Section 1 : le paradoxe acteur-victime de la guerre des
OGM
Dans le cadre de la présente section, nous verrons :
Sous-section 1 : La permutabilité des positions
Cette guerre mobilise plusieurs acteurs parmi lesquels nous avons
non exhaustivement :
- Sur la scène internationale : les Organismes
Internationales et Non Gouvernementales ; les États, les
multinationales.
- Sur la scène nationale : les citoyens (agriculteurs,
éleveurs et consommateurs...) ; les associations et autres groupes de
pression.
Les théâtres internationaux et nationaux
interagissent activement.
De cette interaction, nous avons deux grands groupes antagonistes
à savoir, les pro-OGM et les anti OGM ;
Pour comprendre ce paradoxe, il nous faut d'abord parler de
l'asymétrie de la guerre. En effet, nous constatons dans un cadre
général que :
- les parties dénonçant les OGM pour la panoplie de
risques gravitantes de la notion, composés d'exploitants agricoles ou de
simples consommateurs, disposent de ressources et moyens limités face
à l'armada formée par le pool des multinationales, tel David
affrontant Goliath ou Don Quichotte bravant les moulins à vent.
- Les États, jouant un rôle de catalyseur, se
trouvent souvent malmenés sous la double pression. Ce qui est à
l'origine de la prise de position de certains États américains
pour la vulgarisation des organismes, Européens contre une utilisation
de raisonnée de la technologie et Africaines pensifs aux
appréhensions changeantes.
Quant au paradoxe victime-acteur, il s'explique par le fait qu'il
n'y a ni gagnant ni perdant dans cette guerre du fait que les acteurs sont
souvent les victimes et les victimes, des acteurs.
En effet, des pro-OGM s'affrontent entre eux et que des anti- OGM
s'affrontent aussi entre eux notamment en ce qui concerne l'usage de
procédés peu orthodoxes, comme nous le verrons
ultérieurement. Cette divergence interne fragilise les positions qui
sont assez hétérogènes.
Par exemple lorsqu'une multinationale tente un procès
à des agriculteurs, elle est souvent victime de la méfiance
populaire des consommateurs et du dénigrement de la part des
agriculteurs même si elle gagne ledit procès.
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Certains États, malgré leur méfiance
vis-à-vis des OGM, se trouvent obligés d'accepter des produits GM
pour ne pas voir leur population mourir de faim.
De part et autre, un sentiment de victimisation populaire est
courant entre les parties du fait que chaque partie dispose de raisons
suffisamment convaincantes.
Sous-section 2 : Les conséquences de la
permutabilité des positions
Des conséquences de cette permutabilité nous
retiendrons un climat de victimisation populaire, mais aussi un climat de
confusion entretenu de part et d'autre à tel point qu'il est très
difficile pour un profane d'adopter une position.
Les Pro prétendent défendre l'environnement, lutter
contre la famine et l'utilisation moindre de pesticides, entre autre, tandis
que les Anti prétendent lutter contre la dépendance des
agriculteurs aux firmes internationales, la préservation de la
biodiversité ainsi que contre les risques environnementaux, sanitaires
ou humanitaires.
La confusion est entretenue du fait que chaque position dispose
d'experts scientifiques de renoms et de publications variées
défendant les bienfaits et les méfaits légaux ou
légitimes des OGM.
Comme toute guerre, malheureusement, il y a des dommages
collatéraux qui touchent générales certaines couches
vulnérables comme les jeunes, les malades ou les peuples autochtones.
Les armes, employées, sont multiples et variées.
Section 2 : la guerre des OGM, de l'utilisation
d'armes aux frontières de la légalité aux rapports de
forces étonnantes
Cette guerre est caractérisée par l'usage de
certaines armes (sous-section 1) qui sont à l'origine de rapports de
forces étonnantes (sous-section 2)
Sous-section 1 : La typologie des moyens
employés
Toutes les deux positions utilisent les mêmes armes en
fonction de leurs ressources ou de leurs nombres. Qu'à cela ne tient,
nous pouvons avoir deux groupes d'armes :
Les armes et techniques utilisées par les
Multinationaux, les Organismes ou les États :
-Les ressources financières, du fait que l'argent
étant le nerf de la guerre et la capacité de mobilisation de ces
structures est considérable ;
-L'alliance, comme celle formée par le «
Groupe de même esprit » en Afrique ;
-Le semblant, L'art de la guerre étant basé
sur le semblant, comme le disait Sun Tzu, il est une technique adoptée
par certaines structures qui apparemment dénonce les OGM alors qu'elles
en font la promotion ;
-Le droit, par le biais des procès et faux
procès pour se faire condamner ou des montages juridiques douteurs ;
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-Le lobbying, usité pour faire passer certaines
législations laxistes ou contraignantes en matière d'OGM ;
-Les médias, comme les campagnes de
désinformations ou de manipulations utilisées par certaines
structures ;
-La science, à cause du foisonnement des
études divergentes de part et d'autre, ce qui est malheureusement
à l'origine des conflits d'intérêts qui pèse sur
certains spécialistes aux publications partisanes ;
...;
Cette liste de technique n'étant exhaustive, certains sont
transposables à faible échelle. Les armes et
techniques utilisées par les citoyens, les exploitants,les consommateurs
: -Les campagnes de sensibilisation et de mobilisations
locales ;
-La coopération ;
-Les opérations « Guerria », comme celles
utilisées par des activistes européens contre les
cultures d'OGM ; -... :
Avec le développement des nouvelles technologies, la lutte
s'est beaucoup dématérialisée sur internet. Ce qui
explique, l'usage de certaines armes et techniques comme le piratage,
l'espionnage et l'influence d'opinions.
