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Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun


par Luc René BELL BELL
Université de Yaoundé II - Soa - Master en droit public 2020
  

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B. La redevabilité sur les affaires locales

La redevabilité fait référence, pour la Stratégie Nationale de Gouvernance, à « l'obligation de rendre compte et se traduit entre autre par la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics337». La spécificité de la redevabilité est basée sur « la transparence financière qui implique les choix budgétaires rationnels, et puis généralement un contrôle interne et externe de la régularité de fonctionnement338». Elle traduit ainsi à l'échelle locale, l'impératif pour les élus de rendre compte au public de leur gestion. Celle-ci doit être irréprochable et dénuée de toutes pratiques malsaines telles la corruption, les détournements de deniers publics, les délits d'initiés, etc.

La redevabilité des autorités administratives décentralisées suppose leur responsabilité (1) et l'implication des populations au sein de certaines instances (2).

1. La responsabilité des élus locaux

La responsabilité ou imputabilité des élus locaux a trait « au rapport qui unit la population locale et ses représentants, ainsi qu'aux mécanismes qui garantissent l'obligation pour les décideurs de rendre des comptes aux citoyens, notamment dans le domaine des services publics et dans celui des mesures prises au nom des citoyens339».

Cette responsabilité est assimilable à ce que les privatistes appellent la reddition de comptes qui est une « procédure consistant pour celui qui a géré les intérêts d'autrui (le rendant), à présenter à celui auquel il est dû (l'oyant), l'état détaillé de ce qu'il a reçu ou dépensé, dans le but d'arriver à la fixation du reliquat (le débet)340». M. MOMO parle

d' « obligation redditionnelle341» qui a pour but d'évaluer la performance des politiques publiques locales et de sanctionner les gestionnaires indélicats. Il s'agit donc, pour les autorités traditionnelles, de passer en revue la gestion des élus locaux au peigne afin de s'assurer que l'intérêt général a été la boussole de ces derniers. La redevabilité interpelle la responsabilité des élus « à ne pas perdre de vue leur raison d'être, à savoir, répondre à la demande de gouvernance de la société et fournir aux usagers des prestations de qualité342».

337 MINEPAT, Stratégie Nationale de Gouvernance, 2015, p.8.

338 MOMO Bernard, « Renforcer la stratégie d'organisation des structures et de gestion de l'Etat du Cameroun », op. cit., p.58.

339 IDEA (Institut International pour la démocratie et l'assistance électorale), Cadre d'évaluation de l'état de la démocratie locale, 2015, p.25.

340 GUINCHARD Serge et DEBARD Thierry (dir.), Lexique des termes juridiques, op. cit., p.1722.

341 Bernard MOMO, « Renforcer la stratégie d'organisation des structures et de gestion de l'Etat du Cameroun », op. cit., p.58.

342 Ibid., p.56.

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 122

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La responsabilité des élus locaux pourra être mise en cause lorsque ceux-ci ne se seront pas montrés aptes à résoudre les préoccupations de leurs administrés. Il convient de rappeler que cette responsabilité a plusieurs niveaux. Nous marquerons un temps d'arrêt sur la responsabilité politique et la responsabilité pénale des élus locaux. D'une part, l'engagement sur le plan politique de a responsabilité d'un élu local traduit généralement l'absence d'adhésion des choix politiques de ce dernier par les populations. A ce niveau, on remarque un manque de redevabilité envers les populations. La conséquence immédiate est un vote-sanction aux prochaines échéances électorales. De cette façon, les consultations électorales « permettent au peuple d'exercer un contrôle politique343». D'autre part, l'engagement de la responsabilité d'un élu local sur le plan pénal peut intervenir lorsque celui-ci a posé des actes réprimés par le Code pénal. Les chefs traditionnels, en leur qualité de représentants des populations et électeurs d'une catégorie de conseillers régionaux, peuvent saisir les juridictions compétentes en cas de commission d'infractions.

