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L'anticipation des risques d'inexécution du contrat.

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par gilles quinones
Université Montpellier I - Master 2 Droit de la distribution et des contrats dà¢â‚¬â„¢affaires 2014
  

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§2: Le maintien d'une approche traditionnelle

L'admission du principe de confiance légitime, et subsidiairement, la reconnaissance de la résolution anticipée pour perte de confiance légitime, ne saurait s'opposer au maintien d'une approche à la fois libérale (A) et morale (B) du lien contractuel.

A\ L'approche libérale du lien contractuel préservée

Le droit français des contrats repose partiellement sur une conception individualiste et ce faisant, libérale. Le dogme de l'autonomie de la volonté traduit en effet l'idée selon laquelle "l'homme est le meilleur législateur de ses intérêts", participant ainsi à l'idée selon laquelle la "richesse des nations" proviendrait de la somme des passions individuelles203, la prospérité de l'économie étant guidé par une célèbre "main invisible"204. On peut donc s'évertuer à affirmer que si l'autonomie de la volonté est avant tout un principe philosophique, elle poursuit un intérêt pragmatique. Le pouvoir donné à la volonté se justifie notamment par l'efficacité qui en résulterait sur l'économie de marché.

Force est toutefois de constater que le principe de confiance légitime, pour sa part, poursuit un objectif de même envergure. Si cette dernière constitue le socle du droit anglo-saxon des contrats, qui nous ne pouvons l'ignorer, est imprégné d'une conception fortement libérale, c'est en raison du fait que la "reliance" possède des qualités de flexibilité et

202. Voir supra p.67

203. MANDEVILLE, La fable des abeilles, 1714

204. Adam SMITH, La richesse des nations, 1776

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d'efficacité économique indéniables. La confiance légitime procède d'une vision libérale du contrat et d'une conception assouplie du lien contractuel. Ce dernier peut résulter de tout "élément extérieur observable"205 ayant eu pour effet de susciter une croyance légitime. De même, le lien contractuel peut disparaître en fonction de toute apparence extérieure ayant entraîné une perte légitime de confiance. Il en résulte une réduction drastique du formalisme contraignant actuellement imposé en droit interne. Enfin, "le juge n'aura plus à sonder les hypothétiques volontés internes des parties"206. La création, tout comme la disparition de liens contractuels n'en est que plus aisée. Cette nouvelle vision nuance la portée du pouvoir de la volonté mais n'altère en rien le concept même. Comme a effectivement pu le faire remarquer Pascal Lokiec, "le concept de volonté est suffisamment riche pour autoriser une conception volontariste du contrat qui ne soit pas la simple traduction de la théorie de l'autonomie de la volonté"207. La volonté subjective laisse toutefois place à la "volonté apparente"208, soit une apparence de volonté découlant notamment du comportement du débiteur.

On peut par ailleurs noter que la faculté laissée au créancier de résoudre unilatéralement un contrat pour perte de confiance légitime, mais aussi plus globalement, en présence d'un risque d'inexécution se justifie aisément par l'affirmation selon laquelle "l'homme est le meilleur législateur de ses intérêts" qui est une idée libérale justificatrice de la théorie de l'autonomie de la volonté. Le créancier est évidemment le mieux placé pour apprécier avec le plus d'exactitude si un risque manifeste d'inexécution ou un comportement exécutoire déloyal est caractérisé.

L'admission de la résolution anticipée pour "perte de confiance" et plus globalement, du principe de confiance légitime, n'entraînerait donc pas un bouleversement majeur de la vision libérale que les rédacteurs du code civil ont porté sur le droit des contrats. Mieux encore, elle n'altère en rien la "conception volontariste du contrat"209. Il convient toutefois de rappeler que ces derniers n'ont pas seulement pris en compte le dogme de l'autonomie de la volonté. Les préceptes moraux du droit canonique ont en effet exercé une influence, bien plus importante encore, sur les rédacteurs du code civil210.

205. V. EDEL, La confiance en droit des contrats, Thèse Montpellier I, 2006, p.212

206. V. EDEL, La confiance en droit des contrats, Thèse Montpellier I, 2006, p.212

207. Pascal LOKIEC, Le droit des contrats et la protection des attentes, Recueil Dalloz 2007, p.321

208. Ph. MALAURIE, L. Aynès et Ph. Stoffel-Munck, Les obligations, 4e éd, Defrénois, 2009, p.368, n°749

209. Pascal LOKIEC, Le droit des contrats et la protection des attentes, Recueil Dalloz 2007, p.321

210. F. TERRE, P. SIMLER, Y. LEQUETTE, Les obligations, Dalloz, 2013

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus