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L'anticipation des risques d'inexécution du contrat.

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par gilles quinones
Université Montpellier I - Master 2 Droit de la distribution et des contrats dà¢â‚¬â„¢affaires 2014
  

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B\ Admission des modes d'anticipation et reconnaissance du principe de confiance légitime

L'admission de ces deux mécanismes donnerait un argument de poids pour inviter le législateur a reconnaître le principe de confiance légitime en droit positif. L'exemple de la résolution anticipée dévoile en effet l'importance de l'une des nombreuses composantes de la bonne foi contractuelle188: la confiance légitime. Cette dernière, pourrait, à partir de cette

186. Voir infra, p.82

187. Article 1150 du code civil: "Le débiteur n'est tenu que des dommages et intérêts qui ont été prévus ou qu'on a pu prévoir lors du contrat, lorsque ce n'est point par son dol que l'obligation n'est point exécutée."

188. La doctrine est cependant divisée sur ce point. À l'inverse de M Vanwijck-Alexandre, Alexis Albarian estime que si il existe certains points de convergence entre la doctrine solidarisme et le fidéisme contractuel, ce dernier ne s'appuie aucunement sur la notion de bonne foi. Pour cet auteur, la confiance légitime est une notion autonome. Pour notre part, il nous semble pour les raisons précédemment évoquées (voir supra, p.68) que la notion de confiance légitime devrait être rattachée à celle de bonne foi. On peut également noter pour appuyer notre argumentation que le droit romain ne dissociait pas les concepts de bonne foi et de confiance: E. Chevreau, Y. Mausen et C. Bouglé affirment en effet que la déesse fides constituait "la personnification divine de la bonne

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application exemplaire en matière de résolution anticipée, devenir l'un des piliers du droit des contrats et constituer une alternative de taille au principe de l'autonomie de la volonté que certains auteurs n'hésitent pas à qualifier de "pseudo-philosophie impraticable"189.

Admettre que la confiance du créancier puisse être trahie et fonder la mise en oeuvre d'une résolution anticipée reviendrait à reconnaître que le contrat repose sur un lien de confiance. La vision traditionnelle du contrat reposant sur la puissance de la volonté pourrait alors être remise en cause. Partant, admettre que le créancier puisse résoudre le contrat en raison d'une perte de confiance revient à fonder la résolution anticipée sur une apparence extérieure190: le comportement exécutoire du débiteur. Cette vision s'écarte radicalement du principe d'autonomie de la volonté qui commanderait que seul la volonté puisse défaire ce qu'elle a créé. On peut donc raisonner a contrario et affirmer que si des obligations contractuelles peuvent disparaître en raison d'une perte de confiance, elles peuvent également naître d'un gain de confiance et non d'une simple volonté de s'engager. On retrouve ainsi la thèse des fidéistes selon laquelle "l'attitude, le comportement d'une personne, ses qualités particulières, ainsi que la nature des relations qui l'unissent à son partenaire, peuvent être le fondement d'une confiance qui oblige de façon autonome celui qui l'inspire". Ce qui compte, ce n'est pas le fait qu'un contractant ait voulu s'engager mais la croyance légitime que son comportement aura suscité chez l'autre partie. De cette croyance légitime naît alors un lien de confiance qui engage le débiteur.

L'application de la résolution anticipée du contrat pour perte de confiance met ainsi en évidence la fragilité de la théorie de l'autonomie de la volonté. Si la rupture du lien de confiance peut justifier la résolution du contrat, la création d'un tel lien peut a contrario donner naissance au contrat. L'importance du principe de confiance légitime met en évidence l'idée selon laquelle la volonté en elle même n'a aucun pouvoir. C'est la confiance qu'elle aura légitimement suscité chez le cocontractant qui engendrerait des effets juridiques.

foi, de la confiance qui doit présider aux conventions publiques des peuples et aux transactions privées entre individus". Les auteurs mettent ainsi en avant l'idée de "réciprocité" bienveillante devant régner entre les cocontractants, à savoir, un lien de confiance impliquant un comportement de bonne foi de part et d'autre. (Emmanuel CHEVREAU, Yves MAUSEN, Claire BOUGLE, Introduction historique au droit des obligations, Litec, Paris, 2007, p.65)

189. G. ROUHETTE, Contribution à l'étude critique de la notion de contrat, Thèse Paris 1965, p.411

190. Ce qui n'est pas le cas de la résolution pour inexécution classique où cette dernière est avérée et judiciairement validée.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry