WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Comptines sur le bout de la langue.

( Télécharger le fichier original )
par Lisa Martin
HEL  - Baccalauréat en logopédie-orthophonie 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

21

2.4 Facteurs d'influences sur l'apprentissage d'une autre langue

L'égalité humaine ne trône pas face aux apprentissages linguistiques: des processus

internes et externes entrent en scène afin d'encourager ou de freiner ces derniers. Daviault

(2011) en énumère quelques-uns:

- « Âge »

- « Intérêt et motivation » : les signes avant-coureurs de la démotivation sont

dépeints par « la démobilisation, le mutisme, le chahut » (Defays, 2003). Necati

illustrera ce point.

- « Aptitude à apprendre une langue » : une bonne mémoire phonologique à court

terme avantage fortement le développement du vocabulaire (Attout, 2007).

- « Degré de similitude entre L1 et L2 »

- « Fréquence et modalités d'exposition »

- « Qualité linguistique entendue »

- « Degré de valorisation sociale »

- « Opportunité de pratiquer sa langue »

Le milieu socio-économique compte également. Ne pas diaboliser la langue cible et vivre

harmonieusement en acceptant sa « double culture » ferait partie du secret pour éviter un

quelconque rejet identitaire et favoriser l'apprentissage de la langue.

2.5 Différences entre enfants et adultes

« La plasticité cérébrale dans le domaine linguistique décline à l'âge de 9 ans » (Rondal & Comblain cités par Attout, 2007). Cet argument explique la facilité qu'a le jeune enfant à acquérir une autre langue par rapport à ses pairs plus âgés. L'absence d'accent est totale si l'apprentissage se déroule avant cette période. Aussi, l'enfant, apprenant fréquemment sa LS par l'intermédiaire de l'école, au travers du jeu, des diverses interactions sociales et baignant pleinement dans une situation de communication est encore une fois avantagé face à la personne adulte qui bien souvent, doit s'aventurer dans des cours publics ou privés pour espérer progresser (Daviault, 2011). De plus, l'apprentissage de la langue chez le tout jeune se réalise parallèlement au « développement cognitif, psychologique et social », contrairement à ses aïeux. (Defays, 2003).

22

Quel que soit l'âge, Daviault garantit qu'une LS ne se maîtrise réellement qu'en l'ayant pratiquée durant 5 années.

2.6 Une stratégie d'aide à l'intégration : le « bain de langage »

L'appellation est inhérente à la métaphore « l'enfant tel un corps plongé dans un liquide s'imprégnerait du langage » selon Petit & Laroche (2003). Ils déclarent également que le « bain est la condition de passage de la compétence (aptitude à parler) à la

performance (acquisition d'une langue).

Braibant (2013) corrobore en qualifiant le « bain de langage » comme un moyen très apprécié des enfants, de par son caractère ludique, pour faire émerger le langage oral lorsque ce dernier peine à se construire. Il est estimable notamment pour l'enrichissement lexical, mais également pour la construction syntaxique qu'il apporte au jeune. Si l'enfant est victime de troubles articulatoires, ceux-ci seront envisagés une fois un certain niveau lexical acquis. La visée principale de cette méthode est de « donner du sens à ce que l'on verbalise ».

En logopédie, ce type de stimulation est très usité étant donné l'importante proximité avec une situation communicationnelle naturelle. Et comme l'expriment si bien Gauthier & Lejeune (2008) « l'exploitation d'activités se rapprochant le plus possible des situations naturelles d'acquisition de la langue et favorisant les interactions entre enfants à partir d'un vécu stimulant et en petit groupe s'avère utile ». La méthode s'apparente au jeu, avec quoi les enfants s'exprimeraient davantage, apprendraient tout en fondant leur identité (Rayna, 2011) mais où dominent certaines règles.

