2.1 L'Internet comme un moyen de la recherche de
l'information
Parmi les différentes fonctions de l'Internet, la
recherche de l'information tient une place importante. Ainsi nombreux sont des
institutions internationales (UNESCO, OCDE etc.) qui accordent une importance
capitale à la notion d'information. « L'information est
partout, accessible non plus seulement via les médias traditionnels,
bien connus des professionnels de l'information, mais aussi via les
réseaux sociaux, les blogs, les communautés d'utilisateurs sur
Internet, etc. » (Association des Directeurs & Personnels de
Direction des Bibliothèques Universitaires et de la Documentation).
Selon cette Association, que nous allons utiliser pour analyser les
compétences de nos répondants, utiliser l'information de
manière efficace et judicieuse, c'est d'abord savoir identifier et
caractériser son besoin documentaire. C'est être capable de
déterminer les sources pertinentes, les interroger,
récupérer l'information et savoir l'évaluer. Ce
référentiel corrobore avec celle acceptée par Karsenti, t.
et Dumouchel, G. (2013, p.9) lorsqu'ils disent que « pour naviguer
efficacement sur le Web, il est nécessaire de posséder les
compétences informationnelles nécessaires, donc de pouvoir
déterminer de quelle information on a besoin, de la trouver, de
l'évaluer et de l'utiliser efficacement ». De ce fait, ces
compétences sont de plus en plus perçues comme étant
primordiales pour réussir dans la vie en générale et dans
le domaine de l'éducation en particulier.
Nous n'allons pas analyser la performance de nos
répondants avec le référentiel développé par
la CREPUQ (2005) ni celui de l'Association of College and Research
Libraries (ACRL, 2016). Car, ces références sont
développées dans un contexte où la technologie est
avancée et enseignée partout dans les établissements et en
formation continue. Le référentiel que nous allons prendre en
compte pour cette section, est celui de l'Association des Directeurs &
Personnels de Direction des Bibliothèques Universitaires et de la
Documentation (ADPDBUD), que nous avons jugé important dans notre
contexte. Ces compétences sont indispensables chez les chercheurs en
général et chez les enseignants de l'Université en
particulier. Mais elles sont aussi au coeur du bagage professionnel qui doit
accompagner chacun tout au long de sa vie. Les compétences
informationnelles, quant à elles, vont être « l'ensemble
des habiletés requises à l'enseignant pour reconnaître son
besoin de se documenter lorsqu'il
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survient, puis de trouver, d'évaluer et d'utiliser
l'information adéquatement ». Pour dire que l'enseignant est
compétant sur le plan informationnel, il doit donc apprendre à
mobiliser ses ressources internes et les ressources externes dont il dispose,
(suite à ses propres expériences et aussi grâce à la
formation continue qu'il aurait reçue) et ce, de manière efficace
dans le but de trouver, d'évaluer et d'exploiter l'information
judicieusement tout au long de sa profession enseignante.
Ainsi, en ce qui concerne notre recherche, nous disons que,
comme nous avons montré dans nos différents chapitres (chapitre
1, 2 et 3), les enseignants disposent des ordinateurs, donné par le
Président de la République pour leur permettre de faire avec
aisance la recherche, (cela se constate à travers le tableau 15 et 16,
lorsque tous les enseignants enquêtés ont accès à un
ordinateur et 75,94% possèdent un ordinateur portable). Il y a aussi le
campus numérique qui oeuvre dans le domaine des TIC, permettant aux
enseignants d'avoir les compétences nécessaires pour
l'utilisation de l'Internet en donnant une formation permanente dans le domaine
de la recherche documentaire et publication scientifique en ligne. Cependant,
l'analyse des données recueillies montre qu'en général,
les enseignants enquêtés n'ont pas les compétences
techniques pour une meilleure utilisation de l'Internet. Ils ne savent ni
déterminer les sources pertinentes, ni évaluer.
Malgré la formation offerte par le campus numérique de la
francophonie, quatre (4) enseignants seulement de notre échantillon
déclarent avoir bénéficié de cette formation. Ce
qui suppose que le campus numérique de la francophonie ne fait pas assez
de sensibilisation ou des conférences dans le milieu universitaire pour
montrer l'importance de se faire former en recherche documentaire ou la
publication scientifique. Soit compte tenu de nombre important des enseignants
au grade assistant, la recherche est moins pratiquée et cela peut
entrainer un faible l'utilisation de l'Internet par les enseignants.
Les résultats soulignent que malgré l'influence
de certains critères comme sexe, âge et les expériences
dans l'enseignement sur les pratiques d'Internet des enseignants
enquêtés, les compétences des enseignants en matière
de l'Internet restent très inférieures au niveau requis pour la
plupart d'entre eux. Sachant que toute recherche d'information se base d'abord
sur la notion d'un besoin d'information (Dumouchel Op. cit, p 59), les
répondants se rendent sur l'Internet pour combler les lacunes ou «
d'incohérence dans leur connaissance ». Ici, nous ne
pouvons pas encore parler de compétence, car il s'agit de l'état
brut de la recherche, c'est-à-dire tout commence par un besoin
d'information. Même si 89% des répondants, pensent qu'il faut
prendre les informations provenant de net avec réserve. Seul un nombre
minimal des enseignants ont les connaissances nécessaires pour
rechercher les informations à travers l'Internet (4,05% qui ont
montré comment reconnaitre un site). Nous pouvons donc dire que, si
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les répondants accordent une place importante à
la recherche de l'information dans leur propos, c'est-à-dire lorsqu'un
besoin se fait sentir dans le cadre de l'enseignement apprentissage, ils se
rendent sur l'Internet, mais ils n'ont aucune stratégie avancée
pour mener avec aisance la recherche (surtout le savoir évaluer dans un
contexte de surabondance d'information). Cela témoigne exactement le
fait qu'il y a moins des enseignants qui font réellement des recherches
dans l'enseignement du supérieur au Tchad. Cela est
compréhensible, lorsque la majorité des enquêtés
n'ont pas suivi une formation dans le domaine de la recherche. D'ailleurs
à titre d'exemple, dans un contexte comme au Québec où les
TIC sont tellement avancées Karsenti, T. et all (2013, p.110) ont
montré dans plusieurs études empiriques que les enseignants
reçoivent peu de formations liées à leur transposition
didactique (Dumouchel et Karsenti, 2013 ; Karsenti et UNESCO, 2011, 2013). Ce
qui est étonnant, certains enseignants enquêtés même
si le besoin est là, l'Internet n'est pas la voie sollicitée pour
satisfaire ce besoin. Nous reconnaissons honnêtement que certains
enseignants n'ont pas les besoins en information même s'ils se disent
« enseignants chercheurs » et malheureusement, ces
enseignants vont souvent en grève pour revendiquer ce droit à
l'Etat. Ces enseignants se contentent des cours qu'ils ont reçus
à leur époque pendant leur formation initiale, pour dispenser
exactement le contenu. Ceux-ci n'ont plus besoin d'actualiser leur cours ni
d'actualiser leurs connaissances dans leur domaine.
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