2.1.1.6 Création d'une situation de grande
précarité
Le détenu privé de ses allocations, sans
possibilité de les retrouver via le mécanisme du travail
pénitentiaire risque de se retrouver dans une situation de
précarité, voire de vivre dans des conditions non-conformes
à la dignité humaine lors de son séjour en prison
malgré la prise en charge de celui-ci par le SPF Justice.
En effet, il n'est pas possible de déduire de la prise
en charge par le SPF Justice l'absence de besoin du détenu car d'autres
dépenses nécessaires ne sont pas prises en compte par
l'établissement pénitentiaire notamment les frais relatifs aux
différents modes de communication, à l'hygiène, aux
loisirs etc. Toutes ces choses étant considérées comme
participant à la dignité humaine, il faudra dès lors que
le détenu subvienne à ses propres besoins en prison.
Mais quid du travail pénitentiaire en
lui-même ? Il est illusoire de penser que le travail pénitentiaire
permet au détenu de vivre conformément à la dignité
humaine. La rémunération129 du travail
pénitentiaire pourra permettre aux détenus de financer certaines
choses mais pas tout130.
De plus, il est important de rappeler que l'offre de travail
en prison faiblit au fil des années et que certaines personnes n'y ont
pas accès en raison de leur handicap131. Il ne faut donc pas
considérer que le fait pour un détenu de travailler lui permette
d'office de pouvoir accéder à des conditions de détention
conformes à la dignité humaine.
Quid de la famille du détenu ? La famille du
détenu peut lui venir en aide pour faire face à ses besoins.
Cependant, il ne faut pas oublier que certaines familles, lorsqu'elles
existent, n'ont pas ou peu de possibilités financières. Dans ces
différentes situations, il est très difficile pour certains
détenus de s'offrir les services compris dans la notion de
dignité humaine.
Dès lors, l'absence de travail pénitentiaire ou
le faible revenu généré par celui-ci et le manque de
moyens financiers des familles des détenus ont pour conséquence
que le détenu se retrouvera dans une situation de
précarité à partir du moment où l'administration ne
garantit pas des prestations équivalentes à celle du
régime de sécurité sociale.
Quelles sont alors les solutions offertes aux détenus
afin qu'ils puissent mener une vie conforme à la dignité humaine,
même si celle-ci est vécue en prison ?
129 Très faible rémunération (entre 80 et
180 € par mois).
130 En effet, une partie de la rémunération du
détenu sert à indemniser les victimes et les biens en vente
à la cantine de la prison leur permettant d'améliorer leur
quotidien sont très chers.
131 NEVE, M., Le guide du prisonnier, Bruxelles, Labor,
2002, p. 99.
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