b. Le niveau de
développement économique comme variable de seuil
Deidda et Fattouh (2002) testent la présence d'effets
de seuil entre le développement boursier et la croissance en liaison
avec le niveau de revenu par habitant. D'après les résultats
détectés, le développement boursier ne semble pas avoir
d'impact sur la croissance dans les pays à faible revenu. Il
s'avère, au contraire, prometteur de croissance dans les pays à
revenu élevé et dans les pays à revenu
intermédiaire.
A l'inverse de Deidda et Fattouh (2002), les résultats
des estimations de Rioja et Valev (2004a) montrent la présence d'un
effet significativement positif du développement boursier sur la
croissance du PIB réel et ce, quel que soit le niveau de
développement économique atteint (qu'il soit faible, moyen ou
élevé). Cet effet semble toutefois être plus fort dans les
pays les plus avancés (niveau de revenu par habitant supérieur
à 2490 dollars soit 1344600 FCFA).
La croissance de l'effet favorable du développement
boursier avec le niveau de richesse est également mise en
évidence par Durham (2002). Sur la base d'estimations sur données
de panel relatives à 64 pays entre 1981 et 1998, cet auteur montre que
l'impact significativement positif de la liquidité boursière sur
la croissance de long terme est d'autant plus important que le niveau du PIB
par habitant est élevé, que le système légal
domestique est développé et que le risque crédit du pays
est faible.
Les précédentes conclusions contredisent la
prédiction de la théorie économique selon laquelle,
au-delà d'un certain seuil de développement économique,
les rendements décroissants réduisent la contribution du
développement boursier à la croissance (voir section 2). Cette
hypothèse est néanmoins validée empiriquement par Gaytan
et Ranciere (2004).
Demetriades et Law (2004) appuient les conclusions de Gaytan
et Ranciere (2004) pour un panel moins large de 72 pays entre 1978 et 2000. Ils
mettent aussi en évidence l'importance du niveau de développement
institutionnel dans la détermination du lien entre l'approfondissement
boursier et la croissance. Ils montrent que, dans les pays pauvres, le faible
niveau de développement institutionnel annule toutes retombées
positives du développement boursier sur la croissance. La contribution
du développement boursier à la croissance est, par ailleurs,
beaucoup plus importante dans les économies à revenu moyen que
dans celles à revenu élevé et ce, conformément aux
résultats de Gaytan et Ranciere (2004). Cette contribution parait,
toutefois, d'autant plus importante que la qualité des institutions
domestiques au sein de ces économies (à revenu moyen) est
meilleure.
Dans un travail plus récent, Fung (2009) teste la
présence d'effets de seuil entre le développement boursier et la
croissance moyennant des données de panel relatives à 57 pays
développés et en développement sur la période 1967
- 2001. Son étude conduit à deux résultats
intéressants. En premier lieu, le développement boursier et la
croissance économique ont une interaction d'autant plus forte que le
pays se situe à un stade précoce de développement
économique. La relation tend à s'affaiblir au fur et à
mesure que le degré de développement économique s'accroit.
En second lieu, il existe des trappes à pauvreté liées
à un niveau initial trop bas de développement boursier, niveau
interdisant toute perspective de convergence en termes de croissance
économique.
Bien que la théorie sur la relation entre le
développement boursier et la croissance fut initiée dans les
années 60, la littérature empirique n'a connu un essor
considérable qu'à partir des années 90, date à
laquelle les travaux inauguraux de King et Levine (1993 a et b) ont vu le jour.
L'évidence empirique sur la relation linéaire entre le
développement boursier et la croissance se montre non concluante. La
majorité des investigations empiriques analysées défend
l'existence d'un lien linéaire croissant entre les deux variables (King
et Levine (1993a), Levine et Zervos (1998b), Rousseau et Wachtel (2000), etc.).
Certains auteurs mettent néanmoins en doute la solidité d'un tel
résultat et échouent à déceler une relation
significativement favorable et robuste entre les indicateurs de
développement financier et la croissance (Rousseau et Wachtel (2002),
Ben Naceur et Ghazouani (2007), etc.). Un des arguments avancés par la
littérature pour justifier l'écart entre les prévisions
théoriques et les conclusions empiriques fait référence
à la présence d'effets de seuil (de non linéarités)
dans la connexion finance - croissance (De Gregorio et Guidotti (1995),
Berthelemy et Varoudakis (1996), Deidda et Fattouh (2002), etc.)
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