1.1.3. Le transfert des connaissances est capital pour
subsister
1.1.3.1. Approche théorique du processus de
transfert des connaissances
À ce propos, Nonaka et Takeuchi ont identifié
plusieurs flux de connaissances en distinguant l'explicite du tacite.
Désignés sous le sigle SECI ([Nonaka 2000]), les deux experts ont
identifié quatre mouvements : la socialisation, l'externalisation, la
combinaison et l'internalisation qui se résument dans le schéma
suivant :
Figure 3 : Le processus de capitalisation et de partage
des connaissances
Socialisation
Externalisation
Connaissances explicites
Connaissances tacites
Combinaison
Connaissances explicites
Connaissances tacites
Internalisation
Nous identifions ici deux méthodes pour
transférer des connaissances. La première est celle de la
socialisation. Jean-Louis Ermine, président de l'Association
pour la gestion des connaissances dans la société et les
organisations, parle de « transfert direct »28lorsqu'un
expert sénior forme un expert junior par un accompagnement. Le transfert
se fait lorsque le deuxième s'imprègne du premier. Ce processus
est aussi rencontré dans les réseaux, les différents types
de communautés ou encore les équipes projet. La deuxième
façon de transférer est le « transfert indirect
»29 décomposé en trois sous-processus.
L'externalisation est basée sur l'explicitation de la
connaissance. On externalise une connaissance qui était tacite pour
qu'elle devienne explicite et ainsi exploitable par d'autres. C'est le point de
rupture par lequel passe toute connaissance explicite. Il n'existe pas de
connaissance explicite avant qu'elle ne soit passée par le stade de
l'externalisation. Ce qui signifie que la connaissance tacite est à
l'origine de la connaissance explicite. Cette dernière a
été exprimée pour la première fois avec
l'arrivée du langage et des codes puis lors des premiers écrits.
Ce point est à retenir, car il est fondamental pour la suite du
mémoire. Il est cependant impossible d'expliciter toutes les
connaissances, car comme nous l'avons vu précédemment, certaines
d'entre elles sont totalement inhérentes aux personnes. Pour
externaliser une connaissance, on peut la transcrire sur un support. Cela ne
demande aucune méthode ni savoir-faire et peu de
28 Jean-Louis Ermine. Management et
ingénierie des connaissances. Modèles et méthodes.
Hermes-Lavoisier, 2008, p.20.
29 Idem
moyens. Cette méthode est donc simple et applicable par
un grand nombre d'individus. Une deuxième méthode consiste
à modéliser la connaissance via des codes et des langages
spécifiques demandant plus de ressources - comme des logiciels
informatiques - que la transcription simple. Cette méthode demande une
expertise dans le domaine de la gestion des connaissances pour être
pleinement appliquée. Le second processus de transfert indirect des
connaissances est celui de la combinaison. C'est ici que se
transmettent les connaissances explicitées sur un support (papier,
vidéo, audio, ...). Les principaux lieux de combinaison des
connaissances sont les intranets, les Sharepoints ou les disques réseau.
Le troisième sous processus est celui de l'appropriation. C'est
lorsqu'un individu acquiert une connaissance explicite qu'il la travaille pour
qu'elle devienne sienne. En quelque sorte, il code la connaissance pour pouvoir
résoudre les situations problématiques qu'il rencontre. Il
intègre la connaissance. On retrouve ce processus
généralement dans les formations ou dans les laboratoires dans
lesquels les scientifiques expérimentent un savoir théorique.
Dans son ouvrage sur l'ingénierie des
connaissances30, Jean-Louis Ermine met en avant le système
AIK (cf. Annexe 3 : Modèle systémique d'un Système de
Gestion des Compétences p.97)31. « À »
étant le réseau d'acteur dans l'entreprise, « I » le
système d'information et « K » le patrimoine de connaissance.
Ce système montre l'importance des flux de connaissances qui
résultent de l'interaction des acteurs avec le système
d'information au sein des entreprises. En effet, ces interactions créent
un patrimoine de connaissances (K) qui s'accumule chaque jour. K ne pourra
alors créer de la valeur que s'il revient vers A. Le flux de
connaissances est alors crucial. La connaissance est stérile si elle ne
circule pas. Sans flux de connaissances, pas de création de valeur.
C'est pourquoi tout au long de ce mémoire nous essaierons de nous
focaliser uniquement sur le processus de transfert des connaissances qui est
une pièce importante du puzzle de la gestion des connaissances.
30 Jean-Louis Ermine, Management et
ingénierie des connaissances. Modèles et méthodes.
Hermes-Lavoisier, Paris, 2008, 212p.
31 AIK : A = réseaux d'acteurs ; I =
Système d'information ; K = Le patrimoine de connaissance
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