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- Fratrie : Mohamed (25 ans), et Necati (frère jumeau,
5 ans 8 mois)
Elle est arrivée également à
l'école Liberté en MSM, mais elle ne parvient toujours pas
à produire de mots en langue française de manière
spontanée. Le père des deux enfants possède de vagues
connaissances en langue française, qui lui ont permis de répondre
à mes diverses demandes (questionnaire, autorisation). Cependant, la
compréhension ainsi que l'expression de la mère sont nulles.
Comportement en classe
L'élément majeur qui la différencie de
son frère réside dans le caractère et le comportement
social. Elle n'hésite pas à participer non verbalement aux
activités de la classe. En effet, Dilahan est souriante, volontaire,
très enthousiaste par rapport aux animations musicales. Le mutisme et la
passivité ne lui correspondent absolument pas. Lorsqu'elle entend un mot
nouveau, elle tente de le répéter. La compréhension semble
extrêmement réduite.
Comportement au prétest
Dilahan est très attentive à ce qui l'entoure,
et paraît impatiente de réaliser ce que je m'apprête
à lui demander. Sur le plan linguistique, tout comme son frère,
elle communiquera ses réponses uniquement par le biais de sa LM.
Nonobstant, elle use de son corps pour s'exprimer et transmettre toutes ses
idées. Elle possède l'esprit de communication, et ne demande
qu'à entrer en interaction avec autrui.
Commentaires relatifs au tableau
Lors de la dénomination, elle s'efforce de
décrire entièrement l'image/l'objet, et ne me donne jamais qu'un
seul mot. À cela, elle ajoute des gestes afin de corroborer ses propos.
Malheureusement, je ne pouvais faire autrement que de l'encourager dans ce
sens, toutefois en français. Il lui arrive d'utiliser un même mot
pour plusieurs images différentes, et ses réponses ne sont pas
toujours identiques à celles de son frère. Je ne possède
tristement pas les ressources nécessaires dans la langue turque pour
étudier ceci en profondeur.
L'explication des scores obtenus en désignation est la
même explication que pour son frère. Il s'agit d'un mélange
entre hasard, puisqu'elle pointait plusieurs fois la même
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image, et phonétique (exemples : toilettes, botte,
pantalon, pyjama, cravate). Elle observait
sans arrêt mon regard, en espérant une
approbation.
Les résultats expressifs et réceptifs indiquent
que Dilahan a besoin d'une prise en charge logopédique de toute urgence.
La compréhension déficitaire démontre que la langue
française s'apparente à l'inconnu. L'ayant surprise à de
nombreuses reprises à fredonner de jolies mélodies en classe, je
l'ai alors dirigée vers l'atelier « comptine ».
Tentative d'analyse concise des réponses
données en langue turque
Grâce à un outil de traduction internet (Google
traduction, n.d.), j'ai souhaité savoir si les réponses
données par les enfants dans leur LM correspondaient au mot cible
attendu en français. Au moyen de mon clavier, je tapais le mot en langue
française afin que l'outil le traduise à l'écrit, pour que
je puisse finalement l'entendre oralement.
D'après mes légères recherches, les mots
usités par Dilahan correspondraient en grande majorité aux mots
attendus en français. Cependant, elle a tendance à
généraliser en énonçant un unique mot pour deux
images distinctes (exemple : [ajak] attribué à « jambe
» et à « pied », alors que la signification du mot est
« pied »).
Parler ici d'hyperonyme où « le jeune
enfant ne possédant pas encore un vocabulaire suffisant, utilise
fréquemment un terme pour plusieurs autres de la même
catégorie » pourrait être admis (Dictionnaire d'Orthophonie,
2011).
En revanche, les réponses délivrées par
Necati ne coïncident qu'exceptionnellement avec celles de sa jumelle. J'ai
remué mes méninges pour savoir à quelle entité ses
énoncés faisaient référence, mais en vain. Une
plausible hypothèse permettant d'éclaircir ce mystère sera
dévoilée un peu plus tard.