Paragraphe 2: l'uniformisation du droit des affaires par la
consécration du droit OHADA
L'harmonisation traduit une : « Opération
consistant à unifier des ensembles législatifs différents
par l'élaboration d'un droit nouveau empruntant aux uns et aux autres
»75. Après interprétation de la
dénomination de l'organisation, on pourrait croire que les initiateurs
de l'OHADA ont retenue l'harmonisation comme mode d'intégration
juridique. Dans les faits on se rend pourtant compte qu'il s'agit d'une
unification du droit des affaires76, pour la simple raison que les
actes uniformes OHADA se substituent aux législations nationales des
Etats parties et sont d'application directe sur le territoire de chacun d'entre
eux.
Dans le but d'accroitre leur attractivité
économique et la sécurité juridique au sein de leurs
Etats, les pays d'Afrique subsaharienne ont décidé d'unifier
l'ensemble des dispositions régissant leur droit des affaires. Ainsi,
est né le 17 Octobre 1993 à Port Louis le traité
instituant l'OHADA. L'harmonisation décidée par les Etats vise
à instaurer un climat de confiance propice aux investissements.
D'après un auteur77, "la
sécurité juridique est une composante essentielle du climat
favorable à l'investissement". Afin de démontrer la
plus-value que constitue l'adhésion du Cameroun à cette
organisation, nous aborderons tour à tour la sécurité
juridique des investissements (A) puis la sécurité judiciaire
assurée par la CCJA (B).
A) La sécurité juridique des
investissements directs étrangers assurée par les issues de
l'OHADA
L'objectif premier de l'OHADA est de secréter un droit
adapté au droit des affaires78. Un auteur affirme que :
« Le phénomène juridique est l'objectif majeur. On ne
part plus de l'espace économique intégré pour induire
quelques principes juridiques communs, on cherche l'intégration
juridique pour faciliter les échanges et les investissements et garantir
la sécurité juridique des activités des entreprises
»79. L'OHADA promeut les investissements au Cameroun
à travers la sécurisation de la vie des sociétés
commerciales (1) mais joue aussi un rôle prépondérant dans
le contentieux (2).
75 G. CORNU, Op.cit,p. 507
76 A. AKAM AKAM, L'OHADA et
l'intégration juridique en Afrique, in Les mutations juridiques
dans le système OHADA, sous la direction d'A. AKAM AKAM, L'Harmattan,
2009, p. 25
77 P. JUILLARD in Lomé III et l'investissement
international.
78 P.G POUGOUE, Y. KALIEU ELONGO, «
Introduction critique à l'OHADA », PUA, 2008, p. 229
79 P.G POUGOUE, « OHADA, instrument
d'intégration juridique », Revue Africaine des sciences
juridiques, Vol. 2, n°2, 2001, p.11 et suivants.
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1) Les actes uniformes OHADA : Normes attractives pour
les investissements au Cameroun
Dans son dessein qui est la création d'un climat
propice à l'investissement en Afrique afin de promouvoir un
développement économique durable. Les promoteurs de l'OHADA ont
opté pour la réussite de l'entreprise. Les dispositions contenues
dans les actes uniformes OHADA favorisent la sécurité juridique
et de ce fait l'attractivité des investissements à bien des
égards. C'est le cas en phase de création, de vie et de la fin de
l'entreprise.
a) L'amélioration de la naissance et de la vie
des sociétés commerciales
L'acte uniforme OHADA fixe un cadre défini pour les
sociétés commerciales. On retrouve quatre formes de
sociétés commerciales. En l'occurrence : les SNC, SCS, SARL et
enfin la SA. Le droit des sociétés commerciales recherche des
objectifs de transparence et d'efficacité des mécanismes de
gestion et de contrôle. L'amélioration de l'information des
associés est organisée dans l'acte uniforme sur le droit de la
comptabilité et de l'information financière, il impose des
règles de transparence et de sincérité dans la tenue de
documents comptables des entreprises80. Cet acte uniforme s'inscrit
dans une optique de modernisation de la comptabilité des entreprises
dans la sous-région. Les normes comptables contribuent à la
transparence et à la fiabilité des comptes des entreprises dans
l'espace OHADA81 .Ce faisant constituent un facteur de
sécurité pour les partenaires des entreprises au Cameroun.
Le renforcement des mécanismes de contrôle de la
société. Tant au niveau interne qu'externe de la
société. Le contrôle n'assure pas une
sécurité absolue, néanmoins permet d'éviter
certains abus et prévient également certains risques de
difficultés des entreprises. Les principaux mécanismes ici sont
l'alerte et l'expertise de gestion ainsi que le contrôle des conventions
règlementées82.
Les investisseurs directs étrangers réalisent
des opérations d'investissements d'envergure nécessitant l'emploi
de sommes importantes tant au moment de leur implantation que lors de
l'exploitation. Pour pérenniser leurs investissements, ces derniers ont
besoin d'instruments financiers adéquats. C'est pourquoi, le
législateur OHADA a consacré deux principales catégories
de valeurs mobilières : des actions et des obligations. Ces nouveaux
80 P.G POUGOUE et Y. KALIEU ELONGO, Op cit,
p. 181 et ss
81POUGOUE (P.G) L'attractivité
économique de l'OHADA, in Encyclopédie OHADA, Dir., Lamy,
2011, p. 383 et ss
82 Il s'agit des conventions susceptibles
d'être conclues entre la société et ses dirigeants ou entre
la société et les associés. Ces conventions doivent
d'abord être approuvés par l'assemble générale des
associé.
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dispositifs ont pour but de favoriser l'avènement des
marchés financiers dans les sous-régions CEMAC et UEMOA. Les
valeurs mobilières ci-dessus peuvent faire l'objet d'opérations
telles la cession, le nantissement mais aussi de saisie83.
