C. LA DELIMITATION DU SUJET
La délimitation du sujet a pour but de fixer les
limites de celui-ci. Elle apparait alors comme un outil de précision
facilitant l'examen dudit sujet sans pour autant rejeter ce qui est
étranger au cadre de travail déterminé en avance. La
délimitation d'un sujet permet de mieux le circonscrire. Les balises
retenues pour cette analyse concerneront le temps (1) mais
aussi l'aspect matériel (2).
1. LA DELIMITATION TEMPORELLE
« L'espace peut inclure le temps et le
lieu42». Le sujet « Chefferies traditionnelles et
décentralisation au Cameroun » définit
déjà lui-même le cadre géographique de
l'étude. Il convient dès lors de lui fixer des balises
temporelles.
En ce qui concerne la période que va couvrir cette
étude, elle part du protectorat allemand de 188443
jusqu'à nos jours suivant les différentes formes de l'Etat du
Cameroun dans sa configuration actuelle.
2. LA DELIMITATION MATERIELLE
La délimitation matérielle permet de
préciser l'angle sous lequel seront prises les notions
étudiées.
A ce niveau, le concept de chefferies traditionnelles ne fera
pas l'objet de délimitation matérielle. L'on s'appesantira sur la
délimitation matérielle de la décentralisation selon la
distinction opérée par le cours de Droit administratif
général 1 dispensé par le Professeur GUIMDO. En effet, et
comme mentionné ci-haut, on peut distinguer la décentralisation
territoriale ou géographique de la décentralisation technique ou
fonctionnelle.
41 BODINEAU Pierre et VERPEAUX Michel, op.
cit., p.4.
42 NGO YAP LIBOCK Kitoña, La fonction
d'ordonnateur au Cameroun, Mémoire de Master en Droit Public option
Droit Public Interne, Université de Yaoundé II, 2014, p.12.
43 Traité Germano-Douala signé le 12
juillet 1884 entre les Chefs Douala et des commerçants allemands et
entré en vigueur le 14 juillet 1884. Cf. EFOUBA NGA Sosthène,
Cours d'Histoire des institutions et des faits sociaux, Université de
Yaoundé II, Inédit, 2013-2014.
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Chefferies traditionnelles et décentralisation au
Cameroun
Dans le cadre de ce travail, nous aborderons la
décentralisation sous son volet territorial. La raison étant que
ce type nous permet d'avoir un large spectre contrairement à la
décentralisation fonctionnelle qui est éparse et pas toujours
bien représentée.
D. L'INTERET DU SUJET
L'intérêt du sujet est le propre de tout travail
scientifique. Il permet de dévoiler l'utilité, l'importance, les
avantages, la contribution du sujet dans les domaines qu'il traite.
L'intérêt du sujet participe à l'évaluation et
à la démonstration de la pertinence du sujet. Le thème
Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun
présente un intérêt sur les plans scientifique
(1), social (2) et politique
(3).
1. L'INTERET SCIENTIFIQUE
La doctrine a beaucoup écrit sur la chefferie
traditionnelle et encore plus sur la décentralisation. Mais les deux
concepts mis ensemble n'ont pas encore fait l'objet de beaucoup de recherches
d'après ce que l'on a constaté. Cette étude a alors pour
but d'explorer la question pour faire ressortir sa pertinence. Elle peut aussi
apporter un enrichissement sur la question. Il sera donc question de comprendre
le rôle de l'institution garante de nos coutumes dans la mise en oeuvre
du processus de décentralisation dans notre pays.
2. L'INTERET SOCIAL
Les populations, principales bénéficiaires de
la décentralisation, vivant toutes sur le territoire d'une chefferie
traditionnelle ne perçoivent pas toujours le rôle de cette
dernière dans le déploiement de ce processus. Le foisonnement
social de notre pays fait en sorte que les rapports avec l'autorité
traditionnelle ne sont pas les mêmes partout. L'on observe que les
autorités traditionnelles sont vénérées dans les
Grass Fields et le Grand Nord alors que tel n'est pas le cas dans les
régions du Centre, Sud, Est, Littoral et Sud-Ouest. Il paraît donc
judicieux pour celles-ci de se saisir des implications de leur fonction dans le
processus de décentralisation. Cette étude pourrait permettre
d'éclairer plus d'un sur l'importance de la chefferie traditionnelle
dans la mise en branle de la décentralisation.
3. L'INTERET POLITIQUE
Le contexte camerounais est marqué par
l'émergence des partisans du fédéralisme et de la
sécession. A côté de ces protagonistes, on a ceux qui
pensent que l'accélération du
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Cameroun
processus de décentralisation constitue la solution au
mal-être social observé dans notre pays. Ce travail pourrait
permettre, à notre humble avis, de réduire les tensions
observées ci et là.
La chefferie traditionnelle, collectivité de base de la
société, peut sur le plan politique permettre
l'accélération du processus de décentralisation et une
meilleure compréhension de celui-ci par les populations.
Il y a également à espérer qu'à
travers cette contribution qui, peut-être, fera écho au plus haut
sommet de l'État, le pouvoir central prenne beaucoup plus au
sérieux les chefferies traditionnelles afin que celles aient une part
belle dans le processus de décentralisation.
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