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Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun


par Luc René BELL BELL
Université de Yaoundé II - Soa - Master en droit public 2020
  

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A. La transparence locale

La transparence locale apparaît comme un droit sur l'action des services publics locaux d'un « droit à l'information (...) et l'obligation d'informer les usagers de manière systématique324». Cette approche semble omettre la fonction de dialogue, de concertation et de contrôle de l'action des autorités locales par les administrés325. La transparence locale implique la mise sur pied par les CTD des manuels de procédures administratives dans l'optique « d'améliorer le management des services et des relations administration / usagers326». En clair, il est question de faciliter « l'accès du public à l'information327».

La transparence locale suppose alors une communication complète et honnête de la collectivité territoriale d'un côté et l'accès de toutes les parties prenantes à une information intégrale328. La transparence locale peut être analysée d'une part par la lisibilité des affaires et services locaux (1) et d'autre part par l'information sur les affaires et services locaux (2).

1. La lisibilité des affaires et services locaux

La lisibilité des affaires et services locaux traduit la transparence dans la gestion des affaires et services des autorités décentralisées. La lisibilité des affaires et services que gèrent les collectivités territoriales décentralisées induit alors selon M. MOMO, « une meilleure lisibilité des circuits administratifs, la traçabilité dans le suivi des dossiers et une meilleure identification des postes de travail329». Il convient alors de s'arrêter d'une part sur la clarté des procédures administratives et d'autre part sur les facilités offertes aux usagers des services.

D'une part, la clarté des procédures administratives, il s'agit de rendre limpide, tant pour l'usager que pour l'agent public local, les mécanismes permettant de réguler le fonctionnement des services public locaux. Ceci passe par l'élaboration du circuit de l'usager, le coût si la prestation est rendue à titre onéreux, la sécurisation des services et des biens qu'ils comportent et la répartition claire des tâches. On peut ajouter à ceux-ci, les nouveaux modes de gestion des services publics qui ont pour but la réduction des contacts entre l'agent

324 ABANE ENGOLO Patrick Edgard, op. cit., p.162.

325 Ibid.

326 MOMO Bernard, « Renforcer la stratégie d'organisation des structures et de gestion de l'Etat du Cameroun », op. cit., p.44.

327 MINEPAT, Stratégie Nationale de Gouvernance, 2015, p.78.

328 MOMO Bernard, « Renforcer la stratégie d'organisation des structures et de gestion de l'Etat du Cameroun », op. cit., p.58.

329 Ibid., p.44.

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 119

Chefferies traditionnelles et décentralisation au Cameroun

et l'usager par l'informatisation, la réduction de la chaîne administrative. Face à cette mouvance de l'administration locale, il appartient aux autorités traditionnelles de veiller à ce que l'administration décentralisée soit toujours dans la dynamique de la lisibilité pour le bien des populations.

D'autre part, les facilités offertes aux usagers des services publics locaux permettent de rendre ces derniers efficients et répondre convenablement aux préoccupations des usagers au regard de certains dysfonctionnements observés dans ces services330. Il est question de permettre « aux populations elles-mêmes à travers leurs élus, de gérer leurs affaires de façon autonome331». Ces facilités visent « l'amélioration de la qualité des services à l'usager332». Celles-ci consistent à l'implantation services locaux partout où le besoin se fait ressentir, la mise à disposition de documents à la portée des usagers entre autres. La mission des autorités traditionnelles est à ce niveau, bien que n'étant pas inspecteurs des services publics locaux, de s'assurer que lesdites facilités soient offertes à tous. De plus, suivant la possibilité offerte aux chefs traditionnels de seconder les autorités administratives dans l'encadrement des populations333, ils peuvent offrir certains services à leurs administrés après délégation expresse de l'autorité administrative.

La lisibilité des affaires et services locaux va de pair avec l'information sur les affaires et services locaux destinée au public.

2. L'information sur les affaires et services locaux

L'information sur les affaires locales et la gestion des services publics locaux est le point d'orgue de la transparence locale. Il est question notamment pour les autorités traditionnelles et leurs populations de s'enquérir de toutes les informations concernant la gestion de leurs collectivités locales afin de s'assurer que cette gestion soit saine et va dans le sens de l'intérêt général.

L'information des autorités traditionnelles et leurs administrés par les autorités administratives décentralisées est faite via la communication sur les actions de celles-ci et la mise à disposition de l'information au public.

330 Ibid., p.59.

331 Ibid., p.45.

332 Ibid., p.59.

333 Art 19 Décret N° 77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles.

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 120

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S'agissant d'une part de la communication sur les actions de la collectivité, il est question pour cette dernière de faire savoir, au public en général et aux chefferies traditionnelles en particulier, ce qu'elle a fait, ce qu'elle fait et ce qu'elle fera dans l'intérêt de tous. En réalité, la collectivité par un effort de communication informe le plus grand nombre sur ses réalisations menées ou à mener et même en cours. Cette ouverture communicationnelle participe à la bonne gouvernance locale et permet de lutter contre le mutisme observé dans nos collectivités locales. En saisissant ce canal, l'autorité décentralisée informe sur ses réalisations sous forme de bilan. Ce qui permettra à coup sûr d'apprécier son action. Suivant toujours la même logique, l'autorité administrative « informe les différentes autorités locales (en particulier les chefs traditionnels) des intentions334» de la collectivité. L'information que la collectivité locale met à la disposition des autorités traditionnelles est de nature à garantir un climat de confiance quant à la prise en compte de leurs aspirations.

S'agissant d'autre part de la mise à disposition de l'information, il est question de fournir au public en général et aux autorités traditionnelles, toutes les informations qui leur sont nécessaires dans l'optique de s'assurer de la bonne gestion de leurs collectivités territoriales décentralisées. Le code général des collectivités territoriales décentralisées a reconnu le droit à tout citoyen d'une collectivité le droit de demander communication ou prendre copie partielle ou totale de certains documents335. Ces documents sont entre autres les procès-verbaux des organes délibérants, les budgets des CTD, les projets et rapports annuels de performance, les plans de développement, les comptes et les arrêtés. Le même code prévoit que ces actes « sont également publiés sur le site électronique de la Collectivité Territoriale et déposés à son siège où ils peuvent être consultés336». A ce niveau, les autorités traditionnelles peuvent consulter ces documents pour apprécier le travail fourni par la collectivité. A ce niveau, il faudrait que la collectivité territoriale soit diligente en mettant à la disposition de ces autorités les documents dont elles font la demande. La collectivité locale se doit alors de les produire à la date indiquée et les publier conformément à la loi. Ces informations permettent d'apprécier la gestion de la collectivité ainsi que l'état de développement local.

La transparence locale permet, comme nous l'avons vu ci-haut, de garantir la gestion saine des affaires locales, c'est pourquoi la transparence n'exempt pas la redevabilité des affaires locales.

334 MOUICHE Ibrahim, « Genre et commandement territorial au Cameroun », MBOW Penda (dir.), Hommes et femmes entre sphères publique et privée, CODESRIA, p.154.

335 Art 40 (2) CGCTD.

336 Art 40 (3) CGCTD.

Rédigé et présenté par BELL BELL Luc René Page 121

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