Le législateur a organisé les dispositions
régissant l'appel public à l'épargne. Bien que cette
possibilité ne soit dévolue qu'aux seules sociétés
anonymes avec conseil d'administration dont le capital minimum est de cent
million de Franc (FCFA 100.000.000).
L'investissement suppose le crédit et ce dernier a en
plus d'être assis en plus de confiance sur les garanties solides. Le
législateur OHADA a rendu plus attractif le régime des garanties.
Notamment les garanties personnelles avec l'ajout de la garantie autonome comme
nouvelle sûreté personnelle84. L'introduction de cette
garantie dans le droit OHADA était une innovation car jusque-là
cette sûreté était régie par le droit
international85. Cette garantie facilite les échanges en
matière de commerce international. Outre celle-là, on
dénote également une augmentation du champ des
sûretés réelles notamment des biens susceptibles
d'être nantis. L'investisseur dispose désormais de la
possibilité de nantir les créances, les droits d'associés,
le compte bancaire, les valeurs mobilières, le compte de titres
financiers, le fonds de commerce et les propriétés
intellectuelles86.
2) L'attractivité des règles de
procédure des actes uniformes OHADA
Nous examinerons les procédures de recouvrement des
créances (a) puis le recours aux modes alternatifs de résolution
des litiges (b).
a) Les procédures de recouvrement des
créances
Le législateur OHADA a prévu à travers
son acte uniforme sur les procédures simplifiées de recouvrement
et de voies d'exécution un ensemble de mesures qui permettent d'assurer
la mise en oeuvre des droits du créancier et préserve les
intérêts du débiteur87. Une économie
fondée sur le crédit doit disposer de bons mécanismes de
recouvrement des créances de sorte à pouvoir assurer de
manière efficace, transparente, rapide et peu coûteuse le
remboursement des créances qu'elles soient ou non garanties. On retrouve
ainsi la
83 Contenu aux articles 236 à 244 de
l'AUSCGIE. Ceci concourt à faciliter les opérations sur les
marchés financiers
84 Les dispositions régissant cette
sûreté sont contenues aux articles 39 à 49 de l'AUS
révisé de 2010
85 La garantie autonome fait son apparition dans la
réforme de l'AUS adopté en 2010.
86 P.G POUGOUE, (dir.), Encyclopédie
OHADA, PUA ; Elles sont prévues aux articles 125 à 178 de
l'AUS révisé du 15 décembre 2010
87 S. KUATE TAMEGHE, La protection du
débiteur dans les procédures individuelles
d'exécution, l'Harmattan, 2004
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procédure d'injonction de payer à l'endroit des
créances inférieures ou égales à dix millions de
francs CFA qui se fait par simple requête adressée à la
juridiction présidentielle du tribunal de première instance du
lieu d'exécution du contrat. En ce qui concerne
l'assiette des saisies, elle ne se limite plus aux seuls biens meubles
corporels et aux immeubles mais s'étend désormais aux droits
d'associés aux valeurs mobilières, aux récoltes ou encore
aux rémunérations. L'investisseur créancier dispose d'une
large gamme ouverte à lui afin de recouvrer ses créances en
souffrance auprès de débiteurs indélicats.
b) En phase contentieuse un recours accrue au MARC (Mode
alternatif de résolution des litiges)
Deux principaux modes sont prévus par le
législateur OHADA. Il s'agit de la médiation88 et de
l'arbitrage89. La médiation étant un « mode
de résolution des conflits consistant pour la personne choisie par les
antagonistes (en raison le plus souvent de son autorité personnelle),
à proposer à ceux-ci un projet de solution, sans se borner
à s'efforcer de les rapprocher, à la différence de la
conciliation, mais sans être investi du pouvoir de leur imposer comme
décision juridictionnelle, à la différence de l'arbitrage
et de la juridiction étatique »
L'arbitrage occupe une place de choix dans le monde des
affaires en raison de tous les avantages qu'on lui connait. En l'occurrence la
célérité, le choix du droit applicable, le choix des
arbitres, et tous les autres avantages qu'on lui reconnait. L'arbitrage
s'impose ainsi comme le mode préféré de règlement
des litiges d'investissement. C'est pourquoi il a été promu par
les initiateurs du traité constitutif de l'OHADA. L'auteur
SECK90 affirme à cet effet : « Le
développement de l'arbitrage sera fonction de la capacité des
pays à regrouper leurs infrastructures au niveau régional pour
attirer les investissements privés (...) A ce titre, l'éclosion
de grands marchés régionaux constitue un facteur d'adaptation
à la mondialisation de l'économie et à l'universalisation
de l'arbitrage ». De plus la sentence arbitrale rendue sous l'hospice
de l'arbitrage institutionnel de la CCJA comporte en elle-même
l'autorité de la chose jugée. Permettant son exécution
spontanée par les parties. La procédure d'exéquatur est
simplifiée et encadrée. L'exéquatur délivré
par la CCJA est communautaire. Aucun autre système d'arbitrage n'offre
un exéquatur dont les effets dépassent le cadre territorial de
l'Etat
88 Adopté en Novembre 2017.
89 Prévu dans les actes uniformes sur le droit
de l'arbitrage et le règlement CCJA
90 T.A SECK, L'effectivité de la
pratique arbitrale de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage (CCJA) et les
réformes nécessaires à la mise en place d'un cadre
juridique et judiciaire favorable aux investissements privés
internationaux, cité par R. MASSAMBA in Encyclopédie OHADA,
p. 396
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qui l'a délivré. Enfin les voies de recours sont
particulières91 pour ne pas freiner l'exécution de la
sentence.
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