1.2.4 Joueuses professionnelles et streameuses
Les femmes ont toujours été moins
représentées dans le monde sportif que les hommes. Et c'est le
cas pour le monde esportif : les équipes féminines sont rares,
moins valorisées et moins bien payées. Pourtant, selon
l'étude du SELL publiée en 2020, 47% des joueurs sont des femmes.
On pourrait donc s'attendre à retrouver les mêmes chiffres dans
l'esport surtout qu'à la différence du sport, le caractère
physique, argument souvent pointé comme raison aux différences
entre les sexes, n'entre pas ici en compte.
Lors de la rencontre « Esport & Mixité »
ayant eu lieu en 2018, la conférence introductive réalisée
par le cabinet PwC a présenté un graphique sur les femmes «
engagées » dans l'esport ainsi que les compétitrices. La
première catégorie désigne les femmes visionnant des
streams, étant spectatrices lors des conventions et les joueuses et
s'élève à 22%, la seconde désigne les femmes
inscrites en LAN (compétitions) avec un taux de seulement 5%. Peu de
conventions ont été prises en compte pour cette étude mais
elle est tout de même révélatrice de la
réalité à savoir que dès qu'il s'agit de
compétitions les femmes sont moins présentes. La première
explication vient du fait que sur les 47% de joueuses sont aussi incluses les
joueuses sur mobile ou les joueuses de jeux de bureau comme le solitaire ou
démineur qui n'ont pas d'aspect compétitif.
Quelles sont les autres raisons qui ont poussé les
femmes à se tenir en retrait des compétitions ? Comme le souligne
Borkowski dans son mémoire de recherche, les joueurs (masculins)
émettent plusieurs arguments : « niveau plus faible, une attirance
moins forte pour la compétition, une appréhension à aller
en compétition en tant que joueuse, de faire face aux regards masculins
». Ces arguments se positionnent dans une continuité logique de
sexisme issu en partie de l'image qui est donnée des femmes dans les
jeux, à savoir des créatures faibles et démunies, et en
partie de conceptions sexistes hors des jeux. Pourtant, PwC montrait dans son
étude de 2016 que 22% de femmes s'intéressent à l'esport
pour 18% d'hommes. C'est donc bien au niveau de la participation aux
compétitions en termes d'appétence et d'attrait qu'il y a une
différence.
Par ailleurs, malgré l'absence de distinction physique
au niveau des jeux vidéo et le fait que sur le papier les ligues
d'esport soient mixtes, celles-ci sont en réalité quasiment
toutes composées
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L'image de la femme dans les jeux vidéo
d'hommes. Elles n'ont donc de mixtes que le nom et voient
l'émergence de ligue féminines. Ces ligues sont à double
tranchant : elles permettent à plus de femmes d'accéder à
la scène compétitive mais elles sont bien moins
légitimées et n'offrent que très peu de perspectives de
carrière ou la possibilité d'en vivre de manière
durable.
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