I.3. Comment concilier diversification et
prévention des allergies alimentaires ?
Lorsque le nourrisson a dans sa famille (parents, fratrie),
des personnes souffrant d'allergie, il est souvent conseillé
d'introduire plus prudemment les aliments potentiellement allergisants
(poisson, oeuf, pâte d'arachide ou de noisettes, crustacés, fruits
exotiques...).
Toutefois, les études réalisées
jusqu'à présent dans le cadre de la prévention de
l'allergie n'ont pas montré d'intérêt de retarder
l'introduction des aliments allergisants au-delà d'un an. (23)
Par ailleurs, des hypothèses sont avancées qu'un
phénomène de tolérance peut se développer si ces
aliments sont présentés en très petites quantités
régulièrement.
Il n'est donc plus recommandé de retarder
l'introduction du poisson ou de l'oeuf car ces aliments présentent un
réel intérêt nutritionnel et font partie de l'alimentation
courante.
Pour les fruits exotiques (kiwi) et oléagineux (noix,
noisettes, arachides, pistaches) et pour les crustacés, qui n'ont pas
d'intérêt nutritionnel, on continue de préconiser le report
de leur introduction après l'âge de 1, voire de 3 ans.
I.4. Comment concilier la diversification alimentaire
et les recommandations nutritionnelles ?
L'introduction d'aliments ordinaires dans l'alimentation du
nourrisson peut conduire rapidement à des déséquilibres
nutritionnels.
C'est pourquoi une attention toute particulière devra
être portée aux composants des repas en termes de qualité
et de quantité a?n de respecter recommandations nutritionnelles.
1. Les matières grasses
Pour permettre au nourrisson de consommer la quantité
d'énergie nécessaire à sa croissance (50% des besoins de
l'adulte) dans un volume adapté à son poids (< 10% du poids de
l'adulte) et à sa capacité gastrique (< 50% de celle de
l'adulte), la ration doit être riche en lipides.
C'est pourquoi, le nourrisson allaité reçoit
#177; 50% de ses apports énergétiques totaux sous forme de
lipides, il en va de même pour le bébé nourri avec un lait
pour nourrissons.
Tableau n°1: Ventilation de l'énergie
pourcentuelle répartie entre les protéines, lipides et glucides
en fonction de l'âge.
NUTRIMENTS
|
AGE < 6-4 MOIS
|
AGE DE 5-6 à 1 AN
|
AGE > 2 ANS
|
Protéines
Lipides
Glucides
|
10%
50%
40%
|
10%
45%
45%
|
10%
35%
55%
|
(23)
Le nourrisson en âge de diversification a encore besoin
de 45% de ses apports énergétiques totaux (AET) sous forme de
lipides.
C'est pourquoi les repas proposés lors de la
diversification doivent contenir suffisamment de matières grasses.
Les fruits, pommes de terre et légumes sont
naturellement pauvres en lipides ; la
viande, le poisson et éventuellement l'oeuf en
contiennent de 2 à 15 g pour 100g.
Les enquêtes alimentaires menées chez des
nourrissons en âge de diversification montrent que les consommations de
lipides sont très inférieures (25 à 30% de AET) aux
recommandations. Il est donc nécessaire d'ajouter, dès
l'introduction des légumes, 10 à 15 g de matières grasses.
L'huile de colza et de soja apportent les quantités souhaitables d'acide
linoléique et acide á linolénique avec une bonne
répartition entre les acides gras saturés, mono insaturés
et polyinsaturés.
Le conseil pourrait être de varier les sources d'huile
(colza, soja, maïs, olive, beurre...) a?n de rencontrer au mieux les
besoins en différents acides gras.
2. La viande et les produits laitiers
Il est primordial de contrôler l'apport en
protéines en limitant les quantités de viande et en proposant
au-delà de un an l'introduction des produits laitiers autres que les
préparations de suite.
L'apport de viande ne doit pas excéder 30g à
l'âge de 1 an. La viande peut être remplacée par la
même quantité de poisson ou d'oeuf.
3. Les céréales et les
biscuits
L'excès d'apport énergétique peut
être évité en limitant les volumes ingérés
par les bébés gloutons et en supprimant l'enrichissement avec des
céréales ou biscuits.
Les farines ne sont pas nécessaires dans l'alimentation
du nourrisson. En effet, un apport de 140 à 160 ml/kg/jour d'un lait
adapté pour l'âge suffit à couvrir les besoins. La farine
est donc un apport énergétique et protéique inutile, dans
la plupart des cas.
A partir de 8 mois, certains enfants préfèrent
manger à la cuillère ou ne sont plus rassasiés par le
volume recommandé.
Dans ce cas, on peut proposer des bouillies à base du
lait du bébé épaissi avec une farine instantanée,
non lactée et de préférence non sucrée. Les
biscuits sont déconseillés, ils sont riches en protéines,
calories, saccharose, graisses saturées et trans.
4. Le sel
L'immaturité et la fonction rénale
empêchent les très jeunes nourrissons d'excréter un
excédent de sodium.
Il n'est pas judicieux d'habituer le nourrisson au goût
du sel car cela pourrait l'inciter à consommer des aliments salés
responsables d'hypertension à l'âge adulte. (24).
Le sodium présent naturellement dans les aliments
suffit amplement à couvrir les besoins physiologiques.
5. Le sucre et les produits sucrés
L'apprentissage du goût se fait dès le plus jeune
âge. La familiarisation avec le goût sucré au cours de la
première année de vie risque de conduire à des habitudes
alimentaires préjudiciables ultérieurement
(obésité, caries...). C'est pourquoi, il faut éviter
d'habituer les nourrissons à consommer des produits sucrés tels
que sirop de fruits (grenadine), jus de fruits, biscuits...
Tableau n°2 : Les Apports protéiques
conseillés pour les enfants de la naissance jusqu'à 6
mois.
Age
(mois)
|
Maintenance
g/kg/jour
|
Gain protéique
g/kg/jour
|
Besoins
moyens
g/kg/jour
|
Apports
nutritionnels
conseillés
g/kg/jour
|
1
2
3
4
6
|
0.58
0.58
0.58
0.58
0.58
|
0.83
0.65
0.55
0.49
0.40
|
1.41
1.23
1.13
1.07
0.98
|
1.77
1.50
1.36
1.24
1.14
|
(24)
|