4.4.4. Principes de délimitation des mots
Après avoir établit l'alphabet de la langue, le
problème crucial reste celui de la délimitation du mot. Wolff
(1954:17) cité par Williamson (1984) le dit si bien lorsqu'il affirme:
« the most difficult problem remaining after the alphabet itself is made
is the problem of what can be, or cannot be, written as a word ». Il est
d'autant plus difficile dans la mesure o si un texte qui est écrit en
français est demandé à six personnes de le traduire et
écrire en kw ?, on aura une représentation de mot à mot
comme dans le texte de départ. Il serait impossible de présenter
convénablement et justifier les règles qui couvriraient toutes
les possiblités concernant la délimitation. Dès lors,
plusieurs règles de délimitation des mots seraient alors
arbitraires. Il serait important de mettre de coté le principe selon
lequel si une langue X a 10 lettres, l'autre devrait avoir automatiquement le
même nombre de lettres. Ceci viole le principe de fidélité
tel qu'énoncé plus haut.
Ici, il s'agit des règles de délimitation et
d'écriture des mots proposées pour l'orthographe de la langue kw
?. Le mot en lui-même n'est pas toujours facile à définir
et peut varier d'une langue à une autre. Pour Wolff (1954), le mot peut
être défini comme « a unit consisting of one or more sounds
which can stand alone ». Donc si nous avons un élément qui
ne saurait rester seul mais qui
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se combine toujours avec un autre element, il ne serait pas un
mot mais plutôt un affixe. Mais, Wiesemann et al. (1983 :151,152)
proposent une pléthore de critères permettant de comprendre ce
qu'est le mot. Nous allons nous fonder sur ces critères et sur les
résultats de nos analyses morphologiques pour proposer ce qui doit
être considéré comme mot dans la langue kw ?. Le mot
phonologique sera à la base de la délimitation du mot
orthographique dans cette langue. Le mot orthographique, est une
séquence de graphèmes sémantiquement autonome et comprise
entre deux espaces (blancs sémantiques) dans un texte (Bebiné
(2018 :105). Nous distinguerons principalement parmi les mots orthographiques,
les nominaux et les verbaux issus de nos résultats morphologiques.
4.4.4.1. Les nominaux
Les règles que nous allons établir vont
concerner tour à tour les substantifs dans leur forme canonique et
dérivée, les déterminants, les procédés de
formation de nouveaux mots (composition, réduplication et emprunt) ainsi
que les classes nominales.
4.4.4.1.1. Les substantifs canoniques et
dérivés
Dans cette langue, qu'il ait une forme canonique ou
dérivée, le substantif présente une même structure
en kw ?. Le substantif est composé d'un préfixe et d'un
thème. On ne saurait dissocier ce préfixe du thème. Donc,
les deux (02) mis ensembles vont constituer un mot orthographique dans la
langue comme l'illustre les exemples suivants :
(99)
b -nd b nd « homme »
m-? m? « enfant »
di-kaha dikaha « aisselle »
ø-?gà?gà ?gà?gà «
araignée »
4.4.4.1.2. Les déterminants
Dans la langue kw ?, seul le possessif s'accorde avec le
substantif auquel il s'associe. Les autres déterminants dans cette
langue restent invariables peu importe le nom qu'ils déterminent. Ces
déterminants peuvent être séparés du nom par un
autre élément. Ceci nous permet de dire que les
déterminants ne sont pas des affixes. Nous proposons de séparer
le déterminant kw ? du substantif afin d'en faire deux (02) mots
phonologiques distincts bien que ces déterminants soient
dépendants du substantif. Nous l'illustrons à travers l'exemple
ci-dessous :
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(100)
b l? l? nà « mon
canard » b l? l? m? nà « le canard
de mon enfant »
b nd b? « deux hommes
»
nda m? « cet enfant
»
mb hi ?g? fu « premier
maïs » mb hi le' ?g? fu « premier jour
du maïs »
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