Figure 2: Sens de la relation
entre marchés financiers et croissance économique

Source : Construit par l'auteur
à partir de Belkacem et al. (2007)
Après avoir analysé les travaux empiriques
défendant la présence d'une relation linéaire entre le
développement financier et la croissance, voyons, dans ce qui suit, ce
que disent les études appliquées remettant en question une telle
linéarité.
II.3.3. Les
études sur les effets de seuil dans la relation entre le
développement boursier et la croissance économique
En effet, si pour certains économistes l'impact du
développement boursier sur la croissance est fonction du niveau de
développement économique (Deidda et Fattouh (2002), Rioja et
Valev (2004a), Gaytan et Ranciere (2004), Fung (2009)...), pour d'autres, il
dépend plutôt du degré de développement financier
(Berthelemy et Varoudakis (1996), Rioja et Valev (2004b), Aghion et al. (2004,
2005) ... ou du niveau de l'inflation domestique (Rousseau et Wachtel (2002),
Rousseau et Yilmazkuday (2009), Huang et al. (2010), Yilmazkuday (2011)...).
Dans ce qui suit, nous mettons l'accent sur quelques-unes des plus importantes
études sur les effets de seuil.
a. Le degré de
développement boursier comme variable de seuil
Berthelemy et Varoudakis (1996) sont parmi les premiers
auteurs à reconnaître l'importance du niveau de
développement boursier dans la détermination de sa contribution
à la croissance économique. Les résultats obtenus sur un
échantillon de 95 pays entre 1960 et 1995 montrent que le
développement boursier n'affecte significativement et positivement la
croissance qu'à-partir d'un certain seuil. Selon ces auteurs, en
présence d'un faible niveau initial de développement boursier et
de développement éducatif (taux de scolarisation secondaire
inférieur à 6 %), les pays se retrouvent dans un piège de
pauvreté où ils ne bénéficient ni des effets
favorables du développement boursier, ni de ceux de l'accumulation du
capital humain.
Pour la même période d'analyse (1960 - 1995) et
un groupe moins large de pays (71 pays), Aghion et al. (2004)
décèlent des résultats en contradiction avec ceux de
Berthelemy et Varoudakis (1996). Plus en détails, ces auteurs arrivent
à la conclusion selon laquelle l'effet du développement boursier
sur la croissance de long terme est d'autant plus favorable que le degré
de développement boursier est modeste. Cet effet tend, au contraire,
à s'annuler pour des niveaux moyens et élevés de
développement boursier.
D'autres travaux à l'instar de Khan et Senhadji (2003)
confirment les résultats d'Aghion et al. (2004). A l'aide d'estimations
faites sur un panel de 159 pays entre 1960 et 1999, Khan et Senhadji (2003)
montrent la présence d'une relation en U inversée entre le
développement boursier et la croissance économique.
Minier (2003) montre que le développement boursier est
corrélé positivement et significativement avec la croissance dans
les pays à forte capitalisation boursière. Son effet est
toutefois inverse ou non significatif dans les pays à faible
capitalisation boursière.
Rioja et Valev (2004b) montrent finalement qu'en
présence de systèmes financiers faiblement
développés, le développement boursier exerce un effet
ambigu sur la croissance qui diffère selon la catégorie
d'indicateurs de développement boursier utilisés.
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