur les effets néfastes des crises sécuritaires sur les systèmes éducatifs. En effet, selon cette ONG3, au Burkina Faso, l'éducation est devenue la principale cible des attaques armées, après les forces armées de défense et de sécurité. Cela a conduit à la destruction d'établissements, de matériels scolaires et la fuite des enseignants. Ainsi, en février 2019, la seule région du sahel enregistrait plus de 550 écoles du primaire et du secondaire fermées. L'étude fait également état d'une insuffisance d'infrastructures d'accueil de la population scolaire déplacée, du manque de personnel qualifié pour une prise en charge adéquate des élèves déplacés.

Si l'école est considérée comme une victime en période de crise sécuritaire, il convient de noter que certains auteurs trouvent en lui le germe déclencheur de certaines crises. En effet, LANOUE (2007) appréhende l'impact des conflits sur l'éducation comme une riposte à une injustice longtemps cultivée par l'institution scolaire. Pour lui, les systèmes éducatifs hérités du système colonial, très élitiste, ne favorisent pas l'ascension sociale des couches défavorisées. Ainsi, le ciblage des édifices scolaires serait une façon de rendre justice. « En Côte d'Ivoire, au plus fort de le crise de novembre 2004, les jeunes patriotes, miliciens pro-gouvernementaux ont pillé et incendié, à Abidjan et en d'autres villes du sud, des lycées et des écoles françaises ».

Les études réalisées par ces trois auteurs mettent en exergue les défis auxquels font face les autorités éducatives et les acteurs locaux pour assurer la continuité de l'offre éducative en période de conflits armés. Ils nous interpellent implicitement sur le devoir de chacun pour relever ces défis. Ces défis sont d'une part la réhabilitation des infrastructures éducatives, la sécurisation des domaines scolaires, l'acquisition de nouveaux matériels, la gestion du personnel enseignant et administratif et d'autre part l'encadrement des élèves. La présente recherche s'inscrit dans une

3 Organisation Non Gouvernementale

28

perspective de description et d'analyse des pratiques en matière de gestion de l'éducation en situation de crise. Mais une telle étude ne peut se mener sans au préalable s'imprégner de ces dégâts causés par la crise sécuritaire et ce que cela implique comme nouveaux besoins pour le personnel éducatif et les apprenants, d'où l'intérêt pour nous d'évoquer l'impact des crises sur l'éducation.

Faces aux multiples difficultés rencontrées par les Etats pour assurer l'offre éducative en situation de crise, diverses initiatives se développent par différents acteurs et partenaires pour accompagner ces Etats dans le souci d'assurer la continuité de l'offre éducative dans les zones de conflit ou à la périphérie de ces zones.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery