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L'accord de Paris dans l'enjeu climatique


par Assiri A. Ephraïm OBROU
Université Catholique de l'Afrique de l'ouest- Unité Universitaire à Abidjan (UCAO-UUA) - Master en droit public 2019
  

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Section 1 : Une neutralité carbone citée mais vidée

La neutralité carbone implique un équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de l'atmosphère par les puits de carbone196. L'Accord de Paris aborde cette thématique sans pour autant être précis dans la démarche à suivre pour l'atteindre. L'on constate ainsi que l'Accord propose un objectif ambitieux sans réel fondement (Paragraphe 1) et repousse la transition énergétique (Paragraphe 2) pourtant indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique.

Paragraphe 1 : Un objectif sans réel fondement

L'objectif majeur de l'Accord de Paris est de contenir l'élévation de la température en dessous des niveaux préindustriels. Cependant, dans ses articles, il manque de préciser les émissions en cause (A) et de définir un objectif chiffré (B).

196 « Qu'est-ce que la neutralité carbone et comment l'atteindre d'ici 2050 ? » http://www.europarl.europa.eu/

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A- L'absence de précision des émissions en cause

Les changements climatiques se font de plus en plus oppressants. L'Accord, dans sa ligne de mire, cherche à promouvoir la résilience à ces changements et un développement à faible émission de gaz à effet de serre197.

La neutralité carbone suppose un comportement déterminé de la part des Etats et elle passe principalement par la réduction des gaz à effet de serre. Elle ramène à l'idée suivant laquelle les Parties doivent tout mettre en oeuvre pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Il est important de bien comprendre que l'augmentation de l'effet de serre provient majoritairement de la combustion des combustibles fossiles198. Naturellement ces gaz sont présents dans l'atmosphère, mais l'effet de serre additionnel dû aux activités humaines est responsable du réchauffement climatique. L'Accord de Paris, malgré tout, ne donne pas un seul indice pour guider les Parties dans le dessein d'atteindre la neutralité carbone. En outre, il ne dit rien quant aux émissions que les Parties devront réduire prioritairement. Il existe plusieurs types de gaz et chacun possède une nocivité différente des autres. Ainsi, l'incertitude prend le dessus. Si aucune précision n'est concédée, il est légitime de penser que tous les gaz à effet de serre ont vocation à être réduit. Cette large panoplie de possibilités n'est aucunement rassurante. Car comme le souligne les scientifiques du GIEC, certains gaz sont plus polluants que d'autres. Le caractère lacunaire de ses dispositions sur une partie aussi stratégique ne va pas sans mettre en doute l'ambition de la neutralité carbone. Sans clarification, il n'est pas évitable que certaines Parties s'emploient à atrophier seulement les rejets des gaz dont l'emprunte carbone est relativement faible.

A l'inverse de l'Accord, le Protocole de Montréal ne garde rien pour lui. Il expose explicitement dans ses annexes199 les différents gaz et autres substances pour lesquels des réductions de consommation sont impératives. Le Protocole de Montréal s'offre comme un mécanisme qui contient le plus grand nombre de substances néfastes pour la couche d'ozone. Après lui, vient le Protocole de Kyoto complétant la CCNUCC. Il présente plusieurs gaz à effet de serre qu'on retrouve dans son annexe A200. En tout, il se penche sur six (06) gaz à effet de

197 Art. 2 § 1 al. b) Accord de Paris

198 MATHIS (P.), « Energie, gaz à effet de serre et climat : un enjeu considérable », LES ENERGIES, 2011, pp. 62-76

199 Annexes A, B, C, E et F sur les substances règlementées par le Protocole de Montréal

200 « Gaz à effet de serre

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serre préjudiciables pour la stabilisation des températures sur la surface de la planète. Le Protocole de Kyoto se penche sur l'un des gaz les plus dangereux pour l'atmosphère, le dioxyde de carbone. Cette voie n'est en aucun moment empruntée par l'Accord de Paris. Non seulement il n'impose pas aux Parties des réductions de gaz déterminés, mais aussi il ne les incite à aucune initiative.

En plus de ne pas s'avancer franchement sur les émissions en cause, l'Accord ne met pas sur la table les secteurs à fort potentiel de pollution. Ses lignes ne laissent pas entrevoir les secteurs pour lesquels les Parties devront procéder à quelques réaménagements pour parvenir à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Les secteurs pétrolier et minier n'apparaissent pas. Et pourtant, leur impact sur la pollution de l'air, des océans, et donc par truchement sur le réchauffement climatique est considérable. Aussi, le secteur des transports est ignoré201. Alors qu'il constitue à lui seul plus de 8% de la pollution mondiale. Routier, maritime ou aérien, les déclinaisons du domaine des transports sont nombreuses. Selon plusieurs études, il est le premier consommateur d'énergies fossiles après les ménages. Cependant, l'Accord n'en fait guère mention. Aucun élément ne fait clairement référence à ces secteurs dans ses articles, alors que leur incidence sur la montée des températures est un secret de polichinelle. Ce déficit de l'Accord, le Protocole de Kyoto n'en souffre pas. Il est prévu dans ce dernier que chacune des Parties adopte des mesures visant à limiter ou à réduire les émissions de gaz non réglementées par le Protocole de Montréal dans le secteur des transports202. Ses dispositions vont encore plus loin que l'actuel Accord de Paris n'a osé le faire. C'est ainsi que, suivant le Protocole de Kyoto, les programmes des Parties devraient concerner les secteurs de l'énergie, des transports et de l'industrie203.

L'on peut donc se risquer à dire qu'il y a, par rapport à cette matière, un recul véritable du côté de l'Accord de Paris.

Dioxyde de carbone (CO2)

Méthane (CH4)

Oxyde nitreux (N2O)

Hydrofluorocarbures (HFC)

Hydrocarbures perfluorés (PFC)

Hexafluorure de soufre (SF6) » Annexe A du Protocole de Kyoto

201 « COP 21 : Ce que contient l'accord de Paris », 15 décembre 2015, http://www.novethic.fr/

202 Art. 2 § 1 al. a) vii) du Protocole de Kyoto

203 Art. 10 § al. b) i) Protocole de Kyoto

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