1. Présentation générale du Tchad
Pays sahélien, le Tchad est situé au coeur de
l'Afrique, avec une superficie de 1 284 000 km2 dont deux tiers sont
désertiques (zone Borkou, Ennedi, Tibesti). Du Nord au Sud, le pays
s'étend sur 1700 km et l'Ouest à l'Est sur 1000 km, avec comme
pays limitrophes le Soudan à l'Est, la République Centrafricaine
et le Cameroun au Sud et le Niger et le Nigéria à l'Ouest. Le
pays est fortement enclavé et dépendant des ports de Douala au
Cameroun et de Harcourt au Nigeria pour ses échanges commerciaux avec
l'extérieur. C'est le cinquième pays le plus vaste d'Afrique. Exe
colonie française, le Tchad compte 23 région, divisées en
départements donc les langues officielles sont l'Arabe et le
Française, langue héritée de la colonisation comme les
restes des pays colonisés. La population tchadienne comptait 11 175 915
habitants en 2009 (dont 50,7 % de femmes), estimée aujourd'hui
près de 15 millions d'habitant. Près de la moitié de la
population (47 %) est concentrée sur 10 % de la superficie totale. Cette
population est dans une large proportion rurale puisqu'en 2009, elle
représente 78,3 %. Le taux d'alphabétisation est 33,6%, (l'UNESCO
et du PNUD 2013) derrière l'Ethiopie (35,9%). Selon RESEN (2016) le
Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant est passé de 314 000 F
CFA en 2005 à 357 000 F CFA en 2011, soit une croissance moyenne
annuelle de 2,16 %. La recette de l'Etat est de 1 173,6 milliards, soit une
augmentation moyenne de 99,4 milliards par an depuis 2000 en raison de
l'exploitation de pétrole. La dépense estimée en
éducation en 2012 représente 10,4 % du budget
général de l'État selon les ministères
responsables. Et reparti comme suit : l'enseignement fondamental (primaire et
collège) constitue 47,7 %, l'enseignement primaire est estimé
à 38,7%, sous-secteur de l'alphabétisation et de
l'éducation non formelle est 1,6 %, du budget total de
l'éducation.
La république du Tchad est un pays dont le niveau de
revenu est l'un des plus bas du monde, 38 % de la population vivant au-dessous
du seuil de pauvreté en 2011.
33
2. Description du système d'enseignement
supérieur au Tchad
L'enseignement supérieur au Tchad a
débuté en 1971 avec la création de l'Université de
N'Djamena et depuis lors, il s'est diversifié et
développé. La deuxième institution, l'Université
Roi Fayçal, sera créée en 1 9 9 2 . En application des
directives relatives à la mise en place du système LMD dans
l'espace CEMAC, l'enseignement supérieur Tchadien qui s'est
arrimé à ce système en 2009, comprend désormais
trois cycles de formation : la Licence, le Master et le Doctorat, même si
le dernier cycle n'est pas encore généralisé
jusqu'aujourd'hui.
Le rythme de création des établissements
universitaires s'est accéléré à partir de 2002,
avec l'ouverture progressive de nouveaux établissements dispensant un
large éventail de connaissances. L'action des pouvoirs publics sera
utilement complétée et renforcée à partir de 1989
par des initiatives privées d'enseignement supérieur,
s'investissant dans les formations techniques et professionnelles. Le
système a connu une expansion fulgurante ces quinze dernières
années rapprochant l'offre à la demande. En effet, le Tchad ne
comptait en 2000/2001, que 6730 étudiants dont 14,5% de filles, repartie
essentiellement dans 07 établissements d'enseignement supérieur,
à caractère ou d'utilité publics. Ceux relevant du
privé étaient très peu développé. En 2015,
on dénombre plus de 43000 étudiants dont 19% des filles repartie
dans plus de 140 établissements. Le public constitué de 10
Universités, 06 instituts et 04 écoles normales, absorbe environ
77% d'étudiants et le privé, avec plus de 130
établissements absorbe environ 23% d'étudiants. Le système
compte également 04 organismes sous tutelle en charge des recherches,
des oeuvres universitaires, des fonciers et des examens et concours du
supérieur. Le tout piloté par une administration centrale.
L'action combinée des pouvoirs publics et des opérateurs
privées a entraîné l'augmentation de l'offre des formations
universitaires et, partant, l'augmentation fulgurante de la population
estudiantine, estimée à 45749 étudiants en
20178. Les établissements du service public de l'enseignement
supérieur regroupent environ 80% de la population estudiantine
totale.
Les diverses dispositions législatives
cohérentes, étalées dans le temps, ayant favorisé
ce développement et leur mise en oeuvre progressive, se lisent à
travers des indicateurs tels que : la diversification de l'offre universitaire
à travers la création de nouveaux établissements;
l'ouverture de l'enseignement supérieur aux initiatives privées;
la réforme LMD ; la création d`Ecoles doctorales ; l'instauration
de droits universitaires dans
8 Plan Intérimaire de l'Education au Tchad (PIET) 2018-
2020
34
les Universités publiques et la suppression des bourses
d'étude.
En dépit des progrès visibles, les institutions
universitaires restent confrontées à de nombreux problèmes
dont la persistance peut, à terme, nuire à la performance de
l'institution, notamment : la pertinence et la qualité des enseignements
; l'insuffisance qualitative et quantitative du corps enseignant,
constitué en majeure partie d'assistants ; une recherche scientifique
embryonnaire ; des infrastructures pédagogiques insuffisantes ; des
ressources financières insuffisantes et affaiblies par le poids des
oeuvres universitaires.
Les difficultés auxquelles est aujourd'hui
confronté l'enseignement supérieur au Tchad sont susceptibles de
compromettre son développement et le rôle qu'il est censé
jouer dans la transformation socioéconomique du pays. Ces
difficultés relèvent de trois catégories de défis :
le défi de l'accès et de l'équité : l'accès
dans le supérieur est très faible, avec de fortes
inégalités en défaveur des filles et dans la
répartition géographique des institutions universitaires, avec
une forte concentration dans la capitale. Par ailleurs, on note une faiblesse
de politique volontariste pour les étudiants vulnérables ou issus
des milieux défavorisés ; le défi de la qualité :
la mise en oeuvre partielle du système LMD ; l'inadéquation de
l'offre d'enseignement avec les besoins du marché de travail : alors
qu'à l'échelle de la planète, la tendance des formations
est à la professionnalisation, au Tchad, la formation théorique
universitaire représente encore 82% des enseignements ; la faible
utilisation des TIC ; le défi de la gouvernance : l'absence d'un
dispositif d'assurance-qualité pouvant permettre une
autoévaluation des institutions ; un déséquilibre dans la
répartition des enseignants permanents dans les établissements
publics; l'insuffisance des ressources financières allouées aux
Universités; une gestion déficiente du bilinguisme
français-arabe.
|