Analyse perspective de la mise en place de la titrisation des créances et prêts bancaires en république démocratique du Congo.( Télécharger le fichier original )par Laurent Luaba Université Pédagogique Nationale - Licence 2015 |
6. Le système bancaire congolais est privé d'un marché boursier.Le marché boursier constitue un puissant instrument de mobilisation de l'épargne. Proprement protégé contre la pure spéculation, les délits d'initié, les manipulations de l'opinion et divers coups fourrés, un marché financier rend à l'économie de bien meilleurs services qu'il ne l'expose aux désavantages et aléas. Il agit en trois sens : 6.1. davantage qu'une simple législation, l'existence d'un marché boursier constitue un appel puissant à l'harmonisation des normes de gestion pour toutes les entreprises désireuses d'emprunter, à temps et à contretemps, sur une plate-forme plus large et anonyme des épargnants ; la création d'une telle institution a pour conséquence une extensionmaximale du marché financier ; 6.2. l'ingénierie financière diversifie et « modernise » sans limites des produits financiers et des titres qui les couvrent, offrant ainsi, aux prêteurs comme aux emprunteurs, une palette de plus en plus large des produits adaptés à aux diverses situations et aux diverses contraintes ; 6.3. les encaisses de spéculation détenues en liquidités dans les tirelires au domicile des particuliers sont remplacées par des portefeuilles-titres : en conséquence, la bancarisation et la monnaie scripturale sont en progrès, diminuant significativement les aléas et les à-coups auxquels la circulation fiduciaire classique accule l'économie du pays ; par ailleurs, un coup de fouet est donné à l'actionnariat national qui se met ainsi en place. Le marché boursier a certes de multiples inconvénients et débouche de temps en temps sur des dérives aux conséquences économiques et sociales incalculables, à l'instar de la crise récente des subprimes aux États-Unis. Mais il y va des marchés boursiers comme il y va des grandes surfaces dans le commerce des biens de grande consommation : on y commet chaque jour toutes sortes de larcins, mais les avantages liés à la masse des transactions, à la fluidité des échanges et aux gains de temps demeurent irrésistibles. À preuve, il existe un marché boursier à Shanghai, comme il en existe (à peu de choses près) à New-York ! Le Congo possède des atouts importants pour créer une bourse des valeurs sur son immense territoire, à commencer par les titres couvrant le portefeuille de l'État et des entreprises publiques dans divers secteurs d'exploitation des ressources naturelles (mines, domaines fonciers, patrimoines fonciers, gaz et hydrocarbures, etc.). Mais l'innovation n'est souvent acceptée qu'avec le dos contre le mur : l'humanité va au progrès en marchant à reculons ! Le rapport financier de la Banque Mondiale nous voyons que, le système bancaire est très rétréci, avec un actif total du secteur qui représente environ 10% du PIB en 2006, en dessous de la moyenne de 25% des pays d'Afrique subsaharienne et le crédit total accordé au secteur privé est aussi modeste par rapport à la moyenne des pays d'ASS à 3% du PIB (en 2006) en RDC contre 12,3% pour l'ASS. De plus, environ 90% des prêts sont faits à court terme, couvrant de paiements de découverts, de fond de roulement et de lettres de crédit. Aussi, la couverture financière et de crédit est exclusivement urbaine et est limitée géographiquement, avec seulement quelques branches en dehors de Kinshasa, dans des villes comme Matadi, Lubumbashi, Goma et Bukavu.74(*) Nous présentons l'évolution des dépôts dans le circuit bancaire de la RDC, dans le tableau ci-dessous Tableau4. Evolution des dépôts dans le système bancaire congolais
Source : rapport annuel de la BCC 2013 Commentaire : Il ressort de cetableau que les dépôts effectués surtout en monnaie nationale sont trop faibles, etsurtout dans les secteurs public ; d'où les privées ne travaillent que pour leurs pays.Dans le cas de la RDC où les IDE dominent dans l'économie, cela ne peut pas orienter le pays au développement.D'où la nécessité de la mise en place d'une bourse de valeurs, ou d'un marché financier qui pourra garantir un développement durable surtout pour les nouveaux investisseurs. Bref l'épargne n'est pas abondante dans la structure financière congolaise. Il en résulte des difficultés énormes d'accès au financement. Le financement à long terme est quasi-inexistant et la création et le développement des activités des firmes congolaises, particulièrement les PME, sont confrontées à une problématique sempiternelle d'accès au crédit Eu égard à ce qui précède nous affirmons que la titrisation pourrait être une alternative indispensable pour le développement et du refinancement des institutions financière congolaise, afin de relever le niveau de crédit à long terme, et cela aura pour conséquence de stimuler les investissements intérieur du pays. Des atouts existent sans nombre, déjà à partir de la position patrimoniale de l'État dans la vaste économie extractive. Il faut créer, soutenir et encadrer une classe moyenne d'affaires nationale par une politique de préférence nationale ; protéger l'expertise et la main-d'oeuvre nationales sans se priver de précieux apports de l'extérieur ; et créer une bourse des valeurs, fût-ce au départ des titres liés aux activités extractives actuelles. Le pays en sortirait avec une base plus large d'enracinement, de capitalisation et de modernisation de son système financier et surtout par le truchement de la securitization (titrisation en traduction française) des créances et prêt bancaires. En ce qui concerne les banques : le faible coût des dépôts à vue par rapport aux certificats de dépôts, la surliquidité du système bancaire, le respect des normes prudentielles pour obtenir l'agrément. De plus, les banques exerçant dans notre circuit bancaire du fait des opérations qu'elles effectuent, n'ont pas un volume important d'emplois à moyen et long terme. Elles arrivent à assurer leur rentabilité avec des ressources à court terme. Enfin, les TCN constituant une alternative au crédit bancaire, ils peuvent se traduire pour les banques par une baisse du niveau des crédits et donc du produit net bancaire. La liquidité abondante du système bancaire permet aux banques d'être « hors Banque Centrale » sans pour autant réussir à satisfaire les besoins à moyen ou long terme des entreprises de la République Démocratique du Congo, plus particulièrement des PME-PMI qui sont porteuses de croissance durable.
* 74 Banque Mondiale, La résilience d'un géant africain : Synthèse, contexte historique et macroéconomique, Médiaspaul, Kinshasa, p, 185 |
|