Docquier (2013) préconise quelques directives que tout bon thérapeute doit

appliquer :

- « L'auto-verbalisation » : oraliser ce que le thérapeute est en train de faire

- « La verbalisation parallèle » : oraliser ce que l'enfant est en train de faire

- « La reformulation » : reprendre le sens de l'énoncé original en apportant une

correction de la prononciation ou de la construction de la phrase

- « L'allongement » : apporter une idée neuve pour enrichir la phrase de départ

23

- « L'incitation » : attendre ou faire répéter un mot cible par le choix, la phrase en suspens, l'ébauche orale, l'absurde, par une question

Daviault (2011) ajoute que la répétition d'un mot à maintes reprises, le placement de l'adulte à hauteur de l'enfant, le fait de lire avec lui et de chanter des comptines en y ajoutant l'expression corporelle favorisent le développement lexical. Le CRDP (2012) peaufine en disant que l'enfant doit être guidé par un « parler professionnel modélisant » incluant une accentuation de l'articulation, des phrases brèves et un ralentissement du débit.

Enfin, il est indiqué de faire passer l'enfant par le « niveau vécu », le « niveau manipulé » et le « niveau représenté » en vue d'optimiser la mémorisation et le transfert du vocabulaire (Bringier, 2012).

Pour conclure, la situation que vit un enfant dans un cas de « bilinguisme séquentiel » est loin d'être évidente. L'école maternelle représente une véritable période de transition où émergent des différences interindividuelles à tous niveaux. La découverte d'une culture différente de la sienne à laquelle il faudra s'adapter et d'une langue aux mots barbares qu'il devra la plupart du temps s'auto-approprier pour espérer communiquer avec ses camarades de classe sont les renversements les plus marquants. Taly et al. (2008) soulignent qu'une intégration réussie dépendrait de la présence d'« adultes-guides », d'un « milieu riche et sécurisant » où il s'agirait de « transcender la vulnérabilité et faire de ses faiblesses une force créatrice ». Tel est le cadre qu'une logopède en herbe peut modestement essayer d'instituer.

24

POUR MIEUX PRATIQUER !

« Si la poésie est universelle, il est certain que chaque pays a ses images, ses couleurs, sa

particularité »

Evelyne RESMOND-WENZ

25

De l'école maternelle à l'école primaire, le pont est large. Le primaire, point de rencontre avec la lecture, l'écriture, les maths... Tous ces apprentissages essentiels, puisqu'utiles au quotidien. Afin de pénétrer ce nouveau monde dans les meilleures conditions, il est nécessaire d'avoir en réserve quelques prérequis. Le rôle premier de l'école maternelle est de fournir les recettes les plus délicieuses pour une acquisition optimale du langage oral. Le vocabulaire constitue la substance linguistique à acquérir en priorité dans n'importe quelle langue (CRDP, 2012).

Une logopède témoignera toujours des bienfaits des activités ludiques au sein de notre profession, destinées à rééduquer. J'ai pris la décision d'en cibler deux en particulier, plus connues sous le nom de « comptine » et « bain de langage ». En effectuant une comparaison, je souhaitais amener une réponse à ma problématique initiale : « La « comptine » et le « bain de langage » agissent-ils de la même manière au niveau de l'apprentissage d'un vocabulaire donné ? L'un ne s'avérerait-il pas plus efficace que l'autre ?»

Quatre enfants non francophones, entre 5 et 6 ans, scolarisés en grande section de maternelle ont participé à ce projet. Les groupes ont été formés de manière équitable (deux pour l'atelier « comptine », et deux pour l'atelier « bain de langage ») en fonction de la personnalité des sujets, et de leur attrait pour l'un ou l'autre domaine. Aborder la première primaire sans séances privilégiées axées sur le langage oral me paraissait totalement inconcevable, et n'aurait fait que nuire à leur scolarité. Dans une société où l'école s'apparente à des rails sur lesquels il est préférable de rouler le plus vite possible en évitant les écarts, le mot d'ordre était urgence. Il fallait agir rapidement afin qu'ils puissent amorcer les bases éducatives et formatrices d'une manière plus simpliste, et d'atténuer leurs difficultés de divers ordres. Le langage oral et le langage écrit s'influencent énormément : l'un a besoin de l'autre pour se développer.

Cette seconde partie du travail offrira, dans un premier temps, une présentation des quatre enfants ne prétendant pas à l'exhaustivité. Il s'ensuivra un descriptif des activités et objectifs choisis pour les deux domaines, et ce, pour chaque séance. Enfin, je m'attacherai à exposer les différents résultats, tant qualitatifs que quantitatifs, couplés à une analyse permettant ainsi d'étudier la progression.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld