1.3. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DU TUBE DIGESTIF
L'appareil digestif d'O. niloticusest simple et peu
spécialisé. On distingue schématiquement et dans l'ordre
antéropostérieur: les dents (maxillaires et pharyngiennes),
l'oesophage, un estomac en forme de sac, et un long et sinueux intestin
caractéristique des animaux à chaîne alimentaire courte.
Une étude histologique de l'estomac de O. niloticus
révèle une structure autorisant une grande possibilité de
distension, d'où une accommodation facile en cas de larges variations
dans la quantité des particules ingérées. L'intestin est
différencié en un duodénum antérieur court,
à parois minces, et une section postérieure très longue,
avec un plus petit diamètre. La longueur totale de l'intestin entier
varie de 5 à 8 fois la longueur du corps (MORIARTY, 1973).
Dans l'estomac, la digestion se fait en deux temps; les
cellules épithéliales sécrètent d'abord des mucines
neutres et absorbent les composés aisément digestibles tels que
les disaccharides et les acides gras courts. Ensuite, le milieu devient de plus
en plus acide alors que le pH habituel d'une forte activité digestive
chez la plupart des poissons est de 2 - 2,2 ; on enregistre dans un
estomac de O. niloticus,en pleine digestion, des pH de 1,25. Dans ces
conditions, la chlorophylle est décomposée et la lyse des parois
cellulaires des algues bleues est possible. La digestion se poursuit par la
suite dans l'intestin à un pH de 6,8 à 8,8 (MORIARTY, 1973).
La prise alimentaire en milieu contrôlé a lieu
essentiellement en période éclairée, et
l'ingéré met 9 à 11 heures pour traverser le tube digestif
chez l'adulte et moins de 2 heures chez le juvénile (BOWEN, 1982).
1.4. REGIME ALIMENTAIRE
Plusieurs travaux relatifs aux contenus stomacaux d'O.
niloticusrévèlent qu'en milieu naturel l'espèce est
essentiellement phytoplanctonophage, mais peut aussi ingérer des algues
bleues, du zooplancton ainsi que des sédiments riches en
bactéries et diatomées (MORIARTY, 1973).
En milieu artificiel (système de pisciculture), cette
espèce est pratiquement omnivore, valorisant divers déchets
agricoles (tourteaux d'oléagineux, drèches de brasserie, etc.),
tirant parti des excréments de porcs ou de volailles, de déchets
ménagers, acceptant facilement des aliments composés sous forme
de granulés ou pulvérulents.
Il convient de relever que l'acidité gastrique
particulièrement forte chez O. niloticus lui permet
d'être parmi les rares espèces à pouvoir digérer les
cyanophycées (abondantesource de protéines), sans concurrence
notable avec d'autres espèces piscicoles dansl'écosystème
aquatique (LAUZANNE, 1988).
Cette capacité phénoménale d'adaptation
à diversaliments et déchets est à la base de sa haute
potentialité pour la pisciculture.
Le spectre alimentaire de ce tilapia est donc très
large: c'est une espèce opportuniste, qui est capable de se nourrir
à partir des aliments les moins digestibles. Le degré
d'opportunisme de l'espèce est très grand et son régime
alimentaire est souvent plus proche de celui des poissons omnivores ou
détritivores que des herbivores stricts (BOWEN, 1982).
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