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L'accord de Paris dans l'enjeu climatique


par Assiri A. Ephraïm OBROU
Université Catholique de l'Afrique de l'ouest- Unité Universitaire à Abidjan (UCAO-UUA) - Master en droit public 2019
  

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Paragraphe 2 : La participation au processus décisionnel

La participation est un principe d'aménagement du fonctionnement des institutions qui consiste à associer au processus de décision les intéressés ou leurs représentants115. Elle implique nécessairement que les composantes de la société civile aient accès à l'information (A) afin de pouvoir aisément prendre part aux débats climatiques (B).

A- L'accès à l'information

L'information est considérable dans toute démarche complexe. Il est irrésistible d'avoir une bonne information avant de s'engager sur les sentiers tortueux de la lutte contre le réchauffement planétaire.

Cette information est, dans la majorité des conventions sur l'environnement, requise des gouvernants par leurs administrés. Elle doit pouvoir apporter des lumières aux lanternes du public. C'est ce qui ressort de l'article 10 du Protocole de Kyoto. Il indique que les Parties soutiennent et facilitent par leur coopération l'accès de celui-ci aux informations concernant les changements climatiques116. Jl n'énumère pas les éléments qui sont censés être portés à la connaissance du public. Cela laisse subsister des doutes qui ne peuvent être éclaircis par l'analyse de ses lignes. Le défaut de précision d'informations ne permet pas de savoir quel genre de données sont en cause. Des questions se posent : les informations transmises doivent-elles concernées les causes du réchauffement, les taux d'émissions ou bien l'impact des

114 BIDOU (J.N.), « Ethique et éducation à l'environnement », Éducation relative à l'environnement, Centr'ERE, vol. 8, 2009

115 GUINCHARD (S.), DEBARD (T.), Lexique des termes juridiques, Dalloz, 25ème éd, 2017-2018

116 Art. 10 § e) Protocole de Kyoto

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mesures prises sur la hausse des températures ? Le Protocole de Kyoto ne se prononce pas sur ces questions.

Tout comme le Protocole de Kyoto, l'Accord de Paris insiste sur le fait que les Parties doivent tout mettre en place afin de faciliter l'accès à l'information dans le domaine des changements climatiques117. La large diffusion des informations en matière environnementale est indispensable pour faire progresser la lutte contre le réchauffement climatique. Cependant, une différence notable se fait sentir entre le Protocole de Kyoto et l'Accord de Paris. En effet, dans le deuxième, l'accès de la population à l'information doit être fait de façon à renforcer l'action engagée118. Autrement dit, les informations auxquelles la population va accéder doivent lui permettre de consolider les actions déjà entreprises contre le réchauffement climatique. Cela suppose bien évidemment qu'une catégorie précise d'informations doit être apportée. Car en matière de hausse des températures toutes les informations ne sont pas déchiffrables et compréhensibles par la population. Bien qu'il s'agisse le plus souvent de données stratégiques, il est indispensable que les Parties les rendent plus abordables avant de les livrer à la population. De cette manière, le public peut demander des informations sur les émissions anthropiques par les sources et des absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre, le renforcement des capacités, les mesures d'adaptation entreprises et bien d'autres. On peut le comprendre, s'il n'y a pas transmission des informations intelligibles, il ne peut y avoir aucune confiance entre les citoyens et les pouvoirs publics qui organisent la participation, et sans confiance il ne peut y avoir participation réellement utile119. Par le public, on fait allusion à la société civile. La société civile, faut-il y revenir, regroupe les organisations non gouvernementales et d'autres associations qui impliquent les citoyens dans la vie locale et municipale120. Ainsi, en vertu de l'article 12 de l'Accord de Paris, chaque individu doit pouvoir toucher du doigt les renseignements relatifs au réchauffement climatique. Pour la société civile qui contient tous les citoyens, ce besoin vital est étanché par l'Accord.

Les pouvoirs publics sont astreints au niveau national à assurer une réelle information du public. Cela passe inévitablement dans un premier temps par la publication de certains documents comme ceux qui portent sur le taux de pollution national, et plus spécifiquement

117 Art. 12, Accord de Paris

118 § 84 Décision 1/COP 21 de l'Accord de Paris

119 LEPAGE (C.), « La participation du public aux prises de décision : une mutation incontournable », Annales des Mines- Responsabilité et environnement, FFE, vol. 1, n°81, 2016, pp. 61-64

120 BENTAHAR (M.), Quelques rappels sur la société civile, sa place son rôle et son lien avec la démocratie, http://www.blogs.médiapart.fr/

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des secteurs les plus générateurs de dioxyde de carbone (CO2). Dans un second temps, cet accès à l'information signifie que les registres de données environnementales sont ouverts à la population. Le public pourra de cette manière s'imprégner des réalités environnementales. Aussi, toutes les couches sociales sans discrimination doivent bénéficier de ce droit d'accéder aux bonnes informations. Cela, afin de savoir l'état d'avancement de la lutte contre le réchauffement climatique et les améliorations à apporter. Cela ramène à l'idée suivant laquelle les particuliers et les associations doivent avoir pleinement connaissance des politiques prévues par leurs gouvernants. Cette démocratisation de l'information est une avancée majeure car les décisions prises au sommet de l'État pourront être absorbées par la population qui en aura une nette connaissance. L'ouverture vers la société civile permet aussi de renouveler le rôle de l'État comme arbitre privilégié entre les intérêts des pouvoirs économiques et les attentes des citoyens121. La société civile peut être un allié solide dans la diffusion des informations qui sont axées sur l'environnement. L'article 12 de l'Accord de Paris se présente comme une invitation à inclure la vigilance citoyenne dans le cadre de transparence122. Puisque c'est à lui que vont s'appliquer les mesures, il est essentiel que le public sache les tenants et aboutissants des actions entreprises par les gouvernants. Les ONG et autres associations de la société civile serviront d'unité de mesures des progrès accomplis et permettront par la même de combler les lacunes.

L'information est bien, mais en discuter est mieux. Ainsi, toute bonne information doit pouvoir donner suite à un débat équilibré entre les gouvernants et leur population.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard