SECTION II. LES PROBLEMES EXOGENES
S'il y a des problèmes d'orientation scolaire qui
dépendent en grande partie de la nature propre de l'apprenant, il y en a
d'autres par contre, qui sont fonction du milieu dans lequel vue l'apprenant.
Ce milieu influence grandement l'enfant dans sa vie scolaire.
L'orientation scolaire pseudo-scientifique qui se fait par les
parents et autres membres de la famille, ne tient pas compte de la connaissance
de ce problème. Les psychologues seuls en sont dignes. René ZAZZO
a montré que la différence du milieu a plus d'influence sur
l'instruction, sur la scolarité que la différence
héréditaire (71).
70 MAYIZA C, Les grands
Problèmes d'Orientation Scolaire, Paris, France 1945 p 34
71 René ZAZZO cité par
KABONGO Albert, Op.cit. Inédit.
50
Parmi les milieux de l'enfant ou apprenant qui peuvent
influencer négativement la scolarité dans une option choisie sans
l'aide de l'orientation scolaire, nous citons : la famille, l'école, la
rue ou l'environnement social.
II.2.1. La famille de l'apprenant
La famille est l'ensemble du père, de la mère et
des enfants (72). La famille est un milieu par excellence ou vit
l'apprenant. Il constitue la première moule dans lequel se
façonne l'homme de demain et qui jette les premières bases de
l'éducation de l'apprenant. Elle apparait aux yeux de tous comme une
pierre angulaire dans le processus du développement physique et mental
de l'enfant.
C'est en famille ou l'apprenant apprend à se faire
comprendre, à se débrouiller tout seul, à tenir compte des
autres et les prendre en considération ; à regarder, à
écouter, à imiter ses frères et soeurs ainsi que ses
parents, il apprend à jouer, à danser, à lire et à
écrire pour certaines familles. Il apprend les règles de
politesse, le respect des biens communs...
Lorsque son horizon s'élargie au niveau d'une classe,
l'enfant a donc toute une histoire derrière lui, une histoire que nous
pouvons facilement obtenir en famille. Les habitudes de langage, de
comportement spécifique, de goût et de rejet. Bref, la famille est
comme une moule, de sa forme dépend celle que prendra l'enfant.
En toute transparence, la famille constitue un grand
problème d'orientation scolaire pour un apprenant dans une option
d'études qu'il s'est choisi lui-même sans l'intervention de
l'orientation scolaire. Comment ? Analysons ce cas, une famille compte 12
enfants dont 10 sont scolarisés, et cette famille reçoit
120.000Fc par mois comme salaire, dans une location ou il faut payer 40.000Fc
par mois.
Un enfant décide d'entreprendre la coupe et couture ou
soit la nutrition où il y a trop des pratiques à faire. Et comme
nous le savons tous, à chaque pratique il faut au moins 7000 à
10.000Fc fois 10 mois d'études ! Plus les frais scolaires qui remontent
actuellement à 15.000Fc et cela fois 10 mois d'études sans
compter les frais connexes.
Notons qu'avec ce que la famille (père) touche
mensuellement comme salaire et vu le nombre d'enfant dans cette famille y
compris les dépenses que
72 BUKASA Grégoire, Cours de Sociologie
Générale, G1 OSP/ISP/MDT 2016-2017 Inédit.
51
cette dernière est appelée à faire, un
tel enfant (apprenant) qui s'est choisi de lui-même la nutrition ou la
coupe et couture comme option d'études au secondaire sans tenir compte
de possibilité en famille, tombera dans l'inadaptation scolaire parce
qu'il sera toutes fois renvoyé de la salle de classe à causes
d'argent.
Même les parents, élèves eux-mêmes
ne savent pas que le poids du ménage, le salaire mensuel peut
compromettre la scolarité et appeler le terme inadaptation pour enfin
tombé dans la déperdition scolaire.
Dans le souci d'éradiquer cette impasse, les
psychologues scolaires dans le processus d'orientation scolaire d'un apprenant
vers une forme d'études adaptée à sa personnalité,
utilise la fiche familiale pour connaitre à fond la famille de
l'individu à orienter. Après la prise de cette connaissance,
l'orientation scolaire est alors établie avec espoir de ne plus
tombé dans les conséquences comme : l'échec scolaire puis
la déperdition scolaire.
L'expérience Française montre que 85% des jeunes
dont la fiche familiale a été utilisée pour leur
orientation scolaire, ont échappé aux tristes conséquences
scolaires que les autres pays du monde font face actuellement
(73).
