Section 2 - Synthèse des entretiens
La finalité de cette étude de terrain
était de répondre à notre hypothèse de
départ, le tutorat est un mode approprié de transmission de la
culture d'entreprise et des savoirs organisationnels. La méthode de
recherche que nous avons utilisée a permis aux personnes
interrogées de s'exprimer librement sans toutefois déborder du
sujet contenu dans le questionnaire.
Nous tenons à poser ici les limites de notre
enquête. Nous ne sommes pas des chercheurs et les conditions de ce
travail ne nous ont pas permis de réaliser une étude approfondie.
Ainsi, nous sommes conscients que le nombre de personnes interrogées est
insuffisant pour que ces résultats aient un caractère
scientifique. Par ailleurs, la position hiérarchique de
l'enquêteur dans l'entreprise a pu altérer les réponses des
personnes interrogées.
I - VALIDATION DE L'HYPOTHESE
L'éclairage théorique de notre première
partie nous a permis de faire une corrélation entre les concepts de
transmission de la culture d'entreprise et des savoirs organisationnels avec
les situations décrites dans la pratique de tutorat de la Maison de
Retraite. Nous avons vu que le concept de tutorat d'entreprise est
récent et qu'il y a très peu de références en la
matière. Toutefois, nous avons pu mettre en évidence un certain
nombre de caractères indispensables à la réussite de cette
démarche que nous avons comparé avec les observations issues de
nos entretiens. Nous sommes en mesure de formuler les conclusions
suivantes :
Sur l'évaluation des pré-requis pour
l'entreprise
Nos résultats confirment que les pré-requis que
nous avions posés pour l'entreprise sont présents. Les valeurs
affichées et le projet d'entreprise sont cohérents avec la
pratique et les tuteurs les connaissent bien. Le style de management est
adapté car il facilite la coopération.
Sur l'évaluation des outils
La première condition de réussite du tutorat
tenant au choix du tuteur est partiellement remplie. Si les tuteurs ont les
qualités personnelles requises nous avons pointé un certain
nombre de cas où il y avait une absence de contact permanent. La cause
est une impossibilité d'articuler leur planning de travail par manque de
Ressources humaines. Il est à noter que certains tuteurs s'en
accommodent en s'organisant, d'autres pas. Nous avons également un doute
sur le volontariat de tous les tuteurs. Mais nous pouvons avancer qu'ils se
sentent valorisés et reconnus par cette fonction. La question de la
reconnaissance par la rémunération n'a pas été
abordée par les tuteurs interrogées (il n'y avait pas de question
sur ce sujet).
La deuxième condition tenant au projet d'entreprise est
remplie. Les réponses recueillies nous autorisent à
énoncer que tous les acteurs de l'entreprise sont partie prenante du
tutorat. Ce qui nous a le plus frappé, c'est qu'il y a toujours des
relais qui pallient spontanément aux carences. Le tutorat est une
démarche dynamique. De plus, il est ressorti que la formation et la
boîte à outil du tutorat aident les tuteurs à se structurer
et mettre en pratique les différentes étapes. L'accueil du
premier jour, qui est l'étape la plus importante nécessiterait
une organisation différente. La dernière étape de
l'évaluation est considérée comme difficile pour certains
d'entre eux.
Sur l'évaluation du
transfert
Nous avons vu en pratique que certains savoirs comme
l'histoire ou les procédures, sont transmis facilement par des documents
écrits. En revanche, les valeurs, les compétences, les routines
et les savoirs organisationnels ne peuvent être transmis que lors des
contacts permanents, au travers des situations, des gestes, des comportements
et des explications du tuteur . Or, ce temps est de l'ordre de 2 à 3
jours. Pour les compétences techniques et les routines, c'est suffisant.
La personne sera apte à travailler toute seule. Mais pour certaines
valeurs, pour les compétences comportementales ou relationnelles, c'est
trop peu ; par exemple, la connaissance des habitudes de la personne
âgée, la coopération, le travail d'équipe, le
management.
Dans ces conditions de temps, le transfert n'est
réalisable que si le tutoré a déjà des valeurs
personnelles assez proches, une expérience antérieure similaire,
une réelle motivation, une capacité d'accommodation et
d'adaptation rapide. Ce profil est donc recherché au niveau de la phase
du recrutement mais pour certaines qualifications comme Infirmier(ère)
ou aide-soignant (e) qui sont des métiers en pénurie, le choix
reste limité.
Au regard des résultats de cette enquête et
malgré les freins que nous venons de citer nous soutenons que notre
hypothèse " le tutorat est un mode approprié de transmission de
la culture d'entreprise et des savoirs organisationnels" est validée.
Afin d'améliorer le système, pour la phase
d'extension de l'Etablissement, et le recrutement de personnel en C.D.I nous
avons recherché quelques pistes d'action.
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