Marchés boursiers et croissance économique. Une analyse comparative entre l'Afrique subsaharienne et l'Asie du sud-est.( Télécharger le fichier original )par Larissa Nawo Université de Dschang - Master of Sciences en Analyse et Politiques Economiques 0000 |
VI.2. RecommandationsEn raison de leur intégration financière limitée avec les marchés mondiaux, la plupart des pays africains n'ont pas été directement touchés par la crise financière mondiale. Avec l'avantage du recul, il pourrait être tentant de conclure que cette faible intégration financière était une bonne chose, et qu'il serait dans l'intérêt de l'Afrique de ne pas chercher à l'augmenter. Or, pour accroître son taux de croissance économique et faire reculer significativement et durablement la pauvreté et la faim, il est indispensable que le continent développe ses systèmes financiers et les intègre au reste du monde. Nos résultats nous suggèrent que, les systèmes financiers africains sont moins développés que ceux des tigres asiatiques, et les services financiers y desservent un nombre d'usagers moins élevé. La question n'est donc pas de savoir si les systèmes financiers africains doivent être intégrés, mais plutôt comment et à quel rythme pour faire en sorte d'éviter les difficultés liées à l'activité financière transfrontière auxquels se sont heurtés les pays avancés et émergents pendant la crise financière mondiale. La mise en application de ses recommandations liées à nos résultats permettrait d'atteindre plus rapidement l'émergence économique dont ambitionne d'atteindre la plus part des pays de notre échantillon (à l'exemple de la Malaysie à l'horizon 2020), point décisif vers la convergence, avec le but de rattraper les pays riches aussi hypothétique soit-il ? Ces recommandations sont aussi valables pour le reste de l'Afrique (particulièrement l'Afrique Centrale qui est encore à la traîne avec la BVMAC et la DSX) et les autres pays d'Asie du Sud-Est (le Brunei, le Laos, la Birmanie, le Cambodge), résolument déterminés en emboiter le pas aux « Dragons » asiatiques. Les propositions suivantes liées à nos résultats vont à l'endroit des décideurs politiques et des autorités des marchés boursiers, afin d'accroître l'offre et la demande des titres sur leurs marchés des capitaux. VI.2.1.Recommandations liées l'augmentation de l'offre des titres financiersPour augmenter l'offre de titres financiers, les décideurs devraient mettre en place des mesures permettant d'accroître le nombre de compagnies qui choisissent de s'inscrire à la bourse. Ces mesures sont principalement de deux ordres : favoriser le développement d'entreprises locales viables et rendre attrayantes les conditions d'inscription de ces entreprises à la cote officielle. Ø Favoriser le développement des entreprises locales À cette fin les Etats doivent apporter des solutions radicales : aux obstacles les plus significatifs que sont la lourdeur administrative, la médiocrité des infrastructures (transports, électricité, logistiques, etc.), le manque de main-d'oeuvre qualifiée et la faiblesse des systèmes bancaires. Ø Réduire la lourdeur administrative Créer une entreprise formelle en Afrique demeure un parcours de combattant. Simplifier les démarches administratives est par conséquent une étape capitale pour inciter les entrepreneurs africains du secteur informel à rejoindre le secteur formel et pour encourager ceux qui sont déjà dans le secteur formel à se concentrer sur la croissance de leurs entreprises. Ø Améliorer les infrastructures Améliorer les infrastructures est un impératif pour permettre aux entreprises africaines de réduire leurs coûts de production et d'exploitation excessifs et d'accroître leur productivité et leur compétitivité. Ø Encourager la bonne gestion et la bonne gouvernance corporative Le lien entre la bonne gestion et la bonne santé des entreprises n'est plus à démontrer. Plusieurs études montrent que les entreprises africaines sont relativement moins bien gérées que leurs homologues asiatiques ou celles des pays développés. La mise en place des mesures pour encourager la bonne gouvernance corporative, en dynamisant, par exemple, corps et chambres professionnelles, et surtout en luttant efficacement contre la corruption, devrait permettre d'améliorer la productivité et la performance des entreprises existantes. Ø Renforcer les systèmes bancaires Un système bancaire fort, efficace et stable est un préalable non seulement pour un secteur privé robuste mais aussi et surtout pour un marché boursier efficient et dynamique. Plusieurs actions concrètes, comme l'harmonisation de la réglementation, l'élimination des distorsions, la réduction des coefficients de réserves obligatoires, et le développement d'autres institutions non bancaires, pourraient permettre d'accélérer le renforcement du secteur bancaire. Ø Pour assurer l'intégration monétaire africaine, il faudrait déjà mettre en place les trois institutions financières envisagées41(*) avec pour objectif de parvenir, vers les années 2020, à une monnaie commune continentale. - Améliorer les structures organisationnelles de marchés boursières Accélérer le développement interne Les gestionnaires/administrateurs des bourses africaines devraient sans tarder mettre en place des conditions qui faciliteraient l'accès des entreprises (et des investisseurs) aux marchés des capitaux. Certaines de ces conditions sont : Ø L'élimination, des restrictions qui entravent la libre circulation des capitaux sur ces marchés Ø La mise en place de systèmes et de standards efficaces de collecte et de dissémination d'information de qualité sur les activités et opérations boursières. Ø Financer les nombreux investissements de petites et moyennes entreprises comporte des risques. L'Afrique aura donc besoin d'acteurs financiers rompus aux investissements de capital-risque. Les banques commerciales n'ayant ni les compétences ni l'appétit pour ce type de prêts risqués, il est important que les banques centrales africaines s'efforcent de développer ce secteur. -S'atteler sérieusement à l'intégration régionale des marchés boursiers est un autre important aspect de nos recommandations Ø Regrouper les 20 bourses du continent en quatre ou cinq bourses régionales, serait à notre sens l'idéal. En se régionalisant à travers le regroupant de leurs ressources, les marchés embryonnaires et fragmentés africains pourraient accroître leurs liquidités et leurs capacités à mobiliser des capitaux locaux et transfrontaliers, diversifier leurs risques, accroître leurs compétitivités, diminuer leurs coûts de transactions, améliorer leurs rendements et accélérer leur intégration au système financier international. Bien sûr, cela prendre du temps, une dose de courage politique et la mise au placard du chauvinisme pour arriver à donner le plein potentiel aux projets de régionalisation des bourses africaines. Mais, pour concurrencer réellement les autres marchés émergents qui attirent de gros capitaux étrangers, comme les bourses latino-américaines par exemple, les bourses africaines n'auront pas le choix que de grossir et d'offrir une variété d'instruments financiers convaincants. Se regrouper serait le meilleur moyen pour y arriver. Accélérer le processus d'intégration régionale des marchés boursiers africains et de l'ASEAN afin d'avoir une taille critique comme Euronex. * 41 La Banque Centrale Africaine (BCA) à installer au Nigeria, la Banque Africaine d'Investissement (BAI) en Libye et le Fonds Monétaire Africain (FMA) au Cameroun. |
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