La famille joue plusieurs fonctions qui peuvent influencer
comme nous l'avons déjà dit ci-haut, l'apprentissage scolaire
d'un apprenant dans une option d'études qu'il s'est choisie
lui-même. Les fonctions sont entre autres : la protection et le soutien
de l'apprenant dans la scolarité, l'initiation aux aspects les plus
divers de l'existence humaine. Le soutient de l'enfant et la protection dans
ces études incluent l'organisation de la maison.
Retenons tous que la maison est le cadre de vie pour
l'apprenant, elle joue un rôle très important dans l'apprentissage
de l'ordre, de la régularité et du travail. L'apprentissage
scolaire commence à l'école et continue jusqu'à la maison
et dans la société. Ainsi, la maison doit avoir le minimum des
mobiliers qui facilitent la mise en ordre de consommable (74).
Pour étudier, l'élève doit avoir une
chaise, une table, une armoire pour déposer les objets classiques et une
lampe comme source de lumière. Si la famille n'est pas organisée,
l'apprenant ne saura pas organiser où mettre à son tour ses biens
en ordre. Il sera pour lui impossible d'acquérir facilement la
psychologie de propreté et de l'ordre.
73 P. WAUTRICHE, Introduction à la
Psychotechnique, Editions l'Avenir Bruxelles, 248p S.D. 1997
74 KABAMBA MUTOMBO P, Op.cit.
52
Or, tous les travaux pratiques et théoriques exigent
une bonne présentation, un ordre pour être reçu et
coté. Donc tout apprenant sans l'habitude d'ordre et de propreté
sera inadapté dans son option d'études choisie et échouera
au final.
Ainsi, les parents en famille doivent reconnaitre que la
maison ou la famille est le cadre de vie, elle doit être aussi le cadre
d'étude à domicile à condition qu'elle soit bien
organisée.
A l'intérieur de la famille, nous trouvons les
interactions entre mère et enfant, père et enfant, fraternelles
qui peuvent à leur tour rendre l'apprenant inadapté à
l'école ou dans une option d'études si ces dernières n'ont
pas été examinées d'avance par les psychologues scolaire
avant le choix d'une option d'études. Comment cela ? Prenons tous le
temps d'analyser chacune d'elles.
2.2.1.1. Relation mère et enfant.
De tous les rapports que l'enfant entretient avec son
entourage familial, la relation mère-enfant est
d'ordinaire la plus importante et la plus agissante sur la personnalité
toute entière. Si cette relation est mal entretenue, en toute
transparence, l'enfant aura des grands problèmes non seulement
d'adaptation scolaire mais aussi sur tous les plans de la vie et cela pourra
l'accompagner toute sa vie terrestre.
Dès sa naissance, l'enfant a besoins de la protection
physique et physiologique considérable qu'il est incapable de satisfaire
sans l'aide de sa mère. Ces besoins sont en effet : le manger, le boire,
le bain.... Et, c'est auprès de sa mère qu'il commence son
apprentissage. La satisfaction d'un besoin renforce le sentiment de
sécurité et de paix chez l'enfant. Par contre, la non
satisfaction d'un besoin, risque d'être une cause de frustration
(75).
Lorsque la relation mère et enfant est inexistante ou
busée, et que l'enfant ne peut pas trouver un remplaçant de sa
mère, il en résulte une rupture irrémédiable du
point de vue développement affectif de l'enfant.
Un enfant pareil tombera et fera face à des nombreux
problèmes dans son parcours scolaire. Pendant que les autres suivent
attentivement les enseignements et répondent aux questions des
enseignants, lui sera toujours
75 Pierre ERNY, L'enfant dans la pensée
traditionnelle de l'Afrique noire, Paris, Editions de l'Ecole, 1968, 200p
(Traduit en Anglais).
53
stressé, triste et frustré par cette absence de
la relation entre lui et sa mère. Il va échouer, doubler les
classes puis, abandonner un jour.
En interrogeant de jeunes d'âge scolaire
inadaptés de la commune de BONDOYI sur les sentiments qu'il
entretiennent à l'égard de leur maman, nous avons recueilli les
expressions suivantes :
« Mon coeur saigne des bonnes histoires, j'éprouve
un sentiment de dette envers elle, un certain sentiment indicible,
d'enchantement, monte en moi, je vois l'affection qu'elle portait et j'ai envie
d'en faire autant plus tard à ma mère, je revois les belles
soirées de la saison sèche... » (76).
En définitive, c'est la bipolarité
mère-enfant qui est à l'origine de la relation affective. La
responsabilité de la mère ou celle de son substitut, tout comme
la stabilité de la famille, va permettre d'assurer un équilibre
psychique harmonieux qui peut favoriser une réussite scolaire et une
bonne insertion sociale de l'apprenant.
