1.5. LES EFFETS MACROECONOMIQUES DE L'EDUCATION
1.5.1. Education et Croissance
Les travaux de Denison constituent le point de départ
de la réflexion s'attachant à mesurer la contribution de
l'éducation à la croissance économique des USA, Denison a
réalisé en 1962 la première tentative de mesure de cette
contribution pour les USA sur la période 1910 - 1960. Il était
question de montrer que la croissance des facteurs de production traditionnels
(capital et travail) n'explique pas en totalité le taux de croissance de
l'économie.
Globalement, nous pouvons affirmer que l'éducation est
un ensemble des facteurs favorables aux processus de croissance.
En premier lieu, l'éducation améliore la
productivité des individus et permet donc à l'économie de
disposer d'une main - d'oeuvre qualifiée adaptée à la
technique croissance qui accompagne toujours le développement
économique. Etant donné que la croissance implique un
renouvellement des techniques de production, celles-ci ne peuvent être
mises en application que lorsqu'il existe des hommes suffisamment
qualifiés, adaptables, mobiles et capables d'assimiler ces
évolutions. Ils pourront l'être s'ils ont un niveau
d'éducation élevé.
L'éducation engendre aussi un `'état d'esprit»
favorable.
Elle modifie les valeurs individuelles et peut créer
des attitudes de désir de réussite, de compétition, de
recherche du progrès, évidemment favorable au
développement économique.15
Enfin, l'éducation joue aussi un rôle fondamental
du côté de la demande sans laquelle toute croissance est
illusoire. Un haut niveau d'éducation débouche en effet sur des
revenus très élevés qui
15 P. GRAVOT, Economie de l'éducation,
éd. Economica, paris, 1993, p.178
L'Impact des dépenses publiques e n Education sur l
a croissance E c o n o m i q u e e n R D C d e 1 9 8 0 à 2 0 1 2
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16 P. GRAVOT, Idem, p. 178
permettront d'alimenter la demande des biens et services
(ainsi qu'une capacité d'épargne nécessaire pour financer
l'investissement).16
1.5.2. Education et les Grands Equilibres
Les grands équilibres sont définis à quatre
niveaux :
1. L'emploi : l'éducation est un
élément favorable à la diminution du chômage par le
fait qu'elle favorise les innovations technologiques, la croissance
économique, l'adaptabilité de la main- d'oeuvre aux
inévitables évolutions liées au développement
économique, et cette adaptabilité sera, meilleure si la politique
éducative a le souci de pendre en compte les besoins de main- d'oeuvre
de l'économie pour ajuster le système éducatif de
façon cohérente.
2. Les prix : l'impact de l'éducation sur les
prix est double. Il génère, à certains égards, des
pressions inflationnistes. Cela s'explique par les dépenses publiques
croissantes (dont les effets positifs ne se font pas sentir qu'après un
délai assez long) qu'engendre le développement du système
éducatif et qui pèsent sur les finances publiques.
Cela s'explique aussi par les risques de contagion que peut
créer l'augmentation des salaires de la main - d'oeuvre qualifiée
sur les salaires des autres catégories des travailleurs. A l'inverse, le
développement de l'éducation exerce des effets
anti-inflationnistes bénéfiques en créant des gains de
productivité dont on sait qu'ils sont la meilleure arme contre les
dérapages de paix.
3. Les finances publiques : l'éducation
pèse nécessairement sur les finances publiques d'autant plus que
les pouvoirs publics, face à une demande croissante des familles, mais
aussi face aux besoins croissants de main - d'oeuvre qualifiée, doivent
engager des sommes de plus en plus importantes dans ce domaine.
Mais cette `'dérive» des dépenses publiques
est compensée à terme par une augmentation quasi - automatique
des recettes fiscales par le fait que les rentrées liées à
la fiscalité directe sont abondantes dans la mesure où
l'augmentation du niveau de l'éducation engendre
L'Impact des dépenses publiques e n Education sur l
a croissance E c o n o m i q u e e n R D C d e 1 9 8 0 à 2 0 1 2
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17 P. GRAVOT, op.cit., p.183
une augmentation du revenu et dans la mesure où le
système fiscal l'imposition progresse.
4. La balance des paiements : ce dernier grand
équilibre concerne les relations économiques internationales ;
les relations sont des types commercial et financier.
L'impact de l'éducation sur les relations commerciales
est une évidence largement développée par la
théorie du commerce international. Etant donné que la structure
du commerce internationale est déterminée par celle de la main -
d'oeuvre liée à celle du système éducatif et
à la politique éducative même dans chaque pays.
On peut donc dire que l'éducation joue, une fois de
plus, un rôle déterminant dans le commerce international.
Pour ce qui concerne les mouvements internationaux des
capitaux, la relation avec l'éducation est par contre moins
évidente. On n'admettra sans difficulté qu'un niveau
d'éducation élevé constitue un élément
favorable pour la gestion efficace d'un portefeuille, d'une trésorerie
et pour une plus grande rationalité dans les décisions
d'investissements. De là à conclure que le solde de la balance
des capitaux s'en trouvera automatiquement améliorée, il y a un
pas qu'on ne saura franchir tant que ce solde résulte des facteurs
multiples et aléatoires.17
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