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Chapitre 1
La comptine
1.1 Définitions et origines
Depuis la nuit des temps, les formules chantées ou
récitées accompagnent l'enfant dans sa découverte de la
vie. La date d'apparition comme les auteurs demeurent énigmatiques.
C'est le peintre Pierre Roy qui, en 1922, instaure le terme de « comptine
» dans la langue française (Resmond-Wenz, 2008). Le mot
comptine serait intimement lié au vocable compter,
puisque tous deux puisent leur source dans l'expression latine computare
signifiant conter. (Soussan, 2007)
En effet, comme le rappelle la définition
généralisée inscrite dans les dictionnaires parus
récemment, le jeu serait élu comme le lieu
privilégié d'emploi de la comptine, cette dernière servant
à « désigner, en comptant les syllabes, celui qui devra
sortir du jeu, courir après les autres, etc. » (Le Grand Larousse
illustré, 2014, p.280).
Celle de Lescout (1985) s'en approche, puisqu'elle la
considère comme une « formule enfantine chantée ou
parlée servant à désigner celui à qui sera
attribué un rôle particulier dans un jeu », à quoi
Bruley & Painset (2007) ajoutent : « Il leur faut [...]
dénombrer, éliminer, désigner ».
J'en m'en tiendrais personnellement au commentaire de Gauthier
et Lejeune (2008), témoignant de la pluralité des
définitions concernant ce vocable en constante mutation. Rares sont
celles faisant preuve d'exhaustivité. Agglomérons cependant les
grands traits communs aux multiples explications de la comptine:
- Assignée au monde de l'enfance
- Majoritairement chantonnée
- Instituée pour compter
Sachez que les appellations, vérifiées par
Soussan (2007) pullulent : « enfantines, dodiques, jeux de nourrice,
fariboles, rimailles, rimettes, rimes, rengaines, ritournelles, refrains,
sornettes, kyrielles, drôleries, virelangues, bouts rimés,
devinettes ». Le choix d'emprunt est large.
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Après ce bref éclaircissement, tentons de
comprendre l'engouement des jeunes enfants envers cette discipline. Pourquoi
adhèrent-ils autant ? Quelles sont ses particularités ?
1.2 Les caractéristiques de la comptine
La comptine éveille et joue avec la langue. Le
phrasé de Bruley & Painset (2007, p. 15) frôle la perfection
descriptive : « Les enfants les aiment pour leur
brièveté, mais aussi pour leur rythme et leur
musicalité, pour leurs rimes et leurs assonances
». Il en découlerait un apprentissage dépourvu
d'efforts, selon Resmond-Wenz (2008). Le rythme intimement inhérent
à l'Homme est simple et permet un découpage syllabique
spontané.
Beaucoup valorisent le dénuement de sens des
formulettes en encourageant l'aspect imaginaire et irrationnel qui plaît
tant à l'enfant (Bruley & Painset ; Gauthier & Lejeune, 2008).
Mon étude s'oppose littéralement à ce point de vue, mon
objectif étant justement de rendre le texte plus accessible à la
compréhension.
La malléabilité de la comptine, justifiant
jadis sa spécificité, tend à s'éteindre. Le
monopole de la transmission orale court à sa perte, supplanté par
l'arrivée massive des oeuvres écrites et illustrées
(Bruley & Painset).
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