B- Un délai trop large pour le
dépôt
Les contributions déterminées au niveau national
fournies, comme précédemment noté, sont importantes. Elles
servent aussi bien à suivre l'évolution de la courbe climatique
de chaque Etat Partie qu'à informer toutes les Parties.
Chaque Partie à l'Accord les établit
obligatoirement. Ceci constitue une obligation de résultat pour les pays
développés, mais constitue une obligation de moyen du
côté des pays en développement. Le deuxième
élément recherché c'est de faire parvenir des informations
suffisamment claires pour permettre une révision efficace des ambitions.
C'est la raison pour laquelle elles sont consignées dans un registre
public tenu par le secrétariat172. L'Accord repose plus
par nécessité que par naïveté, sur la confiance
mutuelle173. Le cadre de transparence multilatéral implique
la soumission de données portant sur la mise en oeuvre des contributions
nationales à toutes les Parties. Chacune d'entre elle doit pouvoir
accéder aux données rapportées par les autres. Cela ne
peut que, bien évidemment, passer par une information actualisée.
Il est vrai que l'Accord astreint les pays développés Parties
à communiquer tous les deux ans des informations transparentes et
cohérentes sur l'appui fourni aux pays en développement Parties
et mobilisé par des interventions publiques174.
Cependant, la communication des contributions
déterminées au niveau national ne suit pas la même voie.
L'Accord prévoit un cycle quinquennal dans le cadre duquel chaque pays
est tenu de communiquer chaque fois une contribution nationale toujours plus
stricte175. C'est ainsi que chaque Partie communique une
contribution déterminée au niveau national tous les cinq
ans176. Une difficulté notoire ressort de cet article.
En effet, l'écart de temps requis des Etats Parties pour qu'ils
transmettent les indications sur leurs contributions nationales est trop grand.
L'urgence climatique nécessite de rapides prises de décision et
une application échelonnée des méthodes les plus
correctes. En donnant un délai aussi grand à courir aux Parties,
l'Accord met en danger la constance des mesures précieuses à la
lutte contre la hausse des températures. Mais ce n'est pas tout. Les
dispositions de l'article 4 de l'Accord de Paris vont encore plus loin. Elles
avancent que les contributions déterminées au niveau national
des Parties peuvent
172 Art. 4 § 12 de l'Accord de Paris
173 TABAU (A.S.), « Evaluation of the Paris Climate
Agreement According to a Global Standard of Transparency », Climate
Law Review, 2016, p. 24
174 Art. 9 § 7 de l'Accord de Paris
175 « Contributions déterminées au niveau
national »,
https://www.climat.be/politique-climatique/internationale/accord-de-paris/contributions-determinees-au-niveau-national-et-cycles-d-evaluation/
176 Art. 4 § 9 Accord de Paris
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être requises à toutes les décisions
pertinentes de la Conférence des parties agissant comme réunion
des Parties à l'Accord177.
Malgré tout, lorsqu'on se plonge davantage dans les
lignes de l'Accord de Paris, on ne trouve en aucun endroit le moment
précis auquel vont être prises les décisions pertinentes
propres à l'Accord de Paris. Contre toute attente, cette vision est
opposée à celle précédemment adoptée par le
Protocole de Kyoto. En effet, celui-ci indique avec clarté que c'est
chaque année que les Parties doivent apporter les informations
spécifiques sur la réalisation de leurs engagements.
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