Paragraphe 1 : Les procédures devant les organes
de sanction
Deux types d'organes sont chargés de réprimer
les atteintes à la législation sur la faune et les aires
protégées : les organes administratifs (A) et les organes
juridictionnels (B).
A. Les organes administratifs
La loi n°37-2008 du 28 novembre 2008 sur la faune et les
aires protégées prévoit que la police de la faune
relève des services compétents du ministère en charge de
la faune et des aires protégées200. La même loi
confie également la gestion des aires protégées à
ce même ministère201.
Selon cette loi, la police de la faune et de la chasse - on
devrait dire, en lieu et place `'de la chasse», `'des aires
protégées» car ce dernier terme traduit mieux le fait
que les attributions des agents des eaux et forêts en matière de
faune s'exercent essentiellement dans les aires protégées,
même si elles peuvent se prolonger en dehors de ces espaces, notamment en
périphérie des aires protégées et dans les
chantiers forestiers202 - consiste en la recherche et la
constatation des infractions. Dans ce cadre, lorsqu'ils sont
assermentés, les agents des eaux et forêts ou les
éco-gardes dressent des procès-verbaux au même titre que
les officiers de police judiciaire qui sont également compétents
en la matière. Ces procès-verbaux font foi
200 Article 95.
201 Article 89.
202 A l'époque où la loi du 28 novembre 2008 est
rédigée, la problématique de la protection des
écosystèmes marins ne se pose pas encore au Congo, ce qui
justifie amplement que ce texte n'évoque pas de manière explicite
tout ce qui concerne les aires marines protégées. En effet, pour
parvenir à faire le lien entre celles-ci et la législation
actuellement en vigueur, il faut lire entre les lignes.
~ 61 ~
jusqu'à preuve du contraire203. Ils peuvent
aussi, lorsqu'une aire marine protégée s'étend jusqu'aux
zones côtières, dresser des barrages sur les principales voies
donnant accès aux côtes pour, par exemple, lutter contre la
récupération de matériaux comme le sable et le gravier,
laquelle contribue à accentuer l'érosion côtière et
la dégradation des paysages naturels devant accueillir certaines
espèces comme la tortue Luth (Dermochelys
coriacea)204 pour y pondre ses oeufs205.
Aussi, la conduite de leurs missions par les agents des eaux
et forêts assermentés ne saurait avoir lieu sans certains
pouvoirs. C'est ainsi qu'en vertu de l'article 100 de la loi sur la faune et
les aires protégées, ils peuvent procéder à des
perquisitions, c'est-à-dire effectuer des investigations en des lieux
comme les domiciles, véhicules, embarcations ou bateaux des personnes
soupçonnées d'avoir violé la législation sur la
faune et les aires protégées.
Les constatations menées et les preuves qui en
découlent sont communiquées aux organes juridictionnels (B)
compétents pour poursuivre et juger les personnes
soupçonnées.
B. Les organes juridictionnels
Sur la base des dispositions croisées de la loi
n°22-92 du 20 août 1992 portant organisation du pouvoir judiciaire,
modifiée et complétée par la loi n°19-99 du 15
août 1999, et celles de la loi n°37-2008 du 28 novembre 2008 sur la
faune et les aires protégées, la compétence en premier
ressort en matière de faune et d'aires protégées
relève du Tribunal de Grande Instance en ce qui concerne les
délits tandis que les crimes sont du ressort de la Cour d'appel. De
plus, celle-ci est naturellement
203 Article 98 loi sur la faune et les aires
protégées.
204 « Les eaux congolaises sont utilisées par
différentes populations de tortues marines :
· celles qui viennent pour nidifier et se reproduire,
à savoir les tortues luths (Dermochelys coriacea) et les
tortues olivâtres (Lepidochelys olivacea). Quelques pontes de
tortues vertes (Chelonia mydas) et de tortues caouannes (Caretta
caretta) sont également enregistrées mais de façon
très sporadique.
· celles qui viennent s'alimenter sur les zones
rocheuses, à savoir les tortues vertes (Chelonia mydas) et les
tortues imbriquées (Eretmochelys imbricata) principalement.
Le suivi des plages du Congo et du Gabon durant ces
dernières années a prouvé qu'elles sont parmi les plus
fréquentées dans le monde par les tortues luths (Dermochelys
coriacea) et que la présence des tortues olivâtres
(Lepidochelys olivacea), espèce très menacée dans
l'Atlantique, y est également remarquable », Rapport
préliminaire projet de création d'une aire marine
protégée dans la Baie de Loango en vue de la conservation des
tortues marines en République du Congo, Ministère de l'Economie
Forestière et du Développement Durable, décembre 2014 p.
16-17.
205 « La côte congolaise accueille de septembre
à mars des pontes de tortues marines. Ces espèces passent 99% de
leur vie en mer. Les mâles ne sortent d'ailleurs jamais de l'eau. Seules
les femelles doivent se hisser pour venir déposer leurs oeufs sur les
plages et repartir en mer au plus vite. En moyenne une femelle sort entre 3 et
7 à 10 fois par saison de pontes, en fonction des espèces. Elles
ne pondent en revanche pas systématiquement chaque année »,
idem, p. 17.
~ 62 ~
compétente en matière de recours de droit commun
contre les décisions rendues par les Tribunaux en vertu du principe du
double degré de juridiction. Dans les deux cas, la mise en oeuvre de
l'action publique a lieu à l'initiative du procureur de la
République206 à qui la loi confère le droit de
saisir les juridictions compétentes.
Le déclenchement de l'action publique donne lieu, sur
la base du réquisitoire introductif207, à l'ouverture
d'une information judiciaire quand l'infraction dont il s'agit est un
crime208.
|