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CHAPITRE I : LA MISE EN OEUVRE DES PRINCIPES
JURIDIQUE ENCADRANT LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS AU
CAMEROUN
Les Etats dans leur quête d'émergence se
détachent peu à peu de leur souveraineté et par là
des entraves frontalières qui les enferment dans des marchés trop
étroits. L'intégration communautaire occupe également une
place de choix dans ce processus. La dimension technique des mesures de
promotion des IDE ne doit pas occulter la philosophie globale qui les sous-tend
et se dégage des principes juridiques qui les gouvernent.
Sur le plan national, à travers la pratique et le
respect des principes tendant à faciliter l'exercice de
l'activité commerciale (section I), en sus des principes nationaux,
seront énoncés les principes de marchés communautaires qui
pour une meilleure compréhension du marché régional
apparaissent comme des normes supranationales qui une fois les accords
ratifiés ont une valeur supérieure aux lois nationales (section
2)40.
Section I : Les principes de consécration
nationale
Toute personne physique ou morale désireuse doit
pouvoir conquérir le marché de son choix. La liberté
d'entreprendre est une notion fondamentale en droit. L'Etat camerounais y est
attaché depuis le préambule de la constitution de 1996. Le
législateur camerounais a encadré le principe de la
liberté de commerce et d'industrie dans ses textes41.
L'auteur LAMBORGHINI (B), affirme « un investissement moderne et efficient
a des retombées positives sur la productivité du pays d'accueil
et élève le niveau de vie »42. Une
économie libérale est de nature à attirer un grand nombre
d'IDE. Celle-ci se caractérise par la liberté de commerce et
d'industrie (PARAGRAPHE 1) et son corollaire la liberté de concurrence
(PARAGRAPHE 2).
Paragraphe 1: le principe de la liberté du commerce
et de l'industrie
L'investisseur a la possibilité d'installer librement
son activité commerciale sur le territoire camerounais. Ce principe
limite le droit des autorités publiques à règlementer
40 Tel que prévu à l'article 215 de la
constitution camerounaise
41 Il en est ainsi de la loi de 1990 sur
l'activité commerciale au Cameroun, révisé par la loi du
15 décembre 2015 régissant l'activité commerciale au
Cameroun.
42 B. LAMBORGHINI, interview recueillit dans
L'observateur, cité par R. CHARVIN, « L'investissement et le
droit au développement », Paris, L'Harmattan, 2002, p. 88
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l'exercice d'une activité économique. L'exercice
de l'activité commerciale est libre (A). Cependant pour des besoins
d'intérêt général, ce principe connait des
tempéraments (B).
A) La consécration du principe
Le principe de la liberté de marché se
matérialise par la liberté d'établissement pour les
investisseurs étrangers. Les auteurs parlent de liberté
d'investissement pour désigner la liberté d'établissement
d'un investisseur étranger et la liberté de circulation du
capital. Ainsi la liberté d'investissement est la possibilité
pour un investisseur de s'installer dans le territoire de son choix pour
implanter son investissement43. L'Etat du Cameroun, désireux
d'accroître le volume d'IDE sur son territoire à mis ses
investisseurs nationaux et étrangers sur le même pied
d'égalité. La liberté de commerce et d'industrie est
consacrée par l'article 5 alinéa 1 de la loi de 2015 qui dispose
: « L'exercice de l'activité commerciale sur l'étendue
du territoire national par toute personne physique ou morale est libre, sous
réserve du respect des lois et règlements en vigueur. »
Il ressort de cet article une double acception. Tout d'abord l'exercice libre
des activités commerciales au Cameroun (1) ensuite la liberté
d'investissement (2).
1) Le libre exercice de l'activité commerciale
au Cameroun
Les Etats désireux de se développer adoptent
des politiques incitatives pour l'accès à leur territoire. Il est
prévu à l'article 2 quatrièmes tirets de la loi
n°2002-004 du 19 avril 2002 portant charte des investissements que :
« Dans sa volonté de bâtir une économie
compétitive et prospère par le développement des
investissements, de l'épargne, et en exécution des objectifs de
son action économique et sociale, la République du Cameroun se
fixe les orientations ci-après : (...) de l'engagement à
préserver la liberté d'entreprise et la liberté
d'investissement ». Cet article intervient en sous-titre sur les
principes directeurs de la charte des investissements. Marquant ainsi le
profond désir pour le législateur camerounais de consacrer la
liberté de commerce et par la même occasion la liberté
d'entreprise sur l'étendue du territoire. Les investisseurs
étrangers et camerounais sont ainsi mis sur un même pied
d'égalité44 concernant l'activité
commerciale.
43 A. GILLES-YEUM, « La liberté
d'investissement », in, droit des investissements internationaux :
perspectives croisées, sous la direction de S. ROBERT-CUENDET, Bruylant,
Bruxelles, 2017, p. 38-60
44 Article 8 dispose à cet effet : «
Toute personne physique ou morale étrangère qui exerce
régulièrement une activité commerciale au Cameroun jouit
des mêmes droits que ceux qui sont accordés aux étrangers
et spécialement, aux camerounais de la même profession dans le
pays dont elle a la nationalité »
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2) La liberté d'investissement
Le législateur camerounais consacre cette
liberté à l'article 10 de la charte des investissements : «
L'Etat garantit à toute personne physique ou morale
régulièrement établie ou désireuse de
s'établir au Cameroun en respectant les règles spécifiques
liées à l'activité économique : la liberté
d'entreprendre toute activité de production, de prestation de services
ou de commerce, quelle que soit sa nationalité. ». Ici, l'Etat
camerounais se porte garant de la liberté d'entreprise sur
l'étendue de son territoire. Cette faculté de réaliser
librement un investissement dans le domaine économique de son choix mais
aussi d'en disposer découle du standard de traitement national du droit
international général. A travers ce traitement, les investisseurs
étrangers bénéficient des mêmes avantages que ceux
accordés aux investisseurs nationaux. L'Etat hôte de
l'investissement s'engage à fournir des conditions non moins favorables
à l'investisseur étranger que celles qu'il offre à ses
nationaux.
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