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Déterminants de la volatilité du prix des produits agricoles dans la ville de Bukavu. Cas du riz et du mais de janvier 2005 à  décembre 2013.

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par Denis LUHIRIRI
Université Catholique de Bukavu (UCB) - Licence 2013
  

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Introduction

La volatilité, est l'une des particularités des marchés agricoles provoquée par des chocs inattendus et aggravés en cas de faible élasticité de l'offre et de la demande par rapport aux prix (FAO et OCDE, 2011). Elle peut conduire à des crises alimentaires mondiales (HLPE et CSA, 2011).

La Banque mondiale (2009), a proposé une représentation sur un siècle des crises faisant état de quatre flambées des prix des produits de base depuis la première guerre mondiale: 1915 -1917, 1950-1957, 1973-1974 et 2003-2008.En particulier entre 2007 et 2008, les études attribuent ces mouvements des hausses aux facteurs liés à la demande tel que le taux de croissance économique et le facteur du côté de l'offre comme le désinvestissement dans l'agriculture (Abbott et Borot de Battisti, 2009; Gilbert; 2010; Gilbert et Morgan, 2010 ; Ederer, Heumesser et Staritz, 2013).

D'autres facteurs comme le biocarburant, le changement climatique, les mouvements de l'offre mondiale de la monnaie, du taux de change, du prix du pétrole, la spéculation et la hausse du prix de l'énergie expliquent également cette hausse(FAO et OCDE, 2011 ; HLPE et CSA, 2011 ; Huchet-Bourdon, 2011 ; Dönmez et Magrini, 2013). En 2007, l'indice international de prix des produits alimentaires a augmenté de près de 40%, comparé à 9% en 2006 et 50% pour les seuls trois premiers mois de 2008 (Braun et al. 2008). En juin 2008, les prix des produits alimentaires de base sur les marchés internationaux ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis 30 ans (FAO, 2009).

Cette hausse a été accompagné par une baisse pendent la période 2009 et mi-2010 (FAO, 2011), suivi d'une hausse durant 11 mois expliquée par la baisse du niveau des stocks et de la production des denrées en 2011(FAO et OCDE, 2011). L'indice FAO des prix des produits alimentaires atteignait 234 points en juin 2011, soit 39% de plus qu'en juin 2010 et a chuté à son niveau le plus bas en octobre où il s'établit à 216 point (CIDESE, 2012 ; HLPE et CSA, 2011).Cet indice est relativement stable en 2013 où le niveau bas est observé en novembres'établissantà 206,3 à un niveau inférieur de 9,5 points à sa valeur de novembre 2012 (FAO et PAM, 2013).

Ces fortes volatilités des prix semblent entrainer des conséquences néfastes pour les producteurs, les consommateurs et également pour les Etats surtout ceux en développement (Aziz, 2012 ; Balcombe, 2009 ; Huchet-Bourdon, 2011). Celles-ci sont d'autant plus aigües que les producteurs disposent de systèmes de production peu intensifiés, que les consommateurs sont pauvres et que les Etats disposent de moyens limités pour les gérer (Aziz, 2012).

Pour les producteurs,ellescréent une incertitude sur les prix auxquels ils vendront leurs produits ou achèteront leurs intrants, rendant les prix des produits variables et les investissements difficiles (Huchet-Bourdon, 2011). Pour un pays, la volatilité peut rendre l'organisation de la production plus difficile et modifier la position des échanges commerciaux(Balcombe, 2009).

La volatilité des prix des denrées alimentaires constitue le problème le plus grave auquel le monde a été confronté en 45 ans et est qualifiée de « tsunami silencieux» menaçant ainsi 100 million de personnes supplémentaires de ne plus pouvoir manger à leur faim (PAM, 2009).

Les fluctuations des prix des produits agricoles renforcent des situations d'insécurité alimentaire pour les ménages (Temple et Dury, 2003). Cela est dû au fait que les paysans pauvres1(*) ne disposent généralement pas d'un capital suffisant pour faire face à de tels aléas.Ce qui peut les amener à prendre des décisions d'investissement inadaptées et compromettre leur production sur le long terme (Kamgnia, 2009 ; Aziz, 2012).

La crise alimentaire de 2007-2008 a placé le problème de la volatilité des prix au centre des débats politiques et plusieurs gouvernements ont tenté de réguler les prix des produits alimentaires(Aziz, 2012; Elodie, 2012). Ces tentatives ont boosté la turbulence des marchés domestiques plutôt que de les stabiliser (Elodie, Le Cotty et Jayne, 2012). Ceci s'explique par le fait que ces tentatives n'ont pas intégré les sources de la volatilité des prix des produits alimentaires2(*)(Tangermann, 2011).

