B. L'HYPOTHESE DE L'ETUDE
Une hypothèse est, selon le dictionnaire Le Petit
Larousse illustré, une proposition à partir de laquelle on
raisonne pour résoudre un problème, pour démontrer un
théorème. « C'est aussi une proposition de
réponse qui résulte de l'observation et que l'on peut soumettre
au contrôle de l'expérience ou vérifier par
déduction. C'est donc une réponse ou une solution possible
à une question ou à un problème
donné47».
A la lecture du décret N° 77/245 du 15 juillet
1977 portant organisation des chefferies traditionnelles notamment en son
article 20, ces institutions jouent un rôle dans le processus de
décentralisation. A bien y regarder, l'on se rend compte que ce
décret n'intègre pas complètement la variante
décentralisation. L'article 22 du Projet de décret portant
organisation des chefferies traditionnelles a pris en compte de manière
explicite la mouvance de décentralisation. Celui-ci dispose en effet que
les chefs traditionnels ont en charge de veiller à la sauvegarde et
à la promotion des valeurs et coutumes ancestrales non contraires aux
principes démocratiques; aux droits de l'homme et à la loi, de
transmettre à la population les directives de l'Administration et d'en
assurer l'exécution; collecter les doléances des populations pour
les porter à l'attention de l'Administration et des Collectivités
Territoriales
46 La Constitution de la République Unie du
Cameroun du 2 juin 1972 n'a pas en son sein un titre qui traite de la
décentralisation contrairement aux Constitutions du 4 mars 1960 et du 18
janvier 1996 qui en disposent.
47 NGO YAP LIBOCK Kitoña, La fonction
d'ordonnateur au Cameroun, op. cit., p.17.
Rédigé et présenté par
BELL BELL Luc René Page 14
Chefferies traditionnelles et décentralisation au
Cameroun
Décentralisées; de veiller, sous le
contrôle des autorités administratives compétences, au
placement et au recouvrement des taxes et impôts de l'Etat ou des
collectivités territoriales décentralisées; de concourir,
sous la direction des autorités administratives, au maintien de l'ordre
public et à la réalisation des actions de développement
économique, social et culturel; d'organiser et d'assurer
l'exécution des programmes d'hygiène et de salubrité
publiques. L'article 20 du décret N° 77/245 du 15 juillet 1977
portant organisation des chefferies traditionnelles dispose que «
Indépendamment des tâches qui précèdent, ils
[les chefs traditionnels] doivent accomplir toute autre mission qui
peut être confiée par l'autorité administrative locale
».
Pour sa part, la décentralisation a été
consacrée par la loi N° 96/06 du 18 janvier 1996 portant
révision de la Constitution du 2 juin 1972 et aménagée par
trois lois du 22 juillet 2004 encore appelées lois de
décentralisation. Ces trois lois constituent le noyau dur de la
décentralisation. A côté de celles-ci, on peut adjoindre
d'autres textes juridiques tels le Code électoral, les lois portant
régime financier des collectivités territoriales
décentralisées et fiscalité locale entre autres. Le
Professeur Joseph OWONA assimile la décentralisation à «
un moyen de développement, de la démocratie et plus
particulièrement de la démocratie locale48
». Allant plus loin et dans le même sens, MM. TANG ESSOMBA, FORBAH
TANJONG et NDONGO pensent que « La décentralisation poursuit
trois objectifs majeurs : promouvoir le développement des populations
(...), impulser la participation des communautés locales dans la gestion
de leurs affaires et renforcer la démocratie
locale49». A la lecture de la loi N°2004/017 du 22
juillet 2004 portant orientation de la décentralisation, il en ressort
que la décentralisation a, au niveau local, une triple portée
notamment en matière de développement, de démocratie et de
bonne gouvernance. L'hypothèse de la présente étude est
justifiée par l'impact des chefferies traditionnelles sur le
développement local, la démocratie et la bonne gouvernance
à l'échelon local.
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