Section 2 : L'implication du secteur privé
Le secteur privé a longtemps été
rangé sur l'étagère des oubliés dans la lutte
globale contre le réchauffement climatique. Les dispositions qui les
impliquent dans le maintien de l'environnement au niveau mondial sont rares.
L'Accord, en admettant que le secteur privé constitue un pan de la lutte
contre le réchauffement climatique, franchit une étape
supplémentaire. Il agrandit ainsi le cercle des acteurs pouvant
accroître et améliorer les techniques favorables à la
stabilisation des températures. Les différents acteurs de ce
secteur
129 GEMENNE (F.), « COP 21 : Quel pouvoir a la
société civile ? »
130 CVETEK (N.), DAIBER (F.), « Qu'est-ce que la
société civile ? », http://www.issuelab.org/
40
sont, suivant les termes de l'Accord, invités à
s'impliquer aussi bien dans la planification (Paragraphe 1)
que dans la mise en oeuvre de leurs stratégies (Paragraphe
2).
Paragraphe 1 : L'implication dans la planification des
stratégies
Les acteurs du secteur privé, par le biais de l'Accord,
se retrouvent impliquer dans la lutte contre le réchauffement climatique
aux côtés des Etats Parties. Cependant, cette collaboration augure
l'amélioration du dispositif institutionnel (A) et un
partenariat placé sous la coupole des États Parties
(B).
A- L'amélioration des dispositifs institutionnels en
place
Les programmes nationaux sont vastes et complexes. Ils
touchent plusieurs structures de la société dont le secteur
privé. Afin donc de promouvoir l'implication du secteur privé
dans le processus des programmes nationaux de développement, les
gouvernements doivent chercher à s'assurer que les cadres juridique et
politique soient en place afin d'appuyer les investissements en matière
d'adaptation131.
Un partenariat avec les entités privées en vue
d'atteindre les objectifs de lutte contre la hausse des températures est
inéluctable pour les Etats Parties. La Convention de Vienne n'aborde
malheureusement pas la question. Elle s'attache à dire que les
Parties coopèrent, conformément à leur législation,
réglementation et pratiques nationales en tenant compte des pays en
développement132. Elle ne s'intéresse pas
explicitement au renforcement du dispositif institutionnel nécessaire
à l'implication du secteur privé dans la lutte contre le
réchauffement climatique. Ses lignes laissent comprendre que les
systèmes institutionnels dont il espère l'amélioration ne
concernent que les domaines publics des Parties. La Convention de Vienne se
limite à poser un cadre dans lequel les Parties coopèrent
pour harmoniser les politiques appropriées visant à
réglementer, limiter, réduire ou prévenir les
activités humaines relevant de leur juridiction ou de leur
contrôle s'il s'avère qu'elles sont néfastes pour la
couche
131 CRAWFORD (A.), CHURCH (C.) « Impliquer le secteur
privé dans les processus nationaux de planification de l'adaptation
», Institut International du Développement Durable (IISD),
2019, p. 4
132 Art. 4 § 2 Convention de Vienne sur la protection de la
couche d'ozone
41
d'ozone133. Comme on le voit, ses articles
ne disent pas expressément si ces mesures doivent avantager la
participation des acteurs du secteur privé. Les dispositions de la
Convention de Vienne circonscrivent les actions des Parties au seul niveau
international, et dans la sphère publique. On peut le constater, la mise
en place d'un système institutionnel favorable à l'implication du
secteur privé n'est pas une préoccupation prioritaire pour la
Convention de Vienne sur la protection de la couche d'ozone. Elle ne sollicite
pas et ne commande pas non plus aux Parties de créer un cadre qui
permettrait aux acteurs privés de participer à la lutte.
Inversement à celle-ci, l'Accord de Paris
remédie à ce déficit. En effet, il reconnaît
l'impérativité d'activer des possibilités de
coordination entre les instruments et dispositifs institutionnels
pertinents134. En outre, il met en avant le fait que les
Parties collaborent afin d'améliorer leurs différentes structures
institutionnelles aussi bien pour le secteur public que pour le secteur
privé. Ce nouveau paradigme favorise sans nul doute l'implication du
secteur privé dans la lutte globale contre la hausse des
températures. Ainsi, les politiques des Parties doivent tenir compte
du secteur privé et être étoffées par le biais de
dispositifs institutionnels appropriés visant à appuyer la mise
en oeuvre de l'Accord de Paris135. L'Accord est plus explicite
et promeut ainsi la création d'un environnement favorable à
l'insertion des acteurs privés dans le combat climatique. Les Parties
s'engagent à ce que le cadre juridique et réglementaire au sein
de leur territoire encourage les entreprises à s'investir dans des
mesures d'adaptation.
L'Accord invite aussi les gouvernements à veiller
à ce que les législations, politiques et réglementations
nationales bénéficient d'une stabilité. La
stabilité est un élément essentiel pour favoriser la
participation effective des entités privés. La variabilité
des normes d'un Etat Partie à un autre, et la précarité de
ces dernières ne vont pas sans compliquer les choses. Par le biais de
l'Accord, les gouvernements n'ont d'autre choix que de mettre en place un
encadrement réglementaire et incitatif vis-à-vis des acteurs
privés. Cela dans la perspective de pallier leurs déficiences
pour que leur participation soit plus efficace. Ces limites peuvent concerner
le manque de compréhension du changement climatique et de ses
incertitudes, horizon de décision à court terme, coûts des
mesures à long terme136. La charge dévolue aux Parties
contient donc plusieurs compartiments. D'un côté, elles doivent
intégrer le secteur privé afin
133 Art. 2 § 2 al. b) Convention de Vienne sur la protection
de la couche d'ozone
134 Art. 6 § 8 al. c) Accord de Paris
135 Art. 11 § 5 Accord de Paris
136 VAN GAMEREN (V.), WEIKSMANS (R.), et al., «
L'adaptation des acteurs privés », L'adaptation au changement
climatique, 2014
42
qu'il puisse participer à la lutte contre la
montée des températures. D'un autre côté, elles sont
obligées de l'informer en conséquence sur les implications
réelles des changements climatiques. Ce n'est que si les acteurs du
secteur privé sont bien armés qu'ils pourront aider utilement les
Parties à atteindre leurs objectifs nationaux et internationaux en
matière de réduction des émissions de gaz à effet
de serre. Cet appel à l'amélioration du dispositif institutionnel
retrouvé dans l'Accord, oblige les Parties à mettre tout en
oeuvre pour que le secteur privé soit de plein pied dans la lutte contre
le réchauffement climatique.
|