CONCLUSION
Suite aux précédents développements,
force est de constater que les droits sociaux des détenus, lorsqu'ils
existent, se trouvent confrontés à plusieurs obstacles qui
rendent leur effectivitéì très incertaine dans
les faits.
En ce qui concerne l'aide juridique, il existe une
véritable volonté tant au niveau supranational que national de
rendre effectif le droit à procès équitable. Cependant, si
l'on voulait aller encore plus loin dans l'effectivité de ce droit cela
nécessiterait plus de moyens afin de pouvoir financier le recours
à des avocats spécialisés. Cette question est essentielle
à partir du moment où l'on parle de peine privative de
liberté car une personne risque d'être confrontée à
l'univers carcéral.
S'agissant de la vie en prison, il existe ici encore de grands
idéaux concernant les conditions de détention conformes à
la dignité humaine mais rien de cela n'est respecté. Le
législateur continue261 de suspendre la plupart des droits
sociaux lors de la détention et la carence des prisons au sujet des
standards de vie décents entraine une grande précarité
chez les détenus. Pour les plus démunis d'entre eux, il existe
certains mécanismes qui permettent de mieux prendre en compte leurs
besoins mais de manière insuffisante.
Lorsque le législateur prend une décision, il
n'a aucune idée de ce qu'il se passe sur le terrain, de ce qu'il se
passe dans la vie d'un détenu intra ou extra muros.
Cette absence de considération a pour conséquence que de nombreux
détenus se dirigent vers les CPAS. Ce sont ces derniers qui payeront
encore une fois le prix des défaillances de l'autorité
fédérale. Nous ne pouvons qu'espérer une plus grande
attention pour la population carcérale et un meilleur financement
à cet égard.
Au-delà de la détention, c'est la
réinsertion sociale qui pose surtout problème car les
ex-détenus accèdent peu et difficilement aux dispositifs sociaux.
Qu'il s'agisse de l'emploi, de la formation, du logement ou d'un soutien
psychologique, les aides fournies par les différents dispensaires
d'aides262 ne le sont que sur demande. Par ailleurs, il existe un
manque de promotion de ces aides au sein des prisons ce qui a pour
conséquence que peu de personne y recourent. Un suivi263
obligatoire lors du retour à la liberté est donc
nécessaire afin d'obtenir les meilleurs résultats possibles au
niveau de la réinsertion sociale et de la récidive.
En conclusion, tout cela revient à confirmer un manque
de considération de notre société envers les
détenus uniquement sur base des actes qu'ils ont commis. Cette
manière de penser
261 Récemment en matière d'indemnités
mutuelle.
262 CPAS, ASBL, caisse d'aide aux détenus etc.
263 Un suivi obligatoire existe lors de la libération
conditionnelle ou provisoire mais pas dans l'hypothèse d'une
«vraie» libération.
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ne favorise pas la réinsertion sociale de ceux-ci et ne
permet à personne d'avancer sur le plan individuel et collectif que ce
soit les détenus, la population « libre » ou les
autorités.
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