CHAPITRE II:FACTEURS D'OPTIMISATION DU REASSUREUR
SCG-Ré
Fort de son expérience accumulée durant ses 4
premiers exercices annuels et de son développement à
l'international, la SCG-Ré améliore de manière continue
son leadership et son expertise. Il s'agit d'un processus sur le court et le
long terme, en tenant compte des impératifs du régulateur CIMA,
de la forte concurrence entre les réassureurs et de l'exigence de plus
en plus forte des assureurs. Dans la perspective de répondre aux
défis et aux objectifs futurs auxquels la jeune institution de
réassurance sera confrontée, un bilan d'activité est
nécessaire autant que l'optimisation des processus qui concourent
à la performance de cette société.
L'optimisation des processus consiste à
améliorer les façons de faire de chacun des processus de
l'organisation ou de l'entreprise. Cette optimisation peut se faire par
étalonnage concurrentiel, c'est-à-dire une analyse comparative
des processus entre organisations, ou par une analyse diagnostique de la
performance des processus de l'organisation. Les méthodes d'optimisation
des processus ne peuvent se réaliser avec succès sans une
approche qui tient compte de la dimension humaine, qui assure la
continuité de la démarche et qui facilite l'innovation.
L'optimisation est un terme générique qui peut
être associée à plusieurs domaines notamment la
fiscalité, la finance, l'informatique, les mathématiques,
l'économie. La préoccupation est d'agir de la meilleure
façon possible qu'il soit, de donner aux objectifs suivis les meilleures
conditions d'utilisation, de fonctionnement et de rendement.
Dans le cas précis de la SCG-Ré, notre ambition
sera de dresser les éléments par lesquels l'activité de la
jeune institution de réassurance peut être « optimale
» sur le plan national comme international, et par conséquent
son apport en zone CIMA et hors-CIMA. Dans cet ultime chapitre, notre
démarche sera d'établir également une «
heuristique » sachant que dans le cas d'une solution optimale, il
est nécessaire de réaliser une démonstration
théorique, d'éprouver la méthode à l'aide de
plusieurs cas pratiques, ce qui n'est point l'objet ici.
Au sens général, une heuristique est une
méthode de calcul qui fournit rapidement une solution réelle, pas
nécessairement optimale ou exacte, pour un problème
d'optimisation. Cette méthode a pour but de trouver une solution
réalisable, tenant compte de la fonction économique mais sans
garantie d'optimalité On oppose les méthodes approchées
aux méthodes exactes qui trouvent toujours l'optimum à des
échelles de temps différents.
IIA - 22ème Promotion DESS-A
Mémoire de fin de formation Novembre 2016
« L'apport d'un réassureur dans le
développement de l'industrie de l'assurance en zone CIMA : cas de la
SCG-Ré » page 82
Igor MBA ONDO
Dans la section à venir, il va s'agir de
s'intéresser aux leviers financiers et techniques par lesquels
l'activité du réassureur peut tendre à être
optimale.
Section 1 : Leviers financiers d'optimisation
Cette partie traite des fonds propres, de la solvabilité
et de la politique d'investissement.
I. Mesure du niveau de fonds propres suffisants
Au vu de l'importance des fonds propres pour l'assureur tout
comme le réassureur, il importe donc qu'il puisse mesurer ou
déterminer le niveau de fonds propres suffisants pour l'exercice et la
pérennité de leurs activités. Une littérature
abondante ainsi qu'une floraison de méthodes existent, qui
différent selon le types d'outils mathématiques et informatiques
utilisées, la réglementation en cours et les orientations du top
management.
D Méthode liée au chiffre d'affaire
prévisionnels
Dans cette méthode, nous prenons un échantillon
de sociétés de réassurance africaine qui se compose soit
de réassureurs ayant leur siège social en zone CIMA, soit de
réassureurs africains dont la date de création est
inférieure à 10 ans en 2014, à l'exception des
réassureurs sud-africains. L'idée étant que des
sociétés similaires présentent des caractéristiques
voisines et sont donc comparables.
A l'issue d'une régression linéaire, en tenant
compte du chiffre d'affaire, nous déterminons le niveau de fonds propres
suffisant et nécessaire.
Un modèle de régression linéaire est un
modèle d'une variable expliquée sur une ou plusieurs variables
explicatives dans lequel on fait l'hypothèse que la fonction qui relie
la variables explicative, le chiffre d'affaire, à la variable
expliquée, les fonds propres, est linéaire dans ses
paramètres.
Nous étudierons deux cas :
- Premier cas : hypothèse _taux de croissance
annuel du chiffre d'affaire : 4 %
- Deuxième cas : hypothèse_taux de
croissance annuel du chiffre d'affaire : 10 %
« L'apport d'un réassureur dans le
développement de l'industrie de l'assurance en zone CIMA : cas de la
SCG-Ré » page 83
Igor MBA ONDO
Graphique 47 - Droite de régression des fonds
propres en fonction du chiffre d'affaire
y = 1,0983x - 6E+06
Ri = 0,8171
.5...0'
I I'.
