B- La formation du public
L'ignorance est le foyer de toute incompréhension et
donc de tout conflit. L'éducation est un pan déterminant dans la
lutte contre le réchauffement planétaire. Pour accroître
donc l'efficacité des mesures prises, il est impérieux de
procéder à la formation des populations.
Cette mission est clairement placée dans le cadre de la
compétence des pouvoirs publics. Principalement, ce rôle est le
leur. Suivant la Convention de Vienne sur la protection de la couche d'ozone,
les Parties coopèrent à plusieurs niveaux dont celui de la
formation. Ils doivent assurer la formation appropriée du personnel
scientifique et technique110. Ainsi, seuls les experts dans les
domaines du réchauffement climatique sont concernés par la
formation que sont censées assurer les Parties. Tout le dispositif
instructif est axé sur ces derniers. Il n'y a pas de place pour d'autres
acteurs. Comme on peut le voir, la Convention de Vienne restreint la formation
en matière de compréhension et de technique concernant les
changements climatiques au cercle pourtant limité des scientifiques. On
peut humblement avancer que ces scientifiques sont ceux qui appartiennent
à l'administration publique de chaque Etat partie. En outre, les
scientifiques privés sont fustigés. En allant plus loin, les
dispositions de la Convention de Vienne se révèlent en la
défaveur de la population. Tout ceci contribue à faire des
questions climatiques l'affaire des experts.
L'Accord de Paris suit une perspective différente.
C'est ce qui s'extirpe de la décision de l'Accord. Celle-ci invite
les Parties à étudier les moyens de développer la
formation du public de façon à renforcer l'action engagée
au titre de l'Accord111. Ainsi, la formation du public se situe
dans la veine de l'accomplissement des objectifs de l'Accord. Il s'agit ici
d'approcher le public afin de l'aider à mieux appréhender les
enjeux climatiques. La formation envisagée peut être
qualifiée de permanente. Elle englobe l'ensemble des processus
destinés à permettre à leurs bénéficiaires
d'actualiser, de compléter ou d'étendre leurs connaissances
théoriques ou
109 § 134 Décision 1/COP 21, décembre 2015
110 Art. 4 § 2 al. b) Convention de Vienne sur la protection
de la couche d'ozone
111 § 84 de la décision 1/COP 21 de l'Accord de
Paris
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pratiques. Elle suppose donc une stabilité pour mener
à bien le renforcement des capacités. A cette lourde tâche,
les États Parties doivent s'adonner de sorte à rendre possible
l'atteinte des objectifs de l'Accord. Désormais, la population doit
être formée afin d'appliquer les bons gestes, c'est-à-dire
ceux qui sont susceptibles de canaliser la hausse des températures. Il
s'agit par exemple de la réduction de la pollution au niveau des
ménages ou des automobilistes. Il est urgent que la population soit bien
outillée pour participer efficacement et appliquer les mesures
d'adaptation et d'atténuation aux changements climatiques. Cependant,
l'État ne peut pas avoir la mainmise sur tout le système
éducatif, et qui plus est en matière environnementale. Il peut
tout au plus fixer le cadre général. C'est pour cela qu'il
pourra, dans sa mission, recourir à l'assistance des ONG et autres
associations qui possèdent des compétences certaines dans ce
domaine. Ces dernières décennies, les ONG sont devenues des
acteurs incontournables de la réflexion sur l'environnement. Le souci de
joindre la société civile à la lutte contre le
réchauffement climatique est nettement notable dans l'Accord.
La société civile s'empare de la cause
climatique d'une manière radicalement nouvelle. En accordant une place
à la société civile dans l'enjeu climatique, l'Accord par
truchement reconnait l'importance de sa participation à la lutte contre
le réchauffement climatique. Toutes les composantes de la
société civile sont ainsi impliquées dans les
stratégies de formation que peuvent échafauder les Etats Parties.
Il faut rajouter que cette dynamique a aussi pour but de renforcer les
capacités des pays en développement Parties. En
considérant davantage l'Accord de Paris, on peut dire que la question
climatique est devenue une cause citoyenne112. La
société civile est, comme précédemment
souligné, au coeur des questions environnementales. L'Accord, en les
mentionnant, leur accorde une place de choix. Si les domaines d'intervention
des ONG varient en fonction de leurs objectifs propres, ceux-ci s'organisent le
plus souvent autour de la lutte contre les changements climatiques. Ainsi,
vont-elles se pencher sur la formation des populations afin que celles-ci
adoptent les meilleures manoeuvres pour réduire leurs émissions
de gaz à effet de serre. Les ONG interviennent dans la sphère
publique par le biais de campagne de mobilisation et atelier de formation
visant le grand public113. Elles peuvent utiliser un large
éventail de méthodes pour galvaniser la population pour qu'elle
s'oriente vers des pratiques neutres en carbone. Il y va de la survie de la
planète et le respect
112 TORRE-SCHAUB (M.), « Changement climatique : la
société civile multiplie les actions en justice », 31
août 2018,
http://www.ritimo.org/
113 « La société civile et l'environnement
», pp 92-93, http://www.letudiant.fr/
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des consignes permettra à la société
d'économiser de l'eau, de l'énergie, de limiter les rejets de gaz
à effet de serre, de recycler les déchets et tant d'autres
comportements utiles et nécessaires114.
Les dispositions de l'Accord viennent réorganiser la
lutte contre la hausse des températures. La société
civile, à qui l'Accord de Paris adresse une attention
particulière, se voit désormais reconnaître un rôle
majeur qui ne peut faire l'objet d'aucune autre interprétation.
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