II.3) La revue de la littérature
La revue de la littérature consiste en un compte rendu
analytique des productions scientifiques (mémoires, thèses,
articles scientifiques et ouvrages généraux) qui se sont
intéressées à la question traitée, ici, celle de la
gestion de l'éducation en situation de crise. Nous optons de
présenter ce compte rendu en fonction des concepts clés
élucidés ci-avant. Ainsi, nous nous intéressons à
la genèse du concept « Education en situation de crise » ;
à l'impact des conflits sur l'éducation ; à l'offre
éducative en situation de crise ; à la planification de
l'éducation en situation de crise.
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II.3.1) De la genèse du concept Education en
situation de crise
Dans leur article Education et conflit : Les enjeux de l'offre
éducatif en situation de crise, MAGALI et al. (2010) donnent un
aperçu sur les arguments qui ont motivé l'émergence et le
développement de l'éducation en situation de crise. Pour ces
auteurs, l'émergence de ce nouveau paradigme résulte de
l'ambition de la communauté internationale à atteindre
l'éducation pour tous. En effet, à partir des années 1980,
l'éducation a été d'office considérée par
les institutions internationales telles que la Banque Mondiale et le Programme
des Nations Unies pour le Développement (PNUD), comme un indicateur de
développement humain. Par ailleurs, l'adoption en 1989 de la Convention
relative aux droits de l'enfant qui fait de l'éducation un droit
fondamental, a favorisé la mise en oeuvre de politiques de
développement du secteur de l'éducation à l'échelle
internationale.
Toutefois cet élan de développement de
l'éducation rencontrera des difficultés dans les pays en
développement. En effet, l'application des politiques d'ajustement
structurels dans les pays sous-développés, à la fin des
années 1980, conduira des Etats à réduire
considérablement la part de leurs budgets alloués au secteur de
l'éducation, considéré comme « non productif
».
Ainsi, à la faveur des assises juridiques qui font de
l'éducation un bien universel et de la « démission »
des Etats, les agences d'aide au développement se sont vue
obligées d'intervenir dans ce domaine pour le financer et proposer des
programmes d'intervention souvent imbriqués ou en marge des
systèmes déjà existant dans les pays
sous-développés. Les années 1990 et 2000 seront donc
marquées par des campagnes en faveur de l'éducation pour tous
à travers des conférences sur l'éducation telle que
Jomtien, Salamanque, Amman et Dakar. Aussi, les organisations de la
société civile sont mises à contribution, au nom de
l'approche participative, pour développer ce secteur qu'est
l'éducation (PETIT & COMHAIRE, 2010).
C'est dans cette nouvelle dynamique d'éducation pour
tous à l'horizon 2015 (Jomtien 1990), qu'un regard particulier est
accordé aux enfants vivant dans des zones de conflit ou atteints par des
catastrophes naturelles. Magali Chelpi-den Hamer précise que
l'expression « éducation en situation d'urgence » vit le jour
pour la première fois à la conférence d'Amman en 1996. Son
objectif était de concevoir des programmes spéciaux
d'éducation pour les enfants issus des zones de conflit ou de
catastrophe naturelle et qui n'ont pas accès aux structures
éducatives au même titre que les autres enfants.
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Plusieurs auteurs se sont donc intéressés
à cette nouvelle problématique en l'abordant sous plusieurs
angles dont l'impact des conflits sur l'éducation, l'offre
éducative en situation de crise, la planification et la gestion de
l'éducation en situation de crise. Cependant, plus de deux
décennies après l'émergence du concept éducation en
situation de crise, certains pays et surtout les pays en développement
sont peu regardants sur la prise en compte d'actions préventives afin
d'atténuer l'impact d'une crise éventuelle sur leurs
systèmes éducatifs. Le Burkina Faso compte parmi ces pays car il
vient à peine de se doter d'une Stratégie Nationale de
Scolarisation des Elèves des Zones à forts Défis
Sécuritaires(SSEZDS) en février 2019.
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