3.2.10. Les facteurs socio-économiques
Dans cette sous-section, il est question d'examiner les
facteurs socio-économiques qui permettraient à travers leur
nature, une élaboration éventuelle des programmes
d'alphabétisation de masse au sein de la communauté linguistique
kw ? et en langue kw ?. Malgré l'accès difficile surtout en
saison de pluies d'un canton à un autre, il faudrait faire savoir qu'il
y a néanmoins une liaison entre les différents villages de ces
cantons. Ceci favorise l'écoulement des produits des plantations d'un
lieu à un autre. Le contact et ou les échanges avec
l'extérieur se font déjà à voiture et à
moto, indépendamment de la saison. Les échanges commerciaux se
déroulent de manière hebdomadaire entre les commer ants venus
d'ailleurs et les autochtones. Nous avons également constaté la
présence d'une grande usine de production d'huile de palme et ses
dérivés associés à sa palmeraie. Il s'agit de la
SOPALTO qui est installée à Tongo et emploie des centaines de
jeunes de la communauté et ceux venus d'ailleurs. Un potentiel programme
d'alphabétisation permettrait tant aux commer ants venus d'ailleurs
qu'aux employés de la SOPALTO de mieux échanger avec les
autochtones et faciliter leur plus grande intégration. Ce programme
pourrait permettre d'augmenter le nombre de locuteurs de la langue. Tout ceci
contribue à sa viabilité sous la forme écrite et orale.
Ici, une raison de plus d'engager ce processus de standardisation de cette
langue. Nous allons également présenter l'orientation politique
qui favorise le projet de standardisation de la langue kw ?.
3.2.11. L'orient tion politique
Le processus de standardisation et de promotion linguistique
doit être motivé par un certain nombre d'actes s'inscrivant dans
une orientation de politique générale de gestion des langues au
sein d'un térritoire. Lorsque ce n'est pas le cas, la réussite
d'un projet de standardisation est
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hypothétique et le degré de sa viabilité
faible à cause de la peur des participants à s'y engager pour ne
pas avoir de résultats.
Au cameroun, l'orientation en matière de gestion des
langues s'entrevoit de plusieurs manières. Il s'agit entre autres d'une
déclaration politique de Biya (1987 :116) dans son célèbre
livre-programme, qui soutient la promotion des langues nationales en ces
termes, « ...au niveau ethnique, il faut encourager le
développement de toutes les langues nationales, véhicules
privilégiés des cultures ethniques. Il importe de ce fait que
chaque langue exprime la culture qu'elle véhicule... » ; Il s'agit
aussi de la loi no96/06 du 18 janvier 1996 portant revision de la
constitution du 02 juin 1972, o il est mentionné au titre premier,
article premier, alinéa 3 que : « la République du Cameroun
adopte l'anglais et le fran ais comme langues officielles d'égale
valeur. Elle garantit la promotion du bilinguisme sur toute l'étendue du
territoire. Elle oeuvre pour la protection et la promotion des langues
nationales». Il s'agit également de la loi d'orientation
no 98/004 du 14 avril 1998 de l'éducation au cameroun qui
consacre l'enseignement des langues nationales comme partie intégrante
du programme, la loi no2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les
règles applicables aux communes et aux régions, où il est
stipulé au titre III, chapitre III à la section III que la
compétence revient aux communes de gérer la culture et de
promouvoir les langues nationales. Et avec Boum Ndongo (2013) citée par
Mbongue (2019 :47), l'orientation de l'enseignant secondaire a changé
avec l'arrêté ministériel de septembre 2008, créant
au sein de l'Ecole normale supérieure de Yaoundé, un laboratoire
et un département de Langues et Cultures camerounaises.
Ainsi, tous ces choix politiques en faveur des langues
nationales ne peuvent être qu'un atout non négligeable de la
viabilité des langues camerounaises en général et de la
langue kw ? de manière particulière.
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