L'usage de ces armes à la frontière de la
l'égalité et de la légitimité déboucha sur
des rapports de force étonnantes.
Sous-section 2 : Les rapports de
forces
Les rapports de forces sont déséquilibrés
du fait de la coopération ou de la compétition entre les acteurs.
De ce fait, nous avons :
- Les Organismes internationales : certains organismes
coopèrent entre eux pour être en position de force et faire face
à d'autres organismes antagonistes.
Ils se trouvent aussi en position face à certains
États et usent du lobbying ou des aides conditionnées ;
- Les Multinationales : elles sont souvent en position de
forces face aux États du fait des subventions et des campagnes de
valorisation coûteuses du capital humain local ;
- Les États : ils sont des fois victimes des
fluctuations des politiques nationales et sont en position de faiblesse face
aux multinationales et aux organismes et surtout face à la pression des
populations nationaux ;
- Les citoyens : ils sont en position de force dans
certains États et de faiblesse face aux trustes ;
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La coopération, la compétition,
l'instabilité des positions de certains acteurs ainsi que leur
quantité voire qualité influencent beaucoup ces rapports.
Cette guerre n'est pas dénouée d'enjeux, chose que
nous verrons. Sous-section 3 : les enjeux de la guerre
asymétriques
Les enjeux se subdivisent en deux catégories : les enjeux
officiels (sous-section 1) ainsi que les enjeux officieux (sous-section 2)
Sous-section 1 : les enjeux officiels -
Les enjeux économiques :
Cette guerre revête une grande importance économique
du fait des sommes astronomiques qui s'étalent de la phase de recherches
et développements jusqu'à l'exploitation de ces organismes que ce
soit, par exemple, par les industries pharmaceutiques ou semencières
;
- Les enjeux sociaux : du fait qu'elle implique toutes les
couches sociales. Cette guerre
peut beaucoup influencer les inégalités entre les
classes et être à l'origine d'un cercle vicieux d'addiction ;
- Les enjeux sanitaires : Il est difficile de faire une
comparaison des avantages et inconvénients sanitaires des OGM avec la
variété des études de position. Qu'à cela ne tient
les risques sanitaires sont très élevés dans cette guerre
: d'où la mise au point de dispositifs de surveillances importants. Par
exemple, la perspective de trouver un remède à certaines maladies
fait qu'il est très bien vu par beaucoup de scientifiques.
- Les enjeux politiques : ils sont énormes du fait
qu'il peut porter atteinte à la souveraineté alimentaire d'un
État voire une véritable recolonisation des Etats;
- Les enjeux juridiques : ils sont aussi importants du
fait de la multitude des actions en justice et des procès dissuasifs que
ce soit sur la scène internationale que nationaux ; Ils portent souvent
sur le contentieux des brevets.
- Les enjeux environnementaux : ces enjeux sont
panoramiques du fait qu'ils touchent plusieurs enjeux comme sociaux ou
sanitaires, voire économiques ;
- Les enjeux scientifiques : ces enjeux peuvent
s'expliquer par la recherche et le partage de technologie de plus en plus
performante relatif aux modifications génétiques ainsi
qu'à la formation de ressources humaines compétentes ;
- ... ;
Sous-section 2 : les enjeux officieux
- Les enjeux de contrôle : cette guerre est en
réalité une guerre de contrôle où un nombre peu
important de personnes très influentes étend leur mainmise sur le
marché des OGM dans une quête effrénée de richesse
et de pouvoir ;
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- Les enjeux culturels : sous cette guerre, existent des
enjeux culturels qui s'expliquent par une transformation des habitudes
alimentaires des cultures de par le monde ;Ce qui semble engendrer une
uniformisation lente et provoquée des cultures de consommation dans les
pays ouverts aux organismes modifications génétiques comme le cas
de certains pays africains adoptant un modèle occidental de production
et de consommation.
- Les enjeux d'éthique et de moralité : Nous
constatons une véritable désacralisation de création dans
cette guerre. De ce fait, elle vise à ébranler voire à
vouloir faire évoluer le concept de ce qui est éthiquement admis
de nos jours pour nous habituer à ce que la morale ne saurait
admettre.
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