I I
I I
I I
I I
I I
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70
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50
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LL
10
0
IIA - 22ème Promotion DESS-A
Mémoire de fin de formation Novembre 2016
0 10 20 30 40 50 60
Millions USD
Chiffres d'Affaires (CA
Cas 1 (en millions F CFA)
|
année
|
chiffre d'affaires (CA)
|
fonds propres
|
2018
|
16 158
|
17 477
|
2020
|
17 741
|
19 189
|
Cas 2 (en millions F CFA)
|
année
|
chiffre d'affaires (CA)
|
fonds propres (FP)
|
2018
|
19 120
|
23 135
|
2020
|
20 993
|
25 403
|
Avec une croissance annuelle à 4 %, le chiffre
d'affaire avoisinant les 17,741 milliards F CFA en 2020 recommande de
détenir des fonds propres de 19,189 milliards FCFA. Pour une croissance
annuelle de 10 %, en 2020 le chiffre d'affaire atteint 20,993 milliards F CFA
et préconise de posséder des fonds propres de 25,403 milliards F
CFA.
La difficulté et l'incertitude de ce
procédé résident dans le choix de l'échantillon et
des hypothèses (variation annuelle du chiffre d'affaire) qui vont
influencer la valeur des fonds propres. Néanmoins, bien qu'imparfaite,
il s'agit d'une méthode rationnelle, numérique et actualisable
chaque année. Elle privilégie davantage le contexte actuel et les
réalités d'un marché que des concepts théoriques
forts et des modèles robustes éprouvés.
21 Méthode liée au capital social
Pour cette méthode, l'échantillon est restreint
aux réassureurs présents et originaires sur le marché
CIMA. Ce choix se justifie par la circulaire du régulateur CIMA imposant
aux sociétés de réassurance de disposer d'un capital
social minimum de 10 Milliards de F CFA dans un délai de 5 ans, à
compter de 2014.
Nous réalisons toujours une régression
linéaire, mais cette fois avec le capital social en lieu et place du
chiffre d'affaire dans le but de déterminer la valeur des fonds
propres.
70
60
50
a C
LL 40 tri
éû ~
ô 30
a
20
LL
10
« L'apport d'un réassureur dans le
développement de l'industrie de l'assurance en zone CIMA : cas de la
SCG-Ré » page 84
Igor MBA ONDO
Graphique 48 - Droite de régression du
capital social en fonction des fonds propres
I171
I
,4e' ·
|
II
I
I I
|
y = 1,8649x - 8E+06
Ri = 0,9844 I I
I I
/ I
I I
/ I
/ I
I I
I /
I I
/ I
I I
/ I
I I
I I
|
5 10 15 20 25 30 35 40
Millions USD Capital Social (CS)
Modèle
|
Capital Social (CS)
|
Fonds Propres (FP)
|
Linéaire
|
10 000 000 000 F CFA
|
18 641 000 000 F CFA
|
Avec un capital social de 10 milliards F CFA, les fonds
propres estimés sont de 18,641 milliards F CFA. Un apport
conséquent des actionnaires de même qu'un report de
bénéfices sont nécessaires et indispensables à
hauteur de 9 milliards F CFA pour obtenir un niveau de fonds propres suffisant
équivalent à 19 milliards. Cette action est propice à un
développement sain et une sécurité avérée de
l'entreprise.
D Méthode liée au coefficient de
sécurité
FP=f3Vi6(X)-npE(X)
Dans la troisième méthode, nous
déterminons les fonds propres à partir du coefficient de
sécurité suivant la formule suivante :
· FP
· n . P
· R
· a(X)
n E (X)
désigne les fonds propres
désigne le nombre de contrats
désigne le chargement de sécurité
désigne le coefficient de sécurité de
l'assureur
désigne l'écart-type de la charge annuelle
aléatoire des prestations
désigne l'espérance de la charge annuelle
aléatoire des prestations
IIA - 22ème Promotion DESS-A
Mémoire de fin de formation
Novembre 2016
Hypothèses
|
CAS 1
|
CAS 2
|
CAS 3
|
n
|
500
|
500
|
350
|
p
|
1,50 %
|
1,50 %
|
1,50 %
|
f3
|
3,7
|
3,7
|
3,7
|
6(X)
|
500 000 000
|
625 000 000
|
500 000 000
|
E(X)
|
4 000 000 000
|
4 000 000 000
|
4 000 000 000
|
Résultat
|
FP
|
11 367 257 584
|
21 709 071 980
|
13 610 330 828
|
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« L'apport d'un réassureur dans le
développement de l'industrie de l'assurance en zone CIMA : cas de la
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Igor MBA ONDO
Les fonds propres sont autant dépendants de la
variation annuelle des prestations (sinistres) ainsi que selon la taille du
portefeuille (nombre de contrats). Ainsi, dans notre exemple au cas 2, les
fonds propres sont évalués à 21,709 milliards au cas en
raison de la forte valeur de l'écart-type de la charge annuelle
aléatoire de prestations. Dans le cas 3, la taille du portefeuille moins
importante réduit le besoin en fonds propres qui est estimé
à 13,610 milliards.
Les fonds propres sont importants dans l'activité du
réassureur (tout comme l'assureur) et donc sa gestion se
révèle délicat car dépendant de plusieurs facteurs
et acteurs (employés, dirigeants, actionnaires). D'autres
méthodes beaucoup plus complexes et faisant intervenir d'autres
paramètres existent. Hormis les fonds propres, la gestion de la
solvabilité est un élément crucial pour l'entreprise et
participe pleinement à l'optimisation de son activité.
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