2.2.1.2. Relation père et enfant.
Dans toutes les familles du monde entier, le père est
le premier membre et chef de la famille. Il a le bâton de commandement
entre ses deux mains et dans le bon tout comme dans le mal, tous les autres
membres de la famille se soumettent à ses ordres et les exécutent
facilement pour éviter les sanctions.
.
L'expérience des psychologues généticiens
montre que vers 3 ans, l'enfant à tendance à s'affirmer
socialement, son père représente une image de puissance et
d'autorité. Et pourtant, il s'attache passionnément à sa
mère. Cet attachement passionné, s'explique par le fait que,
c'est essentiellement sa mère qui satisfait tous ses besoins
(nourriture, baisé, caresse...) (77)
La qualité de la relation père-enfant a une
influence certaine sur la scolarité d'un enfant dans une école
secondaire. En effet, un enfant qui ne collabore pas normalement avec son
père, sera toutes fois frustré lorsqu'il observera un climat
d'ambiance entre ses collègues et leurs pères et surtout
lorsqu'il le voit être accompagné à l'école et au
marché les jours de fêtes.
76 Sentiments recueilli lors d'une interview
accordée à l'élève BUANGA BUANGA Félicien de
la 3ème Biologie Chimie à l'Institut Saint Charles LWANGA mais
actuellement abandon.
77 Francis GALTON, Les premiers pas dans la vie
de l'enfant d'Afrique Noire, Naissance et première enfance, Paris,
éditions de l'Ecole, 1972, p 360
54
Cette frustration rendra l'enfant inadapté en
totalité dans une salle de classe. Comme nous l'avons déjà
relevé ci-haut, il sera toujours distrait, stressé et dirigera
toujours son attention vers la maison aux relations perdues entre lui et son
père pendant que les autres sont concentrés au
développement des leçons par les enseignants dans une salle de
classe.
C'est le cas des orphelins des pères. D'où, les
papas doivent en toute transparence et toute sécurité être
en bon terme avec leurs enfants. Car la réussite scolaire d'un apprenant
à l'école dépend en grande partie des relations ou du
climat existant entre père et enfant. Devant le père, l'enfant
doit se sentir à l'aise, aimer et chéri de façon que quand
il a un problème, une plainte, qu'il ait le courage de se
décharger facilement sur son père.
D'une façon très concrète, il existe une
relation triangulaire dans une ou toutes les familles du monde.
Enfant-père-mère. Nous déconseillons donc toute tentative
à vouloir boucher une des directions de cette relation pour un enfant.
L'enfant ne doit pas collaborer seulement avec sa mère, mais aussi et
surtout avec tous les deux, car, sa réussite scolaire dépend
aussi des relations qu'il entretienne avec les deux.
A leur tour, les deux parents doivent eux aussi se laisser
ouverts, mettre l'enfant dans les conditions quasiment favorables afin de
permettre non seulement son développement physique, mais aussi le
développement mental et la réussite scolaire.
2.2.1.3. Relation fraternelle
Le terme « fraternité » désigne le
lien de parenté entre les enfants issus de mêmes parents. C'est
aussi un lien affectif entre frère, ou entre frères et soeurs
(78). La relation fraternelle est un facteur d'enrichissement de la
personnalité enfantine par le contact varié qu'elle permet entre
les enfants d'une même famille d'âge. Mais elle suscite
également des difficultés d'adaptation scolaire compte tenu de la
place que l'enfant occupe dans la famille ou dans la fratérie.
La fraternité ou la relation fraternelle intervient
dans notre travail comme problème d'orientation scolaire dans ce sens
que la position qu'occupe un enfant dans la lignée de ses frères
et soeurs peut en toute transparence avoir une influence totalement
négative dans son parcours scolaire.
78 Aron RAYMOND, Mémoire cinquante ans de
réflexion politique, Edition JULLIAND, Paris, 1983, p 17
55
Seuls les psychologues scolaire ou conseillers d'orientation
scolaire comme nous l'avons déjà dit, sont les seuls qui peuvent
poser un diagnostic sur ce problème, en prévenir puis amener
l'enfant à un très bon résultat. Analysons dans ce travail
certains cas ou positions qu'occupent un enfant dans une famille dans sa
fratrie et les conséquences que cela apporte sur sa scolarité.
Un enfant unique dans une famille dont la procréation
des parents s'est brusquement arrêtée soit par consentement de
deux à cause des moyens financiers limités, ou soit
involontairement à cause des certaines maladies qui ont endommagé
l'organisme de l'un des conjoints dans le couple, est facilement
gâté, chérit et totalement heureux chez ses parents
(79).