Le contrôle des prix des aliments est difficile, car il prend en compte un certain nombre des facteurs structurelset externesà la demande et à l'offre qui sont impliqués dans la formation du prix3(*) (Elodie, 2012).

L'Afrique ne demeure pas neutre à ces phénomènes des volatilitéscar les politiques d'ajustement structurel misent en place vers les années 19704(*), contribuent au large désinvestissement dans l'agriculture. Au cours des dernières années, les dépenses publiques affectées à l'agriculture ont été réduites à 7% en moyenne dans les pays en développement, et à un niveau encore inférieur en Afrique (FAO, 2010). En outre, la part de l'aide publique au développement destinée à l'agriculture a baissé de 18% en 1979 à peine plus de 3% durant ces dernières années (CNUCED, 2010).

Pour ce qui est de la RDC, le taux d'inflation se situe à 15,5% contre une cible de 17% fixé dans le cadre du programme économique du gouvernement(BCC, 2011).Taux atteint grâce à la coordination des politiques conjoncturelles ayant permis de contenir les pressions inflationnistes liées à l'envolée des prix mondiaux des produits alimentaires et pétroliers (BCC, 2011).Du fait de la forte dépendance du pays à l'exportation de produits primaires, de la faiblesse de la monnaie et de la forte consommation de pétrole et de gaz par la population ; l'instabilité des prix des produits alimentaires et leur hausse tendancielle, exposent la population congolaise au risque de la faim (DSCRP, 2011).

Il est donc légitime de s'intéresser de plus près aux questions de la volatilité des prix agricoles et alimentaires. Ainsi, quels seraient les facteurs justifiants la volatilité des prix des produits agricoles à court terme et quelles seraient les mesures à mettre en place pour avoir la stabilité à long terme ?

Les prix alimentaires sont influencés par des facteurs de la demande et d'offre tels que les anticipations des offreurs sur les prix, les exportations de produits alimentaires,les variations climatiques, le coût du transport, les festivités de fin d'année, la masse monétaire,le moment de la récolte, les produits agricoles importés, l'évolution de la population et le taux de change.

Ce travail vise à analyser les déterminants de la volatilité des prix des produits alimentaires de base afin de faire face aux éventuelles conséquences et à une volatilité future. La démarche de cette étude consiste à s'interroger sur les facteurs qui expliquent le comportement des prix réels des produits alimentaires dans la RDC en prenant pour étude de cas la ville de Bukavu.

Il s'agira spécifiquement donc d'étudier la dynamique des prix des céréales dans la ville de Bukavu pour une période allant de janvier 2005 à décembre 2013. Le but n'est pas de trouver un modèle parfait de formation des prix mais de représenter les principaux aspects de la dynamique des prix.

Pour affirmer ou infirmer nos hypothèses et afin d'estimer les paramètres, nous allons utiliser le modèle ARCH.

Outre l'introduction et la conclusion, ce travail est subdivisé en trois parties. La première aborde la revue de littérature, la deuxième se focalise sur la méthodologie tandis que la dernière se focalise sur la présentation et l'interprétation des résultats.

Chapitre premier Revue de la littérature

Ce chapitre sera subdivisé en deux sections : la première porte sur la revue théorique et la seconde sur la revue empirique.

I.1. Revue théorique

Dans cette section, nous allons définir le terme volatilité et donner quelques facteurs de la volatilité de prix des produits agricoles.

I.1.1. Variabilité et volatilité : définitions

La volatilité mesure l'ampleuret la rapidité5(*)del'évolutions du prix d'un actif (Alioune, 2011).

La variabilité des prix ne constitue pas un problème majeur lorsque les fluctuations sont progressives et prévisibles parce que liées aux fondamentaux du marché6(*). En revanche, lorsqu'elles sont de grandes amplitudes, très fréquentes ou qu'elles se produisent soudainement et essentiellement dans une direction, elles constituent (les fluctuations) la volatilité qui est un problèmesérieux (Balcombe, 2011).

La volatilité des prix se définit comme un mouvement à la hausse ou à la baisse au cours d'une période donnée et ce mouvement peut être voisin de zéro ou devenir plus important7(*) (HLPE, 2011).

La variabilité et la volatilité des prix constituent des aspects clé du risque prix pour les participants au marché (Aziz, 2012). La variabilité des prix résulte des mouvements des prix suite à des variations de la demande ou de l'offre et englobe les différentes formes de changement des prix, quel que soit leur fréquence et cela est mesurable (Piot-Lepetit et Mbarek, 2011) ; tandis que la volatilité des prix, survient suite à des chocs et représente la partie des prix non expliquée, donc non prévisible(Aziz, 2012).

