3.2.8. Dialecte de référence pour la forme
écrite de la langue
On parle de dialecte de référence standard
uniquement dans les situations o l'on observe une variation de la langue,
c'est-à-dire un changement au niveau des parlers d'une même
langue, d'une zone (quartier ou village) à l'autre. Là, on parle
d'une absence d'homogénéité dans la manière de
parler une même langue. Ceci n'est pas le cas de la langue kw ? où
nous sommes face à une situation homogène, c'est-à-dire
que les locuteurs des 03 cantons qui constituent la communauté
linguistique kw ? parlent la langue avec très peu de variation. Brye et
Domche Teko (2000 :5), présentent un regroupement de plusieurs villages
qui parleraient le kw ?. Ils l'ont fait à travers une étude de
similarité lexicostatistique des parlers de Bakoua, de Tongo, de Mbyam,
de Bangou et de Bazou basée sur 126 mots. Ces auteurs ont fait ressortir
une matrice de similarité, et de là, deux (02) grands groupes de
langues qui se présentent ainsi qu'il suit :
114
Matrice de similarité :
A
|
kw ?
|
|
|
|
|
B
|
ngu (Tongo)
|
87, 71
|
|
|
|
C
|
Mbyam
|
41, 25
|
38, 34
|
|
|
D
|
Bangou
|
33, 96
|
33, 75
|
55, 00
|
|
E
|
Bazou
|
46, 05
|
42, 09
|
67, 09
|
62, 96
|
Kwaì? ngu Mbyam Bangou Bazou
A B C D E Des calculs se dégagent 02 grands
groupes de langues :
Groupe de 87% Groupe de 67%
Kw ? Bazou
Ngu (Tongo) Mbyam
Bangou
Pour les personnes enquêtées, il n'y a pas
d'intercompréhension entre ceux qui sont à Mbyam et ceux des
cantons kw ?. Donc le village Mbyam, malgré la proximité
géographique avec les Moya serait plus proche de l'aire
ndà?ndà? avec la forme du parler de Bazou.
Le kw ?, sur le plan lexicostatistique, est une unité
Àlangue distincte des parlers voisins, avec ses trois (03) cantons
(Moya, Bakoua et Tongo). Nous n'avons pas jugé utile de recourir encore
à la méthode de l'évaluation globale de groupe (EGG) et au
test de textes enregistrés (Recorded Text Testing (RTT)) car le statut
du kw ? avait déjà été déterminé
à travers la méthode de la lexicostatistique.
3.2.9. La migration
En plus des critères décrits ci-dessus, nous
avons également interrogé nos enquêtés au sujet de
l'intermariage, de la migration ainsi que le développement local afin de
mieux évaluer la vitalité de la langue kw ? d'une part, et un
potentiel succès de développement de la langue via un programme
d'alphabétisation de masse. En ce qui concerne les migrations, nous
avons constaté la présence d'un nombre significatif
d'étrangers venus de plusieurs autres contrées soit pour trouver
du travail à la SOPALTO (Société coopérative des
Palmeraies de Tongo) installée depuis 1994, soit pour s'installer et
travailler dans les champs à leur propre compte, car il parait que les
sols sont très fertiles par là. Nous avons rencontré
certaines personnes des régions du grand Nord Cameroun, de la
région du Nord-Ouest, des groupements de Bangangté, de Bazou, de
Nkondjock, de Bamendou
115
et de Dschang. Donc contrairement à Brye et Domche Teko
(2000 :9) qui affirment qu': « Il faut signaler qu'aucun étranger
ne vient de l'extérieur pour y rechercher un emploi », nous avons
à travers notre descente sur le terrain constaté une
présence de plusieurs personnes venues d'autres contrées plus ou
moins éloignées des cantons kw ?. Il s'agit
précisément de onze (11) personnes venant du Département
de la Ménoua à l'Ouest du Cameroun que nous avons
retrouvées chez les Milombe. Il y a en a qui sont venus du Nord-Ouest et
du grand Nord qui résident à Tongo et travaillent à la
SOPALTO située à Tongo. Un potentiel programme
d'alphabétisation (en langue seconde) de masse serait la bienvenue dans
cette communauté pour permettre d'accroitre le nombre de locuteurs et de
favoriser l'intégration linguistico-culturelle de ces étrangers.
Car ceux-ci ont également au cours de nos échanges exprimé
le désir d'apprendre à lire et à écrire la langue
de la localité dans laquelle ils se trouvent c'est-à-dire le kw
?.
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