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L'accord de Paris dans l'enjeu climatique


par Assiri A. Ephraïm OBROU
Université Catholique de l'Afrique de l'ouest- Unité Universitaire à Abidjan (UCAO-UUA) - Master en droit public 2019
  

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Paragraphe 2 : La périodicité défaillante des contributions nationales

Le bilan quinquennal imposé par l'Accord de Paris présente quelques tares à cause du dépôt au niveau des Parties qui est distinct mais sans clarification (A) et du délai trop large pour le dépôt des contributions nationales (B).

A- Un dépôt distinct mais sans clarification

L'Accord de Paris, dans ses dispositions, ordonne à toutes les Parties de déposer leurs contributions déterminées au niveau national avant le bilan mondial.

Les contributions déterminées au niveau national sont censées incarner les efforts déployés par chaque pays pour réduire ses émissions nationales et s'adapter aux effets néfastes des changements climatiques169. Cependant, les Parties en présence ne disposent pas des mêmes capacités. C'est en ce sens que l'Accord procède à une différenciation entre les pays développés et les pays en voie de développement quant à la fourniture au secrétariat de leurs contributions nationales. Le contraste qu'il peint, suivant ses lignes, vise à mettre en avant le rôle prépondérant des pays développés Parties. Ces derniers doivent montrer la voie aux autres Parties en développement. Dans ce sens donc, leurs contributions doivent être fournies dans les plus brefs délais. C'est ce qui ressort de l'Accord lorsqu'il laisse échapper que les pays développés Parties devraient continuer de montrer la voie en assumant des objectifs de réduction des émissions170. Cela étant dit, l'Accord ne donne pas de date précise pour le dépôt des contributions nationales des pays développés. Il jette ainsi dans le brouillard les Parties qui peuvent être portées à faire une interprétation de la disposition suivant leur bienveillance. Du côté des pays en développement et des pays insulaires, on relève que les contributions qu'ils auront entreprises doivent être soutenues par les pays développés. Malheureusement, aucune disposition ne les oblige également à déposer, dans un laps de temps prédéfini, leurs contributions au registre du secrétariat. Il n'est donc pas impossible qu'une Partie en

169 « L'Accord de Paris et les contributions déterminées au niveau national », https://www.unfccc.int/

170 Art. 4 § 4 Accord de Paris

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développement apporte ses contributions déterminées au niveau national à la dernière seconde. Cette possibilité peut mettre à mal le système de transparence et compliquer le bilan mondial. Bien qu'il fasse le départ entre la situation des pays développés et de ceux qui sont en développement, l'Accord n'indique pas avec clarté les délais respectifs de chacun. Ses articles ne font que poser un cadre général plein de sous-entendus qui comme on le sait, peuvent susciter de nombreuses interprétations divergentes.

Ainsi, l'Accord de Paris n'oblige pas les Etats Parties, peu importe leur statut de pays développé ou en voie de développement, à déposer à une date certaine leurs contributions déterminées au niveau national. Tout ce qu'il commande aux Parties c'est de mettre tout en oeuvre pour déposer leurs contributions avant le bilan mondial. Les dispositions de l'Accord ne préservent pas contre un dépôt tardif des contributions déterminées au niveau national. Et même, un dépôt des contributions trop prématuré n'est pas exclu par les lignes de l'Accord. L'on est donc en mesure de s'interroger sur l'actualité des contributions. Car si les Parties peuvent à tout moment apporter la preuve de leurs contributions nationales, il n'est pas impossible qu'il y ait un décalage temporel entre lesdites contributions et l'actualité de la situation sur le terrain. En outre, la possibilité offerte aux Parties d'apporter, à leur convenance dans le canevas des cinq années précédent le bilan mondial, leurs contributions nationales peut ralentir l'avancée dans la direction de l'atteinte des objectifs de l'Accord. Car rappelons-le, l'Accord de Paris se présente comme un cadre global qui a entre autres pour objectif de faire communier tous les Etats à la lutte contre le réchauffement climatique.

Il est vrai que l'Accord de Paris met en exergue, dans la majorité de ses dispositions, le principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives eu égard aux différentes situations nationales171. Toutefois, il ne donne pas de lumière sur le dépôt des contributions qui est réputé suivre la voie de la différence entre les Etats Parties. On peut trouver cela dangereux étant donné l'urgence climatique et la qualité des Parties. Car l'approche différenciée constitue un maillon fort de l'Accord. Le fait donc que l'Accord indique un dépôt contrasté sans apporter plus de lucidité sur leur déroulement suscite le trouble.

171 Art. 2 § 2 Accord de Paris

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo