1.1.2.2. Replacer le sujet dans son contexte
Pour situer un peu mieux ce qu'est la connaissance, il nous
faut la replacer sur une échelle de valeurs permettant de mieux la
différencier des autres termes s'y rapprochant. Appelé «
spectre » ou « pyramide » du savoir, le schéma ci-contre
donne une première vue claire et synthétique de ce dont nous
allons parler tout au long de ce mémoire. Ainsi, la donnée
constitue la base de l'échelle. C'est une notion « factuelle,
neutre, objective, souvent unitaire et autonome »21. Par
exemple : « 1650 MégaWatt ». C'est factuel et cela ne porte
pas de sens. L'information est quant à elle marquée
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Figure 1 - La pyramide du savoir
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par la subjectivité de son émetteur, car elle
regroupe plusieurs données pour leur donner un sens avec un objectif
précis. Ainsi : « Les réacteurs de troisième
génération ont une puissance de 1650 MW ». En
intégrant une donnée dans un contexte et en lui donnant un sens,
nous créons de l'information. Enfin, la connaissance est
l'interprétation cognitive d'une masse d'informations. La personne qui
la détient la modifie et la fait évoluer en fonction de ses
nouveaux besoins. En accumulant des données, nous créons de
l'information. En accumulant des informations, nous les intégrons dans
un contexte et nous leur donnons un sens grâce à
21 Brice Mallié, Transformer le savoir en
profit - Enjeux et bénéfices du knowledge management,
Village Mondial, Pearson Education France, Paris, 2003, p.27
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Première partie - Apprivoiser la connaissance
nos capacités cognitives. Nous transformons ainsi les
informations en une connaissance La connaissance contient ainsi de
l'information ayant un sens et un contexte particulier.
Il y a alors plusieurs types de connaissance. En 1966, Polanyi
ou encore Nonaka et Takeuchi en 1995 (experts en Knowledge Management)
distinguent deux types de connaissances : celles qui sont tacites et celles
explicites.
Les connaissances explicites sont celles qui ont
été formalisées sous forme de textes, vidéos, sons
ou images. Elles peuvent être facilement transmises d'un individu
à un autre. Les données qui la composent sont clairement
identifiables. Ce sont en quelque sorte des connaissances « conscientes
» comme, par exemple, lorsqu'un expert crée un document pour
démontrer la résistante d'un matériau. Ces connaissances,
si elles sont bien organisées, peuvent être stockées et
réutilisées pendant plusieurs dizaines d'années. Elles
sont rendues statiques. Certaines seront utiles dans un avenir proche par
l'expert lui-même ou par ses pairs. D'autres ne seront utiles que dans
10, 20 ou 30 ans du fait qu'elles ne peuvent être exploitées, par
exemple, en raison de la non-compatibilité d'un nouveau matériau
avec d'autres. Si un expert trouve une compatibilité possible dans 20
ans, alors le stockage de la connaissance aura été très
profitable. Son utilisation la rendra pendant un temps, non plus statique, mais
dynamique.
Les connaissances tacites sont celles qui sont les
plus difficiles à définir. Jean-François Ballay le
reconnait, la définition de la connaissance tacite « pose
même, à dire vrai, un sérieux problème
épistémologique, trop peu souligné »22.
Cependant, dans sa tentative de définition, l'auteur parle de «
connaissance incorporée »23. La connaissance tacite est
donc inhérente à un individu. Elle lui est indissociable et
regroupe ses aptitudes, habilités et intuitions. Elle est difficile
à traduire et fait souvent référence à une
situation particulière. Elle doit être remise dans son contexte.
Son transfert d'un individu à un autre n'est donc pas
réalisé de façon formelle. Elle se transmet
généralement dans l'action via des groupes de travail, des
communautés de savoir, car cela nécessite que les interlocuteurs
aient un niveau de connaissance relativement proche. Ce type de connaissance
est d'ailleurs souvent inconscient. L'expert lui-même qui transmet cette
connaissance de façon naturelle ne la reconnait pas
nécessairement comme telle. La connaissance est vivante. À ce
titre : « Sans cette conception
22 Jean-François Ballay, « Tous
managers du savoir ! La seule ressource qui prend de la valeur en la partageant
», Editions d'Organisation, 2002, p.18
23 Idem
vivante de la connaissance, il est impossible d'expliquer ce
qui se passe dans les situations professionnelles d'action, de communication,
de coopération, de décision, de production », nous dit
Jean-François Ballay.24
Pour appuyer cette vision, l'auteur précise que les
modalités de la connaissance doivent être vues sous deux angles :
une version statique et une autre dynamique. C'est d'ailleurs ce que nous
pouvons voir lorsque nous mettons en parallèle les connaissances
explicites (qui ont tendance à être stockées, tout du moins
inscrites sur un support et figées dans le temps et l'espace) et tacites
(sans cesse en mouvement, vues comme dynamique). La connaissance est donc soit
stockée soit dans un flux dynamique. Ces deux formes ne doivent pas
être sous-estimées.
La connaissance revêt ainsi plusieurs formes et se
définit comme le traitement cognitif dynamique d'une accumulation de
données ayant un sens dans un contexte précis.
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