Il jouit avec plénitude un amour, une affection et une
intense sécurité de ses parents. Tout ce qu'il demande lui est
donné, tout ce qu'il fait comme acte et caprice est supporté par
ses parents, il décide, donne les ordres et annule les uns à la
maison comme il veut, et cela s'exécute par ses parents
incontestablement.
Quelle serait la conséquence ? Cet enfant, à
l'école il va croire qu'il est encore unique comme à la maison.
Les enseignants et ses collègues de classe selon lui, seront
appelés à supporter tous ce qu'il présentera comme caprice
dans la salle de classe. En cas de résistance, il va pleurer, multiplier
les absences en avançant des raisons illusoires contre la salle et pour
finir, il tombe dans l'inadaptation scolaire à cause de ses absences
prolongées et sans motifs valables.
Parlons d'un autre enfant appelé « ainé
» de la famille. Puisqu'il est le plus rapproché de ses parents et
applique de l'autorité sur les autres enfants qui viennent après
lui, se croit premier ministre dans sa famille. Il a une autorité qui
lui est léguée par ses parents. Bien que cette autorité ne
sont pas acceptée par ses frères et soeurs en famille, lui se
sent aimé, chéri et considéré par les parents de
plus que les autres enfants, et surtout qu'à l'absence des parents, lui
prend le bâton de commandement en famille.
Les conséquences qu'apporte la position d'un tel enfant
dans sa famille sont quasiment semblables à celles d'un enfant unique
développé ci-haut. Cet enfant cherchera a gagner tous le respect
de la salle en commençant par les enseignants qui entrent dans son
option pour donner cours. Il cherchera à être major de la classe
pour enfin être autorité, imposer les ordres aux les autres
79 L. DEHEUSCH, Essaie sur le symbolisme de
l'inceste royal, p 20, Paris 1945
56
sera sa principale mission. Et lorsque cela pourra
échouer, l'enfant devient inadapté parce que tout a
échoué en sa faveur.
Enfin, parlons du cadet. Plus souvent choyé pas ses
parents, accapare l'affection de ces derniers et bénéficie d'une
certaine partialité qui rend les autres jaloux et frustrés en
famille. Cet enfant se sent quelques fois inférieur car ses
frères et soeurs lui défavorisent et cela ne développe pas
souvent sa personnalité et son autonomie (80).
Comme les autres, cet enfant sera inadapté dans une
salle quelque soit son âge. Et surtout que ses caprices ne seront pas
supportés par les autres élèves en classe, il va fuir
l'école avant la fin d'un cycle. Il va confondre ses enseignants
à ses parents et cherchera à tout prix qu'il soit choyé et
protégé comme chez ses parents. Il se sentira également
inférieur dans la salle de classe en présence de ses
collègues comme cela est le cas en face de ses frères et soeurs
à la maison. Et ce complexe d'infériorité qu'il va
développer dans la salle lui amènera à un résultat
misérable au cours de sa scolarité dans une option
d'études choisie.
Après une expérience reçue dans une
recherche, J. ZEMPLENI-RABAIN a montrée en pays occidentaux que la
période qui suit le servage et où peu à peu l'enfant est
amené à faire partie du groupe des frères et soeurs, est
dominée elle aussi, comme la période d'allaitement, par la
relation de corps à corps, de peau à peau, la manipulation des
uns par les autres. Les parents encouragent les premiers contacts entre enfants
de même âge sous forme de luttes, y voyant l'expression même
de l'intégration horizontale.
Les petits semblent avoir besoin de pouvoir jouer avec le
corps de leurs ainés ou de leurs camarades d'âge pour retrouver le
plaisir qu'ils éprouvaient au contact du corps matériel. Les
premiers jeux auxquels ils s'adonnent constituent souvent à promener la
bouche sur le corps d'enfant cadet
(81).
En toute transparence, la connaissance de la place de l'enfant
ou sa position dans la fratrie est d'une importance très capital car
elle renseigne et complète les informations qu'un conseiller
d'orientation a besoin pour dépister, prévenir et enfin
rééduquer l'enfant qui est en face de lui.
80 Read M, Intégration
sociale et personnalité, Paris, la Presse Universitaire, 1974, p
440
81 J. ZEMPLENI-RABAIN cité
par Pierre ERNY dans « L'enfant et son milieu en Afrique noire »,
Essaie sur l'éducation traditionnelle, petite bibliothèque
payot 106, Boulevard Saint-Germain, 75005 Paris, p 100-101.
57
|