2.4.1.1. L'identification des technologies critiques
chez EDF
Au sein d'EDF, le raisonnement n'est pas effectué en
termes de domaines et sous domaines de connaissance, mais suivant la «
capacité à maitriser une technologie ». L'entreprise
raisonne ainsi selon la maitrise d'une connaissance globale. Pour chaque
technologie, il existe un responsable qui identifie les collaborateurs
travaillant pour cette technologie avec leur niveau de maitrise de cette
dernière. Leur importance est évaluée selon trois niveaux.
Certains sont identifiés comme « non nécessaires à la
maitrise » de la technologie, car leurs
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Deuxième partie - Le transfert des connaissances sous
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connaissances sont « génériques »,
c'est-à-dire qu'elles peuvent être retrouvées
aisément sur le marché du travail. Le deuxième niveau
regroupe ceux dont le départ rendra difficile la maitrise de la
technologie. Il faudra environ 6 mois pour remettre une nouvelle personne au
niveau de connaissance nécessaire pour que la technologie soit
maitrisée. Enfin, le troisième niveau concerne ceux dont le
départ engendre la perte totale de la capacité de l'entreprise
à mettre en oeuvre la technologie50. Il faudra alors
plusieurs années pour reformer une personne afin de réunir les
conditions nécessaires à la maitrise et à la mise en
oeuvre de la technologie. Pour la majorité des technologies, il faut
plusieurs experts sur un ou plusieurs domaines de connaissance pour que
l'entreprise en ait sa maitrise. Par ailleurs, pour Stéphane Andrieux,
Directeur scientifique de la R&D, « l'essentiel pour l'entreprise est
de savoir transmettre ce qui ne s'apprend pas dans les livres ou hors d'elle
» parce que « la vraie transmission de l'expertise, ce n'est pas la
transmission des connaissances, mais la transmission de la culture
d'entreprise, de son expérience et de son patrimoine technique
»51. Par ce témoignage, EDF montre à quel point
la prise de recul et une vue globale sont importantes.
Cette vision par technologie permet alors d'identifier plus
rapidement les acteurs clés dans une société. La
connaissance collective priorise l'idée de pouvoir mettre en oeuvre une
technologie face aux connaissances individuelles qui sont improductives si
elles sont isolées. La direction d'une entreprise aura alors plus
d'incitation à investir dans un programme visant à conserver une
technologie, car elle en voit directement les enjeux. Le transfert des
connaissances des acteurs identifiés comme critiques aura alors plus de
probabilité d'aboutir, car les enjeux seront plus rapidement
identifiables.
En effet, l'objectif de l'entreprise est de répondre au
client par la maitrise de ses technologies nécessaires à la vente
de biens ou de services. La stratégie de l'entreprise est alors
directement en adéquation avec la nécessité de transfert
des connaissances. Le résultat reste le transfert de connaissances, mais
l'approche différente de la situation donne de meilleures
capacités d'action de la part des dirigeants. Une vision ainsi globale
semble plus profitable.
50 Comme nous l'avons vu, les domaines de
connaissance sont multiphysiques, ce qui signifie qu'une technologie
réunit plusieurs domaines de connaissance pour être mise en
oeuvre.
51 Stéphane Andrieux (Directeur scientifique
EDF R&D), Reconnaitre l'expertise, mais surtout mieux la
solliciter, Revue Générale Nucléaire, numéro 4
Etre un expert, Juillet-Août 2014, p.34-37
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