La volatilité des prix est considérée comme étant «des variations d'une ampleur et d'une fréquence qui deviennent problématiques car ne peuvent être anticipées et «outrepassent lacapacité d'adaptation des producteurs et des consommateurs» (OCDE et FAO, 2011).

La volatilité des prix désigne donc l'instabilité à forte amplitude d'unevariable économique dans le temps dont le caractère imprévisible des fluctuations empêche la formation d'anticipations correctes, favorisela déconnexion du prix des fondamentaux du marché (Nahoua, 2012).

La variabilité et la volatilité s'observent dans le temps et dans l'espace. Il existerait un lien de causalité entre les variabilités (ou les volatilités) spatiale et temporelle des prix en ce sens que la première peut renforcer la seconde car l'absence ou la lenteur de la transmission des prix des zones de production vers les zones de consommation peut occasionner une variabilité (ou une volatilité) saisonnière accrue des prix, notamment dans les zones non productives et déficitaires (Aziz, 2012).

Des études établissent une distinction entre volatilité normale et volatilité extrême, d'autres, la qualifiant également de bonne ou de mauvaise (Prakash, 2011). Toutefois, cette distinction n'est pas facile à faire. Aucune mesure simple n'est applicable dans toutes les situations. De plus, le fait que la volatilité extrême soit définie par rapport au degré de vulnérabilité signifie qu'il n'existe pas de critère ni de seuil universel permettant de la caractériser.

En dehors des effets de la volatilité des prix agricoles et alimentaires, le caractère « normal » de la volatilité des prix s'apprécie en mesurant le rapport entre les variations de prix et ce qu'il est convenu d'appeler les « fondamentaux du marché 8(*)». Parfois aussi, on parle de volatilité excessive » pour qualifier une variation de prix qui ne peut s'expliquer a priori par un changement de l'offre ou de la demande. Cette imprécision intrinsèque expose toute évaluation de la volatilité à d'interminables controverses, comme l'illustrent les débats actuels autour du rôle de la spéculation dans la formation des prix et de sa responsabilité dans l'installation d'une volatilité excessive. Il n'est guère aisé d'établir un cadre de référence permettant de mesurer les degrés de volatilité normale ou excessive (HLPE, 2011).

Huchet-Bourdon(2011) distingue deux types de volatilité. La volatilité historique basée sur les observations de prix du passés montrant comment était la volatilité des prix dans le passé,  et la volatilité future.

La théorie économique soutient que la fluctuation des prix des actifs est un phénomène normal est souhaitable car cela traduit le bon fonctionnement du marché concurrentiel ; seulement, il ne faudrait pas que ces fluctuations soient imprévisibles et sujettes à de fortes oscillations sur une longue période (Alioune, 2011). Prakash (2011) nous rappelle un postulat fondamental en économie: « Le principe essentiel qui régit le système des prix veut que, lorsqu'un produit donné se fait rare, son prix augmente, ce qui imprime une tendance à la baisse de sa consommation et marque une progression des investissements dans sa production ». Une certaine volatilité est donc essentielle au bon fonctionnement des marchés.

Il n'est donc pas possible de prévoir l'ampleur future de la volatilité des prix par contre on peut définir les facteurs sous-jacents pour que les Etats et la communauté internationale puissent s'y préparer.

* 1 Pour les ménages riches l'effet revenu les rend relativement insensible à la volatilité.

* 2 Connaitre l'origine permet de mettre en place une politique appropriée afin de réduire la volatilité. Ainsi par exemple si la volatilité est due à une faible production on pourrait accorder de subvention agricole ou réduire les barrières tarifaires pour accroitre l'offre par l'intermédiaire des importations ce qui peut atténue cette volatilité des prix. On peut également jouer sur le taux de change en le dépréciant pour accroitre la compétitivité en réduisant le prix. De ce fait la volatilité doit être prise en compte dans les politiques macroéconomique.

* 3Comme facteur structurel liés à l'offre on peut citer l'investissement, et le taux de change du côté de la demande ; le facteur externe du côté de l'offre on peut avoir les variations climatiques et du côté de la demande on peut avoir le revenu.

* 4 Durant ces périodes la libéralisation de l'agriculture conduit à la baisse de la production agricole suite ont producteurs européens subventionnés pratiquant le dumping. Cette baisse de la production entraine une hausse des importations ce qui a conduit à la volatilité de prix.

* 5L'ampleur est mesurée par la variation d'une période à une autre. La rapidité fait allusion à l'incertitude c'est à dire aux variations imprévisibles.

* 6 Les variations classiques du prix sont attribuables aux variations de l'offre et de la demande.

* 7Les mouvements des prix proche de zéro constitue une faible volatilité qui n'est d'autre que de la variabilité et ceux important constitue une forte volatilité.

* 8Les variations de l'offre et de la demande.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery