Section 2 : Leviers techniques d'optimisation
I. Souscription des risques de pointe et des nouveaux
risques La notion de risque de pointe peut être
appréciée sous deux angles :
· La taille : les valeurs assurées sont
très importantes, bien au-delà des capacités en
réassurance offertes par le marché
· La nature : activités à haut risque,
garanties spécifiques
La majorité de ces risques dispose de polices
d'assurance sur mesure avec des clauses bien spécifiques au secteur
d'activité ainsi que des dispositions relatives au financement des
projets, habituellement en langue anglaise. En général, que ce
soit pour les projets faisant l'objet de financements internationaux ou en
raison de la devise utilisée dans certains marchés financiers, le
contrat est libellé en une monnaie « forte », souvent le
dollar américain.
Ce type de risque fait très souvent appel à de
la capacité « étrangère ». Cette
délocalisation est bien souvent le résultat de
l'incapacité du marché à fournir une solution
appropriée, conforme aux besoins des clients. Pour assurer ce type de
risques, en plus de la nécessité de forte capacité de
réassurance, il convient de disposer également de
compétences techniques. Des aptitudes en souscription de risque ainsi
qu'en gestion de sinistres sont indispensables. Des experts compétents
en visite de risque et des avocats spécialisés sont aussi
essentiels.
L'expertise d'un ingénieur-souscripteur
confirmé permet de réaliser la visite et l'évaluation des
risques ; cet expert participe aussi à la politique de prévention
et protection de l'assuré à travers des recommandations et des
conseils. La maîtrise de ces éléments permet à
l'assureur d'améliorer la qualité de ses prestations envers les
assurés, son portefeuille et ses résultats. Pour le
réassureur, il s'agit de rehausser son label qualité et sa force
commerciale.
Les risques liés à la garantie violences
politiques & terrorisme (terrorisme & sabotage, GEMP43,
risque de guerre, autres violences politiques) ne sont pas garantis dans les
polices dommages habituelles et constituent des niches de croissance à
explorer. Les navires de commerce, qui appartiennent en général
à des armateurs étrangers, sont assurés en dehors
43 Grèves Emeutes Mouvements Populaires
IIA - 22ème Promotion DESS-A
Mémoire de fin de formation Novembre 2016
« L'apport d'un réassureur dans le
développement de l'industrie de l'assurance en zone CIMA : cas de la
SCG-Ré » page 89
Igor MBA ONDO
des pays de la CIMA. La micro-assurance, l'assurance
agricole, l'assurance financière et la garantie perte emplois
constituent également des gisements d'opportunités
conséquents .11 s'agit souvent de risques « extrêmes
», caractérisés par une faible fréquence et une
forte sévérité. Le manque de statistiques fiables et la
méconnaissance de ses risques attisent la frilosité des assureurs
CIMA pour développer ses produits, pourtant une demande croissante
existe.
Des solutions à travers la coopération entre
Etats tout comme entre réassureurs permettra de densifier les
capacités offertes sur le continent, de développer le
portefeuille des assureurs, des réassureurs locaux et d'accentuer
progressivement la « relocalisation » des assurances des
grands risques. Les pools africains d'aviation et risques pétroliers,
à l'instar de celui de la société de réassurance
AFRICA Re ainsi que celui de l'ARC44,
spécialisé dans la gestion efficace des risques climatiques sur
le continent africain, peuvent constituer des partenaires crédibles dans
la diversification du portefeuille de la SCG-Ré.
II. Apport actuariel : outil d'aide à la
décision et assistance technique
Les compagnies d'assurances élaborent des techniques
de marketing pour vendre davantage de contrats d'assurance. Ces contrats
génèrent des engagements de différents types, un passif
croissant qui s'étalent dans la durée. Pour réussir sa
gestion, l'assureur est aussi tenu de respecter des considérations
techniques et financières, notamment la constitution de provisions, la
détermination d'une tarification, le respect de la réglementation
du secteur d'activité. La nécessité d'un meilleur suivi du
respect des engagements vis-à-vis des clients est donc primordiale pour
l'assureur tout comme le réassureur.
L'actuariat est le lien qui transmet les avancées des
mathématiques et de l'informatique au service des besoins pratiques des
assureurs, des institutions financières et des investisseurs
institutionnels. Il permet au réassureur (ou l'assureur) d'optimiser sa
capacité à honorer ses engagements. Il aide également dans
ce cas à appréhender les évènements auxquels lui et
ses assurés sont confrontés, du fait de la mutation de
l'environnement socioéconomique, des changements de comportements des
populations, de l'évolution de la structure tarifaire, de la
modification de la politique de souscription. Il intervient aussi dans la
conception et l'adaptation des nouveaux produits d'assurance, la
détermination du «réel »
44 African Risk Capacity
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développement de l'industrie de l'assurance en zone CIMA : cas de la
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besoin en réassurance, le processus
d'évaluation des risques, la surveillance du portefeuille (primes,
sinistres), l'établissement d'études et de reportings. Cette aide
à la décision définit les conditions de rentabilité
et de pérennité des produits et de l'entreprise.
Il apparaît donc évident que l'actuariat va
permettre de faire émerger l'africanisation des produits d'assurance et
l'acquisition des standards internationaux, éléments cruciaux
dans le développement de l'industrie des assurances. Cet apport va
impulser un plus grand attrait des cédantes auprès du
réassureur SCG-Ré.
La compagnie de réassurance va ainsi tisser son
leadership technique. En interne, cette initiative est un puissant outil d'aide
à la décision et en externe, il profite aux
sociétés d'assurance dans le conseil et l'assistance technique.
Cette initiative louable rattachée à l'activité
opérationnelle et décisionnelle nécessite un pilotage
conséquent en moyens techniques et humains. Ce processus de leadership
et de développement n'affranchit pas le réassureur de la bonne
gestion et du suivi de son programme de rétrocession.
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