La responsabilité des autorités locales peut déboucher sur l'implication des populations au sein de certaines instances.

2. L'implication des chefs traditionnels au sein de certaines instances

L'implication des populations de manière générale et les chefferies traditionnelles de manière particulière permet d'inclure celles-ci dans le processus de redevabilité. Il est question pour celles-ci d'apprécier par elles-mêmes ceux qui est fait par leurs élus locaux ou leurs mandants.

Il s'agit à cet effet des comités de suivi de l'exécution physico-financière de l'investissement public institués par le Premier Ministre par un décret en date du 13 septembre 2013. A l'exégèse de ce texte, on note la présence des chefs traditionnels au sein des différents comités chargés de l'exécution physico-financière de l'investissement public344. Ces instances ont pour mission principale de « promouvoir le principe de transparence à travers une approche participative de suivi dans la gestion de l'investissement public, intégrant les principes de gestion axée sur les performances345». Les autorités traditionnelles présentes au sein de ces instances veilleront alors à informer les populations de

343 Ibid., p.59.

344 Décret N° 2013/7987/PM du 13 septembre 2013 portant création, organisation et fonctionnement des comités de suivi de l'exécution physico-financière de l'investissement public prévoit quatre comités de suivi de l'exécution des projets impliquant les autorités traditionnelles à savoir le comité communal, le comité départemental, le comité régional et le comité national.

345 Art 2 al 1 Décret N° 2013/7987/PM du 13 septembre 2013 précité.

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l'ensemble des projets d'investissement public programmés dans leur localité pour chaque exercice, s'assurer du respect du journal de programmation des marchés publics, recueillir les observations relatives à la qualité et à la réalisation effective des projets exécutés au cours de l'exercice budgétaire en cours ou de ceux antérieurs, s'assurer de l'effectivité des réalisations physiques et de se faire justifier le cas échéant, des écarts entre les prévisions et les réalisations346. Elles veilleront également à contribuer à l'élaboration des rapports de performance des administrations en renseignant les états de performance relatifs aux projets de ressort, préparer les données de l'exécution de l'investissement public en vue de l'élaboration des rapports d'évaluation du budget de la collectivité et apprécier le niveau de satisfaction des bénéficiaires des projets347.

En tout état de cause, l'implication des chefferies traditionnelles au sein de ces instances a une double justification, d'une part, il est question pour ces dernières d'apprécier la redevabilité de leurs élus locaux, d'autre part, il s'agit de représenter les populations dont elles ont la charge au sein de ces instances en vue de faire passer leur point de vue en ce qui concerne l'exécution des projets qui leur sont liés directement.

La redevabilité des agents publics locaux envers leurs administrés et les autorités traditionnelles, peut permettre, dans une moindre mesure, d'améliorer au niveau local le climat des affaires.

§2 - L'apport au climat local des affaires

Le climat des affaires est « l'ensemble des facteurs politiques, juridiques, économiques, sociaux et même culturels qui poussent un investisseur à décider de d'installer dans un milieu ou dans un pays donné pour faire ses affaires348». De manière simple, il s'agit des conditions permettant le développement des affaires dans un pays. Plus étroitement, le climat local des affaires est l'ensemble des éléments qui favorisent l'éclosion et le développement des activités économiques dans une collectivité locale.

L'apport des chefferies traditionnelles au climat local des affaires passe par l'assainissement de celui (A) ainsi que l'accompagnement des acteurs économiques (B).

346 MINEPAT, Document de vulgarisation du Décret IV° 2013/7987/PM du 13 septembre 2013 portant création, organisation et fonctionnement des comités de suivi de l'exécution physico-financière de l'investissement public, novembre 2013, p.2.

347 Ibid.

348 KIAMBU Janvier, Exposé sur le thème : « Reformes relatives au climat des affaires et des investissements », Journée d'information des femmes entrepreneures sur le guichet unique de création d'entreprise, Kinshasa, 26 juin 2013, p